En filigrane, le choix des oeuvres est un hommage aux plus grands castrats de l’ère baroque: Caffarelli, Farinnelli, Gaetano Majorano, Giovanni Bindi (il Porporino)… de ce dernier, la diva acrobatiquement huilée ose chanter l’air d’Oronta » Vedra turbato il mare... » de Mitridate, cascade et torrent de coloratoure et mélismes vertigineux, perchés toujours au plus haut des cieux triomphaux… air de victoire, de suprême joie et grandeur (mais là encore, l’épaisseur aproximative de l’orchestre n’est pas à la hauteur de la soprano prête à toutes les performances vocales).
Pyrotechnie et finesse vocales
L’Agrippina (air de Junon: » Tace l’augello « , 1708); L’Ifigenia in Aulide (air d’Achille, 1735, au programme de l’immense Farinelli, le morceau le plus long avec celui de Polifemo: plus de 9 mn!); de Porpora sans omettre l’ultime « bonus », l’air d’Arbace » Fra cento affanni e cento »… d’Artaserse de l’incontournable Hasse (1730) sont évidemment de superbes réalisations brillantes et pleinement assurées; même l’inusable Laschia ch’io pianga (air d’Almirena) de Rinaldo de Haendel (1711) résiste à l’asthénie sans couleurs ni intériorité de l’orchestre grâce seulement au chant direct et franc, naturellement ornementé de la soprano visiblement très inspirée par le texte … et la mélodie d’une simplicité suave ineffable.

Son dernier récital nous avait laissé tout juste conquis, celui-ci, plus audacieux, vocalement très homogène et stylistiquement abouti emporte l’adhésion. Dommage seulement que les instrumentistes de la phalange dont il faut vite oublier le nom, s’abstiennent de tout délire, toute intériorité, toute finesse. Parfois le fossé entre voix et orchestre est criant de… décalage. Une rupture souvent difficile à expliquer comme à supporter. Rien à dire cependant quant à l’aplomb de la diva aussi à l’aise devant le micro que lors de sa séances de photo d’un kitsch rarement atteint.
Simone Kermes, soprano. Dramma. Airs d’opéras deGiuseppe de Majo, Nicola Antonio Porpora, Lenonardo Leo, Johann Adolf Hasse, Georg Friedrich Haendel, Giovanni Batista Pergolesi… La Magnifica Communità. 1 cd Sony classical. Enregistré en janvier 2012.