lundi 5 mai 2025

Massenet Edition (23 cd Decca)

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Le coffret Massenet dont nous rêvions…
Massenet édition

23 cd Decca
Coffret spécial centenaire de la mort de Jules Massenet

Formidable compilation et quasi intégrale que seule une major de la taille (et de l’histoire donc du catalogue) d’Universal peut aujourd’hui réaliser.
Tour d’horizon. On en rêvait: Decca l’a fait! Pour souligner non sans raison le centenaire de Jules Massenet en 2012 (mort en 1912), voici le coffret que nous n’osions plus espérer. En plus de la quasi exhaustivité (certes il manque nombre d’opéras et oratorios méconnus ou plus célèbres tels Marie-Magdeleine, La Vierge, Ariane, Hérodiade, Bacchus, Roma, Cléopâtre ou Le Mage… entre autres: c’est dire la fécondité d’un auteur français immense qui reste encore à redécouvrir…): mais regrouper dans une même boîte Don Quichotte (Nicolai Ghiaurov), Esclarmonde (Joan Sutherland), Le Jongleur de Notre-Dame (Roberto Alagna), Manon (Beverly Sills), Le Roi de Lahore, Thaïs (René Fleming), Werther (José Carreras), et surtout l’inespérée et si précieuse Thérèse (que le festival de Montpellier produit cet été), voilà un apport majeur que le disque sait nous offrir. Pourrait-on rêver meilleure affiche?

D’autant que formes et genres abordés font aussi le tour de la question, révélant la diversité dont le compositeur fut capable. L’amateur de mélodies y retrouvera le Massenet moins connu et tout aussi convaincant ; côté musique de scène et oeuvres symphoniques, saluons la réédition de la Fantaisie pour violoncelle et orchestre, les musiques de ballets tirées des opéras et des cycles chorégraphiques rares… sans omettre plusieurs raretés, perles historiques qui illustrent la diversité géniale d’un touche à tout très inspiré, capable pour chaque partition de se renouveler dans le mode sensuel et élégant: La Navarraise, Les Erinnyes, Chérubin, Phèdre (ouverture), sans omettre Scènes pittoresques et Scènes Alsaciennes.

Interprètes. Aux côtés de Kazimerz Kord (avec l’Orchestre de la Suisse Romane pour Don Quichotte, 1963, avec pour le trio vocal : Nicolai Ghiaurov, Régine Crespin, Gabriel Bacquier dans les rôles de Quichotte, Dulcinée, Pança…), c’est surtout le pionnier acquis très tôt à la cause Massenet, Richard Bonynge qui se taille évidemment la part du lion: il enregistre bon nombres de témoignages ici regroupés, dans les années 1970… avec son épouse Joan Sutherland, le chef enregistre les sommets lyriques de Massenet d’autant mieux servis par la divina coloratoura (évidemment l’incontournable Esclarmonde, opéra incarnant la réussite de ce wagnérisme à la française, romantisme puissant, évocatoire, magicien et fantastique où brille le feu superbe et étincelant de la soprano australienne alors au zénith de son engagement (1975); Le Roi de Lahore (1976), avec aussi Huguette Tourangeau, modèle de diction précise et souple (s’il n’était un vibrato envahissant qui parfois corrompt la lisibilité linguistique)… que l’on retrouve en Thérèse, ardente, humaine, globalement bouleversante (1973); et comme on ne saurait jamais trop user un filon d’or vocal, au piano le maestro accompagne ses fidèles partenaires: Huguette Tourangeau et Joan Sutherland dans un cycle de mélodies d’une musicalité sertie de joyaux et de couleurs enchanteresses. Plus tardif (1985), l’enregistrement de la suite Manon pour le ballet éponyme; et toute une série de musique orchestrale de scène qui souligne la fougue enivrée du chef, fidèle ambassadeur de Massenet :ballet du Cid, méditation de Thaïs, scènes alsaciennes, scènes dramatiques, Le Carillon, Cigale…

Autres incontournables: la Manon de Beverly Sills, radieuse, enivrante, aux sons filés et stratosphériques (1972, sous la direction parfois véhémente et surdimensionnée de Julius Rudel: celui là ne fait pas dans la dentelle). C’est aussi l’excellent et plus récent Jongleur de Notre-Dame avec Roberto Alagna, enregistré en 2007 à Montpellier; Thaïs par René Fleming avec Thomas Hampson et la charmeuse de serpent de… Elisabeth Vidal! (Yves Abel, direction, 1998); Werther, non pas celui de Rolando Villazon (enregistré par Deutsche Grammophon en 2011) mais une pointure toute aussi affûtée vocalement, celle de José Carreras avec pour Charlotte, la bouleversante Frederica Von Stade (Colin Davis, 1980)… ou dans le volet (final – dernier cd 23-), les Scènes symphoniques de Massenet: pittoresques et alsaciennes, doublant donc celles de Bonynge, par Albert Wolff dirigeant l’Orchestre du Conservatoire de Paris… Si les Esclarmonde ou Manon sont ici des réalisations légendaires, on ne peut pas laisser dans l’ombre Un Roi de Lahore, vocalement subjuguant ni la sublime Thérèse, autre révélation majeure… d’un coffret événement.

Coffret Massenet Edition, 23 cds Decca
478 3963

Lire aussi notre dossier spécial Jules Massenet 2012

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