dimanche 4 mai 2025

Jeunes chefs de demain: Concours de Besançon 20126 épisodes. Arte, les 20, 25, 27 mai, 3,10,17 et 24 juin 2012

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Jeunes chefs de demain
Concours de Besançon 2011

Arte, jusqu’au 24 juin 2012
Série documentaire en 6 feuilletons de 26 mn chacun (2011)

6 feuilletons de chacun 26 mn suivent l’édition 2011 du Concours de direction d’orchestre de Besançon. L’immersion est totale: préparation des candidats, délibération du Jury présidé par Andrew Davis, surtout profil et portrait des candidats… Curieusement, c’est le lauréat Yuki Kakiushi, à la souplesse et à l’endurance supérieures qui se dérobe le plus devant la caméra: alors que les épisodes dédiés à ses compétiteurs, tels Jamie Phillips, Gergery Madaras, Stamatia Karampini ou Vincent Renaud, parviennent à saisir la personnalité de chacun d’eux, le réalisateur de la série échoue à dresser dans le volet final un vrai portrait du candidat-lauréat: séance de travail avec l’orchestre trop courte ou superficielle (alors que le Japonais a été de loin le plus apprécié des musiciens), paroles de l’intéressé trop rares (il est vrai qu’interroger un artiste est un pari difficile selon sa sensibilité)… Dommage, on aurait aimé en connaître davantage sur le lauréat 2011, sur sa vision du métier, et sa conception des qualités requises… Nonobstant, la série des 6 feuilletons, malgré le dernier, assez escamoté, demeure littéralement captivante.

Fondé en 1951, le Concours de chefs d’orchestre de Besançon a distingué à leurs débuts les grands d’aujourd’hui: Ozawa, Plasson, Cambreling, Sado… plus récemment (2009): Kazuki Yamada… En 2012, le Concours biennal reprenait du service pour élire les baguettes les plus prometteuses (jusqu’à la demi finale) puis « la » personnalité déjà aguerrie pour diriger les meilleures phalanges d’aujourd’hui. Comme en 2009, c’est un japonais qui suscitait l’adhésion du jury (présidé par Andrew Davis) et de l’orchestre associé aux épreuves éliminatoires: le lauréat 2011 est le nippon Yuki Kakiushi… un précision gestuelle économe, une élégance courtoise, pas un tempérament des plus engageants (la pudeur et la retenue asiatique) mais une pensée et une vision assurée, très charismatique capable à la différence de ses concurrents plus jeunes et pourtant tout aussi doués (le hongrois Gergely Madaras, le très jeune britannique de Birmingham, Jamie Phillips, 20 ans…), de diriger demain les plus grands orchestres… Comparé au français également finaliste, Vincent Renaud (ou à la seule femme, la grecque Stamania Karampini), le Japonais inspire l’énergie calme, la concentration fédératrice… deux qualités qui en plus de la technique et de la connaissance parfaite des partitions, sont déterminantes. Ensuite se précisent l’empathie, la faculté de communiquer avec les musiciens… une alchimie en rien mystérieuse comme certains aiment à le dire… Travail, communication, décontraction, expertise… les clés d’un grand chef sont claires et précises. C’est tout l’apport de la série de portraits réalisés par Arte au moment des épreuves, des sélections premières à la finale…

Pulcinella de Stravinsky, Don Juan de Strauss, Symphonies de Brahms et de Beethoven, puis en fin de sélection pour les plus tenaces et convaincants: opéra (Bohème de Puccini) et oratorio (Les Saisons de Haydn) en demi finale… sont les étapes décisives de l’édition 2011 du Concours.

Episode 1. Premier volet de la série Jeunes Chefs de demain, intitulé « prologue ». Le jury se présente (Andrew Davis le président 2012 ou parmi les membres, Michel Tabachnik qui rappelle nous sans raison, reprenant le mot de Leonard Bernstein, « on naît chef d’orchestre, on ne le devient pas »: c’est peut-être là que réside le vrai mystère et l’injustice foncière liée au métier de chef)… au début les candidats sélectionnés n’ont que 12 minutes pour convaincre, d’abord dans la lecture sans répétition de Pulcinella de Stravinsky puis la Symphonie n°2 de Beethoven (celle-ci préalablement répétée)… face au candidat, un immense écran projetant sa gestuelle, ses expressions, sa façon de communiquer sa vision… derrière lui, les juges analysant tout cela. Et entre les deux, le public très impliqué par le Concours qui demeure l’événement musical de la ville tous les deux ans…
Ils sont 20 au 8èmes de finale, puis 10, enfin 6 et 3 au moment de la finale. Plans serrés sur les candidats, attentes des juges, mot du président qui avec sa cloche rappelle la fin de chaque session éliminatoire, impressions des jeunes chefs dont les profils sont très différents et la palette des âges tout autant étendue, de 20 ans à plus de 30… l’expérience ici est déterminante car à qualités musicales et techniques égales, ce sont les plus aguerris à diriger un collectif comprenant instrumentistes, choeurs et solistes lyriques qui se distingueront immédiatement. Le prestige et le sérieux du Concours français est de souligner le potentiel des plus jeunes tout en élisant celui prêt à être « lâcher » sur le marché, déjà formé pour diriger les orchestres professionnels… 26 minutes passionnantes. Dans les épisodes suivants, la réalisation s’intéresse aux personnalités en lice: tels le hongrois Gergely Madaras (27 ans) ou le britannique Jamie Phillips qui à 20 ans, est le premier surpris d’avoir été sélectionné parmi les finalistes mais se donne à fond dans chaque épreuve y compris la session décisive où il découvre la direction d’un opéra (en l’ocurrence La Bohème de Puccini)…

diffusions et rediffusions

25 mai, 4h25: Episode 1 (rediffusion): présentation du Concours 2011
3 juin,16h30: Episode 3: portrait du candidat Jamie Phillips, le plus jeune chef en lice
10 juin, 17h30: Episode 4: portrait de la candidate grecque Stamatia Karampini
17 juin, 17h30: Episode 5: porrtait du candidat français, Vincent Renaud
24 juin,17h30: Episode 6: palmarès final, Yuki Kakiushi, lauréat 2011

Les candidats sélectionnés pour les épreuves finales à Besançon étaient :
– Luc Bonnaillie (France)
– Emmanuel Calef (France)
– Young-Sun Choi (Corée du Sud)
– Paul Fitzsimon (Australie)
– Yi Huang (Chine)
– Sho Itoh (Japon)
– Joongbae Jee (Corée du Sud)
– Yuki Kakiuchi (Japon)
– Stamatia Karampini (Grèce)
– Tam Gu Lee (Corée du Sud)
– Gergely Madaras (Hongrie)
– Hideaki Matsumura (Japon)
– Heejung Park (Corée du Sud)
– Jamie Alexander Phillips (Angleterre)
– Vincent Renaud (France)
– Mathieu Romano (France)
– Tomohiro Seyama (Japon)
– Yu Sugimoto (Japon)
– Yuki Tanaka (Japon)
– Chuang Tung-Chieh (Taiwan)

En 2012, pas de Concours de direction d’orchestre mais le 65è festival de musique de Besançon aura lieu du 14 au 23 septembre 2012.

Illustration: Yuki Kakiushi, lauréat 2012; Gergley Madaras © Y.Petit

3 juin 2012, 16h30
A 19 ans, Jamie Phillips est le plus
jeune des chefs candidats 2011. Originaire de Birmingham, il aimerait
bien s’inscrire dans les pas d’un compatriote devenu immense, Rattle;
très doué, musicalement fin et intuitif, le jeune homme retient
l’attention du jury… Jusqu’à l’épreuve oratorio et opéra: confronté à
une expérience encore inédite pour lui, le musicien semble dépassé… sa
direction de La Bohême de Puccini montre sa détermination mais aussi sa
jeunesse encore inexpérimentée; c’est insuffisant pour remporter le 52è
Concours de Besançon mais formidable déjà au regard de son âge.
Besançon a aussi vocation à distinguer les jeunes tempéraments les plus
prometteurs… Aucun doute: Jamie Phillips est l’un des jeunes maestros
désormais à suivre; le prochain maestro que tout le monde musical
attend?
10 juin 2012, 17h30
Jamais encore une femme n’a remporté le Concours de chefs d’orchestre de
Besançon, et de fait, le métier de chef d’orchestre reste encore
principalement une affaire d’hommes.
En 2011 une unique candidate
figurait sur la liste des vingt participants du Concours. Unique, c’est
bien le terme qui définit la forte personnalité de la grecque Stamatia
Karampini.
Détermination, autorité, poigne, associées au talent, au
sens du travail et à une sensibilité émotive et intuitive, lui ont permis d’aller
jusqu’en finale. L’a-t-elle remportée ? Ce surcroit d’autorité pourrait
cacher un manque de confiance en soi et de décontraction généreuse,
cette dernière qualité étant déterminante pour une parfaite
communication avec les instrumentistes de l’orchestre … La jeune femme n’hésite à prendre des risques parfois inconsidérés voire délicats (oratorios Les Saisons de Haydn où ses options de tempi mettent en péril la tenue du choeur…). Pourtant sa compréhension du duo final du I de La Bohème est passionnante… Flamboyante et radicale mais imprévisible et parfois trop risquée, la direction de Stamatia Karampini ne laisse pas indifférent. Pour autant, le Concours devant valider la préparation et l’assise technique du candidat, doit-il élire ce profil souvent déconcertant? C’est ce
parcours que raconte ce nouvel épisode de la série sur les jeunes chefs
de demain.
17 juin 2012, 17h30
Un jeune chef français: Vincent Renaud. Après des
études de piano au CNR de Rueil-Malmaison, Vincent Renaud est admis à la
Juilliard School de New York ainsi qu’au CNSM de Paris dans les classes
de cor, puis d’harmonie et de contrepoint. Durant cette période, il se
produit avec de nombreuses formations telles que l’Orchestre du Théâtre
National de l’Opéra de Paris, l’Orchestre National de France ou
l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Il se tourne alors vers la
direction d’orchestre avec A. McDonnell, discipline pour laquelle il
obtient un Premier Prix au CNR de Rueil-Malmaison avant de se voir
décerner le Diplôme Supérieur de Direction d’Orchestre au Conservatoire
Supérieur de Musique de Genève dans la classe de L. Gay.
Il fait ses
débuts avec l’Orchestre Lamoureux en mars 2009 à Paris, pour la
création de l’opéra La Cantatrice Chauve de J.P. Calvin, formation qu’il
retrouve aux côtés d’Agnès Jaoui en 2010 au Théâtre des Champs-Elysées.
Nommé
depuis 2004: directeur musical de l’Orchestre d’Harmonie de Levallois
puis du Jeune Orchestre Maurice Ravel, Vincent Renaud mène une activité
permanente de leader musical… Il a donc de la bouteille et a
l’expérience de la direction comme de la communication avec les
musiciens d’un grand orchestre…
Une connaissance
scrupuleuse des partitions, un souci constant de clarté didactique dans
une gestuelle flexible et articulée (belle performance de l’épreuve de
direction d’opera…), le candidat français fait la démonstration de ses
réelles qualités de chef… Pour autant est ce que cela suffit pour
décrocher le premier prix tant convoité ?
24 juin 2012, 16h30
Portrait du lauréat 2012: Yuki Kakiusji. Atmosphère fébrile de la finale où les 3 finalistes, le hongrois Gergely Madaras, la grecque et seule femme en lice, Stamatia Karampini et le japonais Yuki Kakiushi interprètent les 3 oeuvres imposées: Concerto pour piano n°2 de Saint-Saëns (Marie-Josèphe Jude, piano), Les Ombres de Michael Jarrell, Don Juan de Richard Strauss… Le lauréat s’est hissé peu à peu dans le trio final: si ses deux concurrents directs se sont affirmés immédiatement dans l’esprit des membres du Jury, le profil de Yuki Kakiushi s’est imposé avec progression: par sa constance, son endurance, sa très solide préparation, sa connaissance approfondie des partitions, son sens de l’écoute, son élégance, sa souplesse et la clarté de sa gestuelle, le japonais a finalement fait la différence. A 33 ans, Yuki Kakiushi paraît le candidat le plus préparé pour demain diriger les plus grandes phalanges internationales. Son père rêvait d’être chef. A défaut de réaliser ce projet, il transmet à son fils Yuki, les gènes de la passion de la direction: dans l’écoute de Furtwängler et de Walter, le jeune Yuki qui jouait du trombone dans un orchestre de cuivres, perfectionne son approche des partitions et travaille la communication avec les musiciens d’orchestre. Certains tout en reconnaissant son sens inné et rassurant de l’écoute, regrette une tentation au consensus mou: arrondir les angles plutôt qu’exprimer la passion et la fougue de l’instinct (comme la candidate grecque Stamatia Karampini)… Yuki Kakiushi, célébré à Besançon, saura-t-il dévoiler ce potentiel détectable pendant la finale, entre dépassement et clarté? L’avenir du lauréat nous le dira. A suivre.
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