jeudi 26 juin 2025

ENTRETIEN avec Diane du SAILLANT, directrice du Festival de la Vézère, à propos de la 44ème édition 2025

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Le Château du Saillant accueille chaque été, les tempéraments artistiques les plus captivants au cœur de la Corrèze. Un temps privilégié et des découvertes artistiques qui sont aussi des retrouvailles ; dans cet écrin, souvent féerique, ce sont aussi des rencontres entre festivaliers et artistes et dans notre monde chaotique, une expérience concrète qui favorise le lien social et n’oublie pas l’action éducative de la musique : ainsi s’est affirmée la singularité du Festival de la Vézère, acteur majeur de la culture en Corrèze…

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CLASSIQUENEWS : Quels sont les axes forts de la ligne artistique ? Que prolongez-vous d’année en année et qui singularise le Festival ?

Diane du Saillant : Les axes forts consistent à mettre en valeur l’excellence d’artistes de très haut niveau, la découverte du répertoire, les retrouvailles avec des artistes connus du public, des jeunes musiciens particulièrement talentueux et des familles d’artistes fidèles au festival, en s’appuyant sur un superbe patrimoine corrézien qui vaut la peine d’être découvert ou re-découvert. Voilà ce que l’on prolonge d’année en année et qui singularise le festival.

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment, selon quels critères choisissez vous les artistes, les programmes, les lieux ?

Diane du Saillant : C’est un savant équilibre, une alchimie dont on a absolument besoin de tenir compte ; c’est indispensable et propre à chaque organisateur. J’ai découvert son utilité au fur et à mesure des années; on ne programmera clairement pas le même répertoire ni les mêmes artistes dans une église, petite ou grande, en plein air que dans un théâtre. Il faut aller au plus logique et au mieux de l’acoustique pour un confort ; pour que les artistes et le public passent un moment magique ensemble. Et malgré ces précautions, cette rencontre musicale dépend aussi de l’instant T du concert : le confort du musicien au moment il joue et la concentration du public à partager cette rencontre qui peut être inouïe si toutes les étoiles sont au rendez-vous.

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont les événements de cette édition 2025 et pourquoi ?

Diane du Saillant : Nous essayons de ne proposer que des événements … Si je prends nos premiers concerts :
> JF Zygel, c’est un événement car il met au service du public son érudition et sa connaissance de la musique tout en s’appuyant en ce qui nous concerne, sur les fabuleuses fables de La Fontaine ! Il en profite pour proposer une initiation à la musique au jeune public de centres sociaux, ce qui va dans le même sens que les actions éducatives que nous menons par ailleurs au cours de l’année.
> Adam Laloum, c’est un événement car nous proposons à notre public l’excellence du piano français; il est venu tout jeune et nous avons hâte de le retrouver. C’est également un événement sachant que ce concert aura lieu dans la grange du château du Saillant qui a une acoustique exceptionnelle ! Nous proposons au public un moment de magie musicale, avec cette proximité entre la scène et le public que l’on n’a pas dans une grande salle.
> Léon Couralet : c’est un événement car il jouera dans la petite chapelle du Saillant, l’une des seules chapelles entièrement pourvues de vitraux de Chagall ! C’est également un événement car ce sera aussi l’un des premiers concerts de ce jeune violoniste encore au conservatoire de Paris et qui m’a été chaudement recommandé par l’un des meilleurs violonistes actuels et professeur au Conservatoire de Paris, Gordan Nikolic.

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous nous décrire ce que serait une journée idéale pour le festivalier ? Quelle(s) expérience(s) vit-il en venant au festival ?

Diane du Saillant : Après avoir proposé 40 ans de concerts uniques : vous venez pour le concert et vous repartez après ; nous développons depuis quelques années une formule XXIème siècle : des « + » qui nous permettent de rester ensemble, de discuter et de se retrouver et de se rencontrer au travers de conférences, de visites, de balades, de menus festivals pour que le public puisse aussi discuter avec les artistes…

 

CLASSIQUENEWS : Avez-vous noté une évolution dans le comportement / le goût des spectateurs (en particulier depuis l’après covid…) ?

Diane du Saillant : C’est clair qu’il faut être en permanence en mouvement lorsque l’on s’occupe d’un festival ; la société est en mouvement ; il faut suivre le mieux que l’on peut. Et le monde est encore plus en mouvement depuis la sortie du covid !
Les habitudes et les envies du public changent ; on essaie de s’adapter au mieux, d’où nos formules XXIème qui consistent également à découvrir de nouveaux instruments (l’harmonica, le beatboxer, la flûte ottobasse,…) ou de nouveaux mondes musicaux, comme par exemple, une version impro avec l’ensemble Janoska pour fêter les 300 ans des Quatre saisons de Vivaldi …

 

CLASSIQUENEWS : Que répondre à ceux qui doutent de l’utilité et du bien fondé d’un Festival comme le vôtre ? A ceux qui soit retirent ou réduisent leurs subventions ?

Diane du Saillant : C’est une triste question que je comprends compte tenu des diverses annonces terrifiantes de réductions de subventions ; pourquoi un festival qui attire entre 8 000 et 11 000 spectateurs par an, qui évolue avec son temps, qui propose l’excellence du monde de la musique, qui est en mouvement et s’occupe d’éducation serait inutile et n’aurait pas de bien fondé ? Je vous invite à le découvrir du plus près.

En ce qui concerne les subventions, on en a clairement besoin, sachant qu’il est très difficile de proposer la culture au public sans argent mais on essaie d’être au plus près d’un équilibre sain entre subventions, mécénat et billetterie pour un coût de plateau artistique négocié au plus juste ; cela devient effectivement compliqué en demandant à tout le monde de faire des efforts. Il faut également souligner que la communication nécessaire pour avoir la visibilité, la technique, les coûts de voyages et d’hôtellerie grèvent de plus en plus notre budget. Nous sommes maintenant obligés de faire de l’équilibrisme tout en demandant des efforts constants … C’est effectivement fatiguant ! En ce qui concerne notre festival, nous avons la chance d’avoir des politiques qui comprennent ce que l’on fait et l’utilité de nos actions ! Pourvu que cela dure …
La période est clairement complexe mais il faut que tout le monde s’y mette pour protéger ce bijou que sont les festivals.

Propos recueillis en juin 2025 / Photos © Festival de La Vézère

 

présentation

LIRE aussi notre présentation du Festival de La Vézère 2025 :
https://www.classiquenews.com/44eme-festival-de-la-vezere-du-8-juillet-au-10-aout-2025-jean-francois-zygel-adam-laloum-lucienne-renaudin-vary-orchestre-de-lopera-de-versailles-don-pasquale-les-noces-de-figaro/

Le 44ème Festival de la Vézère suit son cours, fidèle à son histoire, dans un geste magicien, proche de la Nature, accordant musique et paysages, concerts et sites enchanteurs. Directrice artistique inspirée, Diane du Saillant orchestre chaque été, un cycle poétique qui sait accorder musique et qualité, exigence et accessibilité, diversité et intensité…

 

 

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