Piano
France Musique
Grands interprètes, du 30 mai au 3 juin 2011 à 16h
Série hebdomadaire, de 16h à 17h45
Le 5 juin 2011, Martha Argerich souffle ses 70 ans. La pianiste argentine aime les concerts qui ne ressemblent pas au rituel
bourgeois des salles traditionnelles… Elle joue comme s’il n’y avait
pas de public face à des artistes, mais entre amis, comme en famille… A
Lugano, la diva du clavier, féline, fantasque, généreuse, déploie mille
et une facettes hypnotiques et nous offre une leçon de piano et de
chambrisme comme personne avant elle. Avec ses amis, fidèles partenaires
depuis des années ou jeunes tempéraments prometteurs que la plus grande
pianiste d’aujourd’hui a pris sous son aile protectrice… : Gabriele
Baldocci, Gabriella Montero, piano ; sa fille Lyda Chen (alto), … dans
Gershwin, Brahms, Granados, Liszt…
Les 1er, 2 et 3 juin 2011 à 12h35
En direct de Lugano, le 22 juin 2011 à 20h
Nuit du piano : « carte blanche à Martha Argerich et ses amis »
Diva du piano
Divinement surdouée, être fantasque et nocturne (qui travaille
essentiellement son piano pendant la nuit de 2h à 6h du matin,
aujourd’hui dans sa maison parisienne du 16è ardt), mais au jeu
puissant, subtile, poétique (ravélien), Martha Argerich, la plus grande
pianiste actuelle est la reine de cette soirée qui lui est consacrée.
Agée de 69 ans en 2010, l’ex-compagne de Stephen Kovacevich, de Charles
Dutoit, puis de Alexandre Rabinovitch, partenaire inoubliable de Claudio
Abbado (rencontré à Salzbourg pour jouer Brahms, mais alors jeune
pianiste) dont elle aura grandement aidé la reconnaissance comme chef
d’orchestre, ne cesse de tracer son sillon prophétique et poétique.
Depuis plusieurs années, la diva du clavier encourage le talent des
jeunes musiciens, aiment retrouver ses partenaires de toujours, dans des
programmes qui croisent musique de chambre et piano. L’élève de
Friedrich Gulda à Vienne, puis en Suisse de Madeleine Lipatti et de
Nikita Magaloff qui remporta à 16 ans le premier prix des Concours de
Bolzano puis de Genève (en 1957, en un enchaînement époustouflant qui
montra son sens du défi… et de la répétition triomphale) avant d’obtenir
une consécration aussi exceptionnelle et légitime au Concours Chopin de
Varsovie (1965), distille son chant suave et transfiguré qui fait la
légende du jeu pianistique moderne.
Gulda regrettait sa vie chaotique : il est vrai que l’absence de vraie
préparation classique, à base de travail acharné, mené selon une
discipline spartiate quotidienne, n’est pas, n’a jamais été le propre de
l’Argentine. Dès sa collaboration stylistique et artistique avec son
mentor Gulda, Argerich est un oiseau funambule capable d’ingurgiter
trois partitions difficiles la veille de son exécution devant son
professeur, pour les épreuves d’un Concours ou pour un récital. Pourtant
malgré la très courte préparation préalable, elle s’en rend la
traductrice comme si elle avait travaillé les œuvres pendant toute sa
vie… Fulgurante, flamboyante mais toujours profondément musicienne,
Argerich ne cesse de déconcerter par son talent atypique. Les
préoccupations de la pianiste sont plutôt d’ordre musical (jamais
strictement technicien) : suis-je digne de cette partition ? Est-ce que
je la comprends véritablement ? Puis-je en toute sincérité la jouer ?
Qu’ai-je à dire de juste, de profond, de personnel ?
Ecouter Argerich dans Gaspard de la nuit de Ravel ou le Concerto de
Schumann relève de ce défi poétique personnel… qu’elle a toujours su
relever grâce à son instinct et son intuition exceptionnels.
Tout est question ici d’évidence, de vérité, d’affinité… La femme ne
s’est jamais représenté sa carrière comme une fin en soi : elle fait de
la musique comme elle respire ; elle ne joue pas : elle vit la musique.
Âme inquiète mais si attachante car généreuse et tendre, Martha Argerich
est pour tous ceux qui l’approchent une sœur plus qu’une mère ; la
présence toujours espérée, toujours réconfortante, la proximité
fraternelle et complice d’une personnalité qui sait communiquer et
déceler la vérité de chacun. Elle a d’ailleurs un vrai talent
d’imitatrice…
Combien de maîtres aujourd’hui célébrés lui doivent leur gloire actuelle
; combien de jeunes désorientés par les exigences du métier lui doivent
une force et une détermination renouvelées grâce à sa complicité
encourageante…
Chopin et Beethoven, Ravel et Schumann (moins Brahms qu’elle trouve
bavard et peu subtil, laissé aux doigts magiciens de son double en
musique, le brésilien Nelson Freire), Martha Argerich diffuse son aura
hypnotique sur la planète piano. Elle est comme son contemporain
Maurizio Pollini, une interprète douée de mille facéties géniales, un
être à part, une diva absolue. Soirée Carte Blanche à Martha Argerich et
ses amis, absolument incontournable.

Pour tous les amateurs de jeu poétique, suggestif, amoureux et si
tendre, le toucher de l’argentine Martha Argerich s’impose comme une
évidence. Le coffret de Deutsche Grammophon souligne ce qui caractérise
aussi l’approche de la divine musicienne, véritable légende vivante du
piano actuel, le jouer ensemble dans l’esprit d’une famille. Car la
pianiste se sent trop seule pour un récital de soliste. Rien de vaut le
partage et la saveur d’un sentiment ouvert, en dialogue, en
conversation… Voici donc la grande Martha, avec ses partenaires
pianistes, dans un dialogue à quatre mains, avec Nelson Freire, son
frère brésilien (live à Salzbourg 2009; avec Nicolas Economou (Danses
Symphoniques de Rachmaninov de 1983! repris dans le live Salzbourg
2009: une partition miroir qui atteint au sublime); avec Mikhail Pletnev
(en 2004 dans Cendrillon de Prokofiev et Ma mère l’Oye de Ravel). Enfin
jouer ensemble pour Martha, ce sont aussi les partenaires familiers
depuis des années: Gidon Kremer et Masha Maisky pour un chambrisme
embrasé, percutant, superlatif (2 cd: Trios de Tchaïkovski et de
Chostakovitch en 1999; et avec Yuri Bashmet: Quatuor pour piano de
Brahms, et Fantasistücke de Schumann opus 88 en 2002). S’il n’était
qu’une seule oeuvre à réécouter sans limites et dans ses deux lectures
ici proposées (avec Economou puis Freire: plongez sans hésiter dans les
méandres à facettes des Danses Symphoniques de Rachmaninov: une
splendeur!). 6 cd anthologiques dévoilant ce caractère rayonnant
fraternel d’une diva du piano, généreuse, divine partenaire, magicienne
envoûtante. Martha Argerich: The collection 3, chamber ensemble. 6 cd Deutsche Grammophon.