Le 3 avril 2011, la chapelle Saint-Louis du collège Henri IV, située en plein coeur de Poitiers, accueillait l’ensemble Josquin des Prés et son chef historique, Thierry Vallet. Fondé en 1962, l’ensemble Josquin des Prés est composé d’un orchestre et d’un choeur, soit plus de cent instrumentistes et choristes, et donne trois séries de concerts par an : à Noël, au printemps et en fin de saison. En ce début de printemps, c’est l’orchestre qui était mis en avant avec un programme varié; néanmoins pour ce concert, le dernier d’une série de trois, c’est le chef qui a choisi de se concentrer sur la période romantique et post-romantique.
Programme romantique et post-romantique …
Le concert débute avec la célébrissime ouverture de La gazza ladra de Gioachino Rossini (1792-1868) qui est donnée avec beaucoup d’enthousiasme mais le chef ne peut éviter quelques fausses notes; l’exécution est néanmois pleine de fraîcheur. Les Fêtes villageoises composé en 1931 par Béla Bartok (1881-1945) évoquent les villages hongrois tels que le compositeur les a connus. L’orchestre prend plaisir à jouer et s’affirme par son sens du coloris dans une oeuvre directement inspirée du folklore traditionnel. Pour terminer la première partie, incursion dans le répertoire français avec Masques et Bergamasques composé en 1918 pour le prince de Monaco par Gabriel Fauré (1845-1924); l’oeuvre ne compte que quatre des huit pièces originelles (dont trois pièces vocales): elle a été retravaillée pour ne devenir qu’une suite pour orchestre seul avec les morceaux les plus récents du compositeur. L’orchestre déploie une très belle sensibilité.
La seconde partie de ce concert est consacrée à Ludwig Van Bethoveen (1770-1827) dont la deuxième symphonie, qui date de 1803, demande aux musiciens rigueur et concentration tant la musique est dense; malgré les fausses notes dans le dernier mouvement, saluons l’engagement de l’orchestre composé en grande partie d’instrumentistes amateurs. L’énergie déployée et par le chef et par l’orchestre donne à cette symphonie difficile une sonorité et des couleurs convaincantes.
… dirigé avec rigueur et sensibilité
Thierry Vallet dirige l’ensemble Josquin des Prés avec beaucoup de tempérament et utilise avec sagacité l’effectif des trente-six instrumentistes dont il dispose. Fin musicien, bien qu’il ait choisi de rester dans l’ombre, il donne à son orchestre une impulsion remarquable et pousse ses musiciens à se dépasser, à étendre et perfectionner la sonorité. C’est un travail d’orchestre louable par son ouverture musicale et la probité de son approche interprétative: il permet au public pictavien de découvrir ou de redécouvrir des oeuvres plus ou moins connues, le faisant ainsi voyager, entre Europe occidentale et Europe centrale. Thierry Vallet a choisi un programme difficile … dont les musiciens ont tiré un résultat très honnête, eu égard à leur profil … d’amateurs. Mais ici l’amateurisme signifie autre chose qu’un acte sans souci de perfection. L’implication est totale. Le résultat au-delà de notre attente. Bravo maestro!
Poitiers. Chapelle saint Louis du collège Henri IV, le 3 avril 2011. Gioacchino Rossini (1792-1868) : La gazza ladra (1817), ouverture; Béla Bartok (1881-1945), Fêtes villageoises; Gabriel Fauré (1845-1924), Masques et bergamasques; Ludwig Van Bethoveen (1770-1827), Symphonie N°2 en ré Majeur opus 36. Ensemble Josquin des Prés, Thierry Vallet, direction. Compte rendu de notre envoyée spéciale Hélène Biard.
