Le 19 décembre 2010 à 19h
Le 24 janvier 2011 à 22h30
En décembre 2010 et janvier 2011, Arte rend hommage aux deux plus grands ténors actuels, outre le roi du bel canto bellinien et rossinien, Juan Diego Florez. Le premier s’impose au début d’une carrière internationale. Le second étonne par sa longévité vocale qui lui permet à 70 ans , de toujours chanter et s’investir pour de nouveaux projets de théâtre… Heureuse planète lyrique qui compte aujourd’hui aux côtés des ténors d’hier hélas disparus tels Luciano Pavarotti, d’authentiques héros de la scène musicale dont la puissance et la musicalité égalent le raffinement des nuances et le jeu scénique, ce qui n’est pas donné à tout le monde, loin de là: acteurs autant que chanteurs, telles ne sont pas les moindres qualités des deux ténors que Arte célèbre tour à tour pour les fêtes de fin et le début de l’an neuf: Jonas Kaufmann et Placido Domingo. Les deux artistes ont déjà d’ailleurs à leur actif, comme incarnation en partage, le rôle de Don José et de Parsifal…
Jonas Kaufmann
est le ténor germanique le plus doué de sa génération: subtilité des phrasés, sens du verbe, intensité dramatique, musicalité du timbre. Aigus flûtés et diction exemplaire dans le sillon d’un Jon Vickers, mais aussi intensité du timbre, à la fois tendre et héroïque. Le munichois qui chante dans ce récital à Munich 2010: Wagner, Schubert, Weber, Mozart (La Flûte), impose sa rayonnante intelligence du style vocal dans les rôles taillés pour lui, qui confirme ses affinités avec le Fidelio de Beethoven et demain peut-être, l’Empereur de la Femme sans ombre de Strauss. A Munich, Kaufmann chante deux Wagner dont il exprime tout le trouble psychologique, Siegmund (Walkyrie) et surtout Parsifal, le pur élu qui éprouve la souffrance de Amfortas et de Kundry et réussira à les sauver tous deux par compassion… Quel musicien et quel acteur. Le programme reprend le sujet de l’album Sehnsucht édité par Decca.
Arte, le 19 décembre 2010 à 19h. Récital « Sehnsucht », Jonas Kaufmann chante Wagner, Weber, Mozart à Munich 2010.
Placido Domingo
souffle en janvier 2011 ses… 70 ans. Incroyable longévité d’un musicien cultivé et sensible qui est certes le ténor légendaire que l’on connaît et qui ici reçoit l’hommage de Dame Kiri Te Kanawa, José Carreras et Luciano Pavarotti, mais qui est tout autant chef d’orchestre et directeur des Opéras de Los Angeles et de Washington (il n’a pas renouvelé son mandat s’agissant de la deuxième maison théâtrale aux USA).
L’intérêt de ce docu déjà diffusé par Arte demeure les commentaires que l’interprète apporte et développe dans l’évocation de chacun de ses rôles emblématiques, de Don José de Carmen, à Samson (Samson et Dalila de Saint-Saëns), sans omettre Hoffmann des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, ni Andrea Chénier de Giordano (sur les traces de Mario del Monaco, un modèle) ou Otello (Otello de Verdi). Placido Domingo qui le 21 janvier 2011 souffle ses 70 ans… met en relation les expériences de la vie réelle avec les sentiments exprimés par chacun des rôles. Ses approches -religieuse pour Otello et Samson, ou amoureuses s’agissant d’Hoffmann, montrent à quel point le chanteur est un acteur qui recherche le point de vérité et d’accomplissement pour chaque incarnation. Ce qu’il dit à propos d’Hoffmann est très intéressant, d’autant que l’oeuvre laissée inachevée par l’auteur manque au cours de ses trois tableaux si différents, d’unité structurelle. Or Placido Domingo précise en quoi le poète génial, qui se rapproche pour lui de Beethoven ou de Goya par la dureté et la violence du caractère, est un alcoolique paranoïaque, surtout un homme défait et amer dont l’expérience amoureuse est un échec, une série de désillusion terrifiante, et que raconte pas à pas, les 3 tableaux de l’opéra. Relation de naïveté dans l’acte avec Olympia, sentiment de puissance tragique et romantique pour le Hoffmann plus mûr épris d’Olympia; victime du poison du désir pour la belle mais vénéneuse Giuletta à Venise… L’engagement et la réflexion très intense que le ténor apporte pour chacun de ses personnages font sa différence: l’acteur égale ici le chanteur. D’où son charisme sur scène. En 2010, Placido Domingo incarnait encore à Londres, un sublime et sombre Simon Boccanegra (le dvd paraît en janvier chez Emi classics: coup de coeur de la rédaction dvd de classiquenews.com)
En 2011, en juin précisément, le ténor né à Madrid, chante après l’avoir créé à Los Angeles, un nouveau rôle taillé pour lui, celui de Pablo Neruda dans Il Postino de Daniel Catan…. Longue vie au dieu de l’opéra.
Placido Domingo: les plus beaux rôles de ma carrière. Arte, le 24 janvier 2011 à 22h30.