lundi 5 mai 2025

Exposition Frédéric Chopin, « La note bleue » Paris, Musée de la vie romantique. Jusqu’au 11 juillet 2010

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Exposition Frédéric Chopin


« La note bleue »

Musée de la vie romantique Ary Scheffer à Paris
Jusqu’au 11 juillet 2010

Jusqu’au 11 juillet 2010, le musée de la vie romantique Ary
Scheffer, à Paris (16 rue Chaptal, 75009) accueille l’exposition la plus
intéressante parmi celles (nombreuses) dédiées à Frédéric Chopin à
l’occasion du bicentenaire 2010.
La scénographie et les objets exposés privilégient les documents visuels
(tableaux principalement et dessins), s’inscrivant de façon légitime
dans le lieu qui fut l’atelier du peintre romantique, Ary Scheffer,
élève de Guérin, professeur de Marie d’Orléans, fille de Louis Philippe,
artiste majeur du Paris des années 1830, donc contemporain du séjour du
Polonais dans la Capitale.
L’exposition Chopin est même d’autant plus opportune dans les 2 ateliers
qui jouxtent la maison Scheffer, que Frédéric Chopin fut un ami et un
familier du peintre, favorisant dans les réunions et rencontres de la
maison Scheffer, un riche dialogue avec ses contemporains peintres et
musiciens: habitants le proche Square d’Orléans, Sand et Chopin
participent au cercle d’idées et d’échanges, se mêlant chez Scheffer aux
grands créateurs du Paris Romantique, proclamée « nouvelle Athènes »,
République des arts et des lettres.

Exposition d’atmosphère où dialoguent les arts

Exposition d’atmosphère (où les
partitions et le matériel du musicien sont rares), renseignant le milieu
artistique qui fut celui de Chopin à Paris, de son arrivée fin 1831 à
sa mort en 1849, le corpus des oeuvres réunies documente la connaissance
des artistes (chanteurs et cantatrices, écrivains, peintres,
musiciens…) qui ont croisé le compositeur pianiste à Paris. Ce sont
les filiations, les amitiés, les admirations, tout un monde d’idées et
de débats, d’émulation collective sur les arts qui se dévoilent, avec
pour personnage central, Frédéric Chopin.
Dans l’atelier d’Ary Scheffer (deux espaces de part et d’autre de
l’allée centrale qui mène à la maison proprement dite), le visiteur
découvre l’ambiance propice au dialogue des arts. Pour le peintre,
peindre en musique était familier, comme nous le rappelle aujourd’hui le
tableau de Arie Johannes Lamme qui représente l’atelier de la rue
Chaptal où la fille du peintre, Cornelia, joue sur le piano de la
maison, entourée des toiles de son père (1851). Dans une ambiance
réservée, celle d’un atelier d’artiste qui était aussi salon de musique,
le travail de Frédéric Chopin prend sa place: le compositeur
affectionnait en particulier une approche introspective et intime. Son
écriture de plus en plus raffinée, aux harmonies complexes et modernes,
nuance de facto notre conception de l’art romantique musical. L’écriture
de Chopin annonce déjà dans sa recherche sur la texture et la
résonance, les couleurs et le toucher, l’art de Debussy.

Ce sont au fil de la visite,
le Paris et ses alentours, qui sont évoqués: espace urbain, salons
aristocratiques et mondains qu’animait Chopin, désireux de
confidentialité plutôt que de célébration collective à la Liszt. La
place singulière du chant et de l’opéra avec les portraits des plus
grands artistes de l’heure: Adolphe Nourit (portrait seul et dans une
scène de Robert le Diable de Meyerbeer, avec Cornélie Falcon!), mais
aussi les divas adulées telle les deux portraits de Maria Malibran en
Desdémone (de l’Otello rossinien) et de sa soeur cadette, Pauline
Viardot dont la présence est renforcée grâce à la récente acquisition
(pour l’exposition de Paris) de son grand portrait par Ary Scheffer,
naturellement (1840).
Les musiciens ne sont pas omis: Berlioz (par Courbet, 1850) un
admirateur, ou son double opposé : Liszt, paraissent également. Comme
Chopin, Liszt, pianiste et compositeur, dont la relation avec Chopin fut
ambivalente, entre fascination et agacement, figure grâce à son
portrait par Henri Lehmann, élève d’Ingres (1839). Sont présents aussi
en bustes hiératiques: Bellini (dont Chopin admirait les opéras) et
Donizetti, Camille Pleyel enfin qui fournit au pianiste compositeur, ses
instruments: leur mécanique et leur sonorité ont influencé Chopin dans
l’élaboration de son esthétisme et de son jeu au clavier. Chopin fut
aussi pédagogue: le portrait de l’une de ses (meilleures) élèves Camille
O’Meara (1851) par Ary Scheffer, en témoigne.


Bleu du partage et de la création

Nohant où séjourne
pendant 7 étés Chopin (de 1839 à 1846) n’est pas oublié: les
conversations entre Chopin et Delacroix, échanges exceptionnels dans
l’histoire croisée de la musique et de la peinture, dont témoigne George
Sand l’hôtesse des lieux (grand portrait par Auguste Charpentier,
1838), sont clairement évoquées. Le thème, poétique et esthétique au
coeur de leurs échanges, de « la note bleue » donne même le titre de
l’exposition de la rue Chaptal. La formule de Sand pourrait synthétiser
toute l’esthétique moderne et révolutionnaire de Chopin.

Notons la présence du fameux éventail des caricatures, réalisé à
Nohant en 1838, gouache d’autant plus précieuse que sa fragilité de
conservation rend délicate son exposition: on y reconnaît, selon le
dessin d’Auguste Charpentier son auteur, le quatuor désormais
emblématique du Nohant artistique: Delacroix, Liszt, Sand en bergère et
sur ses genoux, Chopin en volatile (!).

Apport majeur de l’accrochage,
l’iconographie du compositeur. L’exposition a pu regrouper 4 portraits
de Chopin parmi les plus saisissants de l’artiste génial. Figures
désormais légendaires par Delacroix (fragment d’un tableau plus grand où
Chopin paraissait près de sa maîtresse George Sand. L’étude au dessin
des traits de Chopin est aussi exposée, 1838); par Ary Scheffer bien sûr
(2 portraits exposés: réplique d’après la toile originale de 1847 et
portrait de 1846); par Kwiatkonski (collection particulière). La
révélation vient d’un document moins connu d’un apport tout autant
considérable: le portrait de Chopin par Louis Gallait (1843, collection
particulière) qui fixe désormais les traits du prodige Polonais en
éternel jeune homme, aristocrate par sa mise, inspiré singulier par le
regard, dans lequel outre l’élégance d’un musicien particulièrement raffiné (soucieux de ses costumes comme Mozart), l’importance est aussi
réservée au dessin des mains, précisément la main droite qui produit une
ombre visible, emblème de ce travail sur la texture propre à l’artiste.
Exposition majeure de l’année 2010.


La Note Bleue. Exposition
Frédéric Chopin,
au Musée de la vie romantique à Paris. Jusqu’au 11
juillet 2010. Catalogue, 207 pages (30 euros, éditions Paris Musées).
Informations: www.parismusees.com.
Tél.: 01 55 31 95 67.

Illustration: Frédéric Chopin par Delacroix, 1838 (DR). George Sand par
Charpentier (DR). L’éventail aux caricatures (DR). Frédéric Chopin,
portrait inédit par Gallait (DR). Catalogue de l’exposition Frédéric
Chopin, La note bleue (DR)

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