dimanche 29 juin 2025

11e Festival Cordes en ballade Ardèche méridionale (07). Du 3 au 14 juillet 2009

A lire aussi
11e Festival Cordes en ballade
Ardèche méridionale (07)
Du 3 au 14 juillet 2009

Le Quatuor Debussy et ses invités. Pour le 10e anniversaire des Ballades de Cordes en Ardèche, le Quatuor Debussy continue son activité d’enseignement supérieur aux stagiaires, et organise les concerts autour de thématiques : Haydn, la voix dans tout son éclat. Les Quatuors Satie et Prometeo, le Chœur Britten (Nicole Corti), la soprano Françoise Masset, les harpistes Christine Icart et Christophe Truant, la gospelienne Liz Mc Comb sont de la fête en 8 lieux d’Ardèche où site, patrimoine et archéologie se conjuguent.

Appelez-nous Maîtres ?

Dix ans que les Debussy se « désurbanisent » à l’orée de l’été pour bords de fleuve-roi (c’est ainsi qu’on surnomme le Rhône, tous ne le savent pas ?), plateaux, garrigues et balcon cévenol s. Moins périphrastico-touristiquement dit, c’est en 2009 le 10e « Cordes en ballade » ardéchois. Les Debussy ont, nul ne l’ignore, le goût de la synthèse, donc l’esprit clair, et ils regroupent leur estivade 2009 autour de thèmes : « la voix dans tous ses éclats », puis « de Haydn à l’Italie ». lls témoignent aussi du désir de communiquer avec leurs publics, mais sans les scories de la gadgétisation et de « l’étonne-moi » dans la surenchère. Car on sait aussi que leur travail tout au long de l’année a toujours reposé sur une authentique action de pédagogie, c’est-à-dire de transmission de leur savoir, qui est considérable mais sans vanité ou tics d’autorité démonstrative. Ils n’ont jamais eu tendance à dire aux jeunes : «Appelez-nous Maîtres »….Et pourtant si les Cordes se baladent en Ardèche, c’est parce qu’au point de départ il y eut le stage de l’Académie, où se formèrent en « Sup d’Archets » des Quatuors qui ensuite se sont fait un nom, les Esteves, Tercéa, Sequenza ou Varèse… Et cette année encore, la clôture se fera avec 4 concerts (11, 13 et 14 juillet) : les églises (Mélas, Beauchastel), temple (Lagorce) et chapelle de couvent (Bourg Saint Andéol) résonneront en Haydn, Mendelssohn ou Antignani grâce aux « Jeunes Talents » issus de cette activité stagiaire de haut niveau.

Sankt Josef et Liz Mc Comb

Tiens, justement, Haydn l’anniversarié 09 : le Père du Quatuor ne pouvait être que l’objet d’une prière à Sankt Josef… Outre ce que prennent en mains les Jeunes Talents, les Debussy eux-mêmes ont choisi le 4e de l’op.20, une série de 1772 qui témoigne du Sturm und Drang le plus saisissant, notamment dans un poco adagio dont toutes les variations pathétiques sont en mineur. Le Quatuor invité Satie – 4 jeunes issus de l’enseignement CNSMD lyonnais et qui se sont groupés il y a 10 ans sous l’invocation du Vieux Farceur d’Arcueil – joue l’op.71/2, où en 1792 Haydn (en voyage londonien) écrit la seule introduction lente –fort brève – de tous ses quatuors, et un adagio cantabile lui aussi pré-romantique. Ils y joignent un quatuor de Cherubini, et une œuvre du compositeur sud-africain Kevin Volans, élève de Stockhausen et Kagel. Quant à la voix, elle « éclate » en effet, à commencer dans son aspect parlé, puisque François Castang – un des piliers de France-Musique, entre autres avec son « à portée de mots » de midi à 13 heures qui fait commenter leur goût musical aux non-musiciens de métier – est récitant dans La Reine des Neiges, un Andersen adapté pour jeune public et dont les Debussy jouent la mise en notes de Patrick Cardy. Côté chanté de la voix, honneur au gospel, via Liz Mc Comb « la pasionaria » de Cleveland si vouée à l’humanitaire pour aider les exclus de toutes les sociétés.

Soprano, harpistes et cas d’Indy

Voix soliste, celle de Françoise Masset – une soprano qui chante aussi bien le baroque avec Hugo Reyne ou Emmanuelle Haïm que le contemporain – Mantovani, Michèle Reverdy -, souvent dans des formules originales de spectacle, chez Stuart Seide ou à la Péniche-Opéra de Mireille Larroche, l’insubmersible laboratoire flottant des canaux…-, en duo avec la harpiste Christine Icart, multi-lauréée, chambriste convaincue, et qui a déjà enregistré avec F.Masset pour des mélodies de Joseph Kosma. Il y aura d’ailleurs un écho du musicien de Prévert dans le concert en duo, franco-russe, Glinka, Tchaikovski répondant à Fauré, Saint-Saëns, Antony Girard. Le Chœur régional Elégie (Valéry Imbernon) prolongera cela en interprétant le Catalan contemporain Ramiro Real et la messe brève de l’hyper-Breton Guy Ropartz. Les Debussy remonteront sur le plateau ardéchois pour y faire écouter le 2e Quatuor de Vincent d’Indy, une des belles partitions de ce musicien dont la musique de chambre, au moins, n’inspire pas de malaise… : celui que répandirent bien des aspects du « vieux gentilhomme cévenol », patron nationaliste de la Schola Cantorum et pourtant fort wagnérien, adepte du procédé cyclique, musicalement sectaire (son Cours de Composition), catholique- et- Français- toujours, férocement antisémite (il fit même de cette « idéologie » un argument majeur de son opéra-oratorio « Saint Christophe », irreprésentable au regard de la loi française d’aujourd’hui), et enfin bref… Le public mélomane connaît surtout, lui, sa Symphonie sur un Chant Montagnard. On comprend que les Debussy – musiciens très cultivés et informés – n’aient pas fait de lui un des Saints Patrons de leur Ballade Ardéchoise, mais voilà une jolie occasion de discuter sur le « cas d’Indy », d’autant que la soirée sera du côté des embarcadères et étrennera la Péniche, nouveau lieu d’exposition, de rencontres et de concert-repas, amarrée « daux ports de Viviers puis de Cruas. De même, à l’ouverture du 3 juillet, la voix sera à l’honneur : Françoise Masset , avec le harpiste Christophe Truant, est au milieu des chanteuses du Chœur Britten (dirigé par Nicole Corti) pour une des grandes partitions que ce groupe a re-révélées (au concert, au disque), Le Miroir de Jésus d’André Caplet, écrit peu de temps avant sa mort par le disciple de Debussy. Outre les Quatre Chœurs de Maurice Ohana, par les Britten, on y entendra aussi par les Debussy deux raretés : l’adaptation (avec la harpe soliste, évidemment) des D anses – sacrée et profane -, et un Adagio pour quatuor d’orchestre du Belge Guillaume Lekeu (mort à 24 ans en 1894)…

Ligabue et Luca Antignani, Tosca et Farinelli

De France en Italie : les jeunes du Quatuor Prometeo (lauréats depuis 1995) à Prague, Bordeaux) iront sur les hauteurs rafraîchissantes de Montpezat pour chanter l’italien de leur naissance. En écho de Papa Haydn, on aura Padre Boccherini (le Père du Quintette à cordes) avec son Quatuor op.41, un inattendu Quatuor de Verdi et le Requiem per una masquera, du compositeur-fétiche des Debussy, et invité par eux comme Parrain du Festival, Luca Antignani. Les Debussy encore inscrivent à leur programme de Cruas Il re nella foresta, une partition d’Antignani qu’ils ont créée au printemps 2009, et qui à travers un tableau du « naïf » italien Ligabue montre « l’esprit tendu et affolé, le combat féroce » de cette musique en recherche. Sans oublier deux curiosités puccinienne et verdienne….Et puis il y a l’esprit Cordes-en-ballade, qui pousse par exemple le compositeur en résidence ( Luca Antignani, donc) à travailler avec les jeunes musiciens qui le mettent à leur programme de concerts et à animer le public par des « clefs d’écoute » explicatives de son œuvre. On peut ajouter à ces délices les sollicitations ambulatoires qui ont depuis les origines marqué le festival : randonnées musicales, visites faune et flore ou thématico-archéologiques (châteaux, églises, villages). Sans oublier les hommages au cinéma en musique, sur grand écran : une Tosca de Benoît Jacquot, un Farinelli de Gérard Corbiau…

11 ème Festival des Cordes en ballade. Du 3 au 14 juillet 2009 : Viviers, Cruas, Aubenas, Bourg Saint-Andéol, Montpezat sous Bauzon, Le Teil, Beauchastel, L agorce (07). Direction artistique du Quatuor Debussy ( Christophe Collette, Dorian Lamotte, Vincent Deprecq, Alain Brunier). Concerts : vendredi 3, 21h ;samedi 4, 16h, 18h ; dimanche 5, 21h ; jeudi 9, 21h ;vendredi 10, 15h, 21h ; samedi 11, 11h, 18h ; dimanche 12, 18h ; lundi 13, 18h ; mardi 14, 15h. Information et réservation : T. 04 72 07 84 53 ; www.ardeche-resa.com

Derniers articles

59ème Festival de La Chaise-Dieu : du 20 au 30 aout 2025 : L’Orfeo par Les Épopées, Le Messie par Le Concert Spirituel, Orchestre...

Bientôt sa 60ème édition, le festival de La Chaise Dieu n'a jamais mieux semblé se porter ... l’arrivée du...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img