lundi 5 mai 2025

Hélène Grimaud, piano. Richard Strauss Paris, Cité de la musique. Les 23 et 24 janvier 2009 à 20h

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Hélène Grimaud,
piano


Richard Strauss
Métamorphoses
Burlesque pour piano et orchestre
Cappricio (ouverture), Le Bourgeois Gentilhomme (suite)
Hélène Grimaud, piano
Europe Chamber orchestra
Vladimir Jurowski
, direction

Les 23 et 24 janvier 2009 à 20h
Paris, Cité de la musique


La quarantaine radieuse

Il fut un temps où l’on aimait mettre en avant deux choses s’agissant de l’aixoise Hélène Grimaud (née le 5 novembre 1969), comme si ses seules qualités pianistiques ne suffisaient pas: ses beaux yeux azuréens (qui continuent d’ailleurs de saisir les lecteurs lorsqu’ils les découvrent sur la couverture des magazines spécialisés), et les loups, pour lesquels l’artiste très engagée, a cofondé en 1999, un centre de recherche et de protection près de New York: le Wolf Conservation Center of South Salem.
Aujourd’hui l’ancienne élève de Pierre Barbizet à Marseille puis de Jacques Rouvier à Paris (Premier Prix obtenu au Conservatoire en 1985), a gagné en recul poétique, en réflexion sur le métier et le sens de la vie. Un perfectionnisme qui s’exprime dans ses choix de répertoires, dans la sélection très minutieuse des partitions enregistrées pour le disque. Concertiste certes, mais aussi, surtout, partenaire de nouveaux confidents avec lesquels elle aime désormais en véritable chambriste, défendre sa quête d’exigence et d’excellence musicale: Thomas Quasthoff, Gidon Kremer, Martha Argerich.
Dans Burlesque de Strauss, l’interprète souligne la pochade fulgurante, ce trait incisif et sarcastique mêlé d’humour et de facétie, mais emporté en un geste rapide. Celle qui vit à New York, et sur le vieux continent à Berlin puis dans les Alpes Suisses, près de la frontière allemande, aime surprendre et frapper là où on ne l’attend pas. La jeune femme qui aura 40 ans en novembre 2009 aspire à plus d’approfondissement, de paix intérieure, de quiétude et de vérité. En prenant le temps désormais de préparer chaque récital et chaque concert, la pianiste montre qu’elle attache une importance capitale avec une valeur clé qui fait la profondeur de chaque acte musical: le temps de la recherche, de la compréhension… autant d’approches maîtrisées qui sont l’antichambre des grandes interprétations.
Sa lecture du Concerto n°5 L’Empereur de Beethoven, où celle qui est plus à l’aise dans l’harmonie texturée d’un Brahms, a dû « réapprendre » la clarté plus linéaire de Beethoven, s’inscrit dans une réflexion humaniste et philosophique voire spirituelle, d’emblée moins « politique » (la haine de Beethoven pour Napoléon le « petit »). Chant de l’âme et chant d’amour (mouvement II) plutôt que posture opportuniste.
Son dernier cd Bach (programme en miroir composé de partitions du Director Musices de Leipzig mais aussi de leurs transcriptions par les auteurs romantiques) s’inscrit dans le son et la construction de Gould, Richter, Fischer, Perahia…
Quant au reste, qui est la cuisine esthétique des plus grands (comment par exemple obtenir un »son riche et rond, chaud et clair », …) , tout repose sur le jeu articulé et sa digitalité musicale. Le concert Richard Strauss de la Cité de la musique devrait confirmer la maturation atteinte par la prodigieuse pianiste.

Illustrations: Hélène Grimaud (DR)

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