mardi 6 mai 2025

CD événement, critique. WAGNER : Der fliegende Holländer / Le Vaisseau Fantôme (Bayreuth, 2013, Thielemann, 2 cd Opus Arte)

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cd_wag_flieg thielemann bayreuth 2013 youn merbeth selig critique cd par classiquenewsCD événement, critique. WAGNER : Der fliegende Holländer / Le Vaisseau Fantôme (Bayreuth, 2013, Thielemann, 2 cd Opus Arte). Sur la mise en scène provocante et bien peu poétique, signée Jan Philipp Gloger, créée en 2012, la réalisation musicale de Christian Thielemann confirme les affinités du chef berlinois (né en 1959) avec Wagner : attention intérieure pour chaque atmosphère, nerf et sensibilité, fluidité mais souffle architectural global. En maître dramaturge, Thielemann insuffle des éclairs fantastiques réellement impressionnants, scintillants dans un tissu orchestral chamarré et détaillé, d’une grande cohésion organique. Le geste assure la balance souvent hypnotique entre réalisme (Daland, Eric, les suivantes de Senta…) et le monde du rêve, celui de Senta que croise éperdument l’univers fantastique du Hollandais maudit et son navire fantôme. Le relief expressif de l’orchestre envoûte et captive de bout en bout. Ainsi peu à peu, le monde réel vacille vers le surnaturel, à travers le chant et les visions de plus en plus précises de la jeune femme : l’onirisme halluciné et cette part d’abord terrifiante puis enchanteresse prennent peu à peu le contrôle de la scène, à mesure que Senta est possédée par son rêve.
La distribution retient tout autant l’attention : le Daland du formidable Franz Josef Selig séduit par sa stature, son « chien », il affirme le talent en affaires d’un père inspiré, ailleurs épais et convenu. En Dutchman, la basse coréenne Samuel Youn gravit le sommet de la colline verte avec sincérité et gravitas, un éclat sombre et sûr qui impressionne malgré un allemand incertain et imprécis.

CLIC D'OR macaron 200D’autant que les seconds rôles sont idéalement incarnés : Benjamin Bruns (le Pilote de Daland), Tomislav Mužek (qui fait un Eric renouvelé, enivré, éperdu, malheureux fiancé de Senta) ; enfin Senta elle-même, âme embrasée, exacerbée et entière, d’une sincérité bouleversante qui se jette corps et âme dans la rencontre inespérée avec celui qu’elle attendait : le Hollandais errant. Ricarda Merbeth donne tout, réussit tout, incarne une Senta bouleversante et irrésistible, entièrement dévolue à sa quête idéaliste et extatique. La fin en ré majeur confirme l’apothéose triomphatrice de Senta sur le monde (petit, étriqué) qui l’entoure (et la contraignait). De ce point de vue, que l’on aime ou pas les partis pris réducteurs de Gloger, la direction musicale de Thielemann est claire : elle affirme l’ivresse éperdue et positive de Senta en fin d’action. La réalisation, c’est à dire l’accomplissement de son rêve. Pertinente, affûtée, intelligente, la direction de Christian Thielemann écarte toute réserve. La lecture est très convaincante. CLIC de CLASSIQUENEWS

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CD, critique. WAGNER : Der fliegende Holländer / Le Vaisseau Fantôme (Bayreuth, 2013, Thielemann, 2 cd Opus Arte)

 

Le Hollandais : Samuel Youn
Daland : Franz-Josef Selig
Senta : Ricarda Merbeth
Erik : Tomislav Muzek
Mary : Christa Mayer
Le Pilote de Daland : Benjamin Bruns

Orchestre et Chœurs du Festival de Bayreuth
Direction des Chœurs : Eberhard Friedrich
Christian Thielemann, direction
Mise en scène : Jan Philipp Gloger

Prise live Bayreuth, juillet 2013 – 2 CD – Opus Arte – durée : 2h13mn – CLIC de CLASSIQUENEWS

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