mardi 6 mai 2025

Lalo: Le Roi d’Ys. Rennes, Quimper. Du 3 au 11 mars 2008 Liège, Opéra Royal de Wallonie. Du 28 mars au 5 avril 2008

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Edouard Lalo
Le Roi d’Ys
, 1888

Rennes, Opéra. Du 3 au 9 mars 2008
Quimper, Théâtre de Cornouailles. Le 11 mars 2008

Liège, Opéra royal de Wallonie

Du 28 mars au 5 avril 2008
Davin, Pichon

Après le Capitole de Toulouse, en octobre 2007 qui confirmait Sophie Koch (Margared) comme l’un des mezzos français les plus dramatiquement engagés, Liège accueille un ouvrage tombé dans l’oubli qui cependant connut dès sa première en 1888, un succès immédiat et durable (connaissant sa 100 ème dès mai 1889, à peine un an après la création!). Contradictoirement à sa genèse qui fut très longue (la partition est amorcée en une première esquisse aboutie en décembre 1875, mais la première ne remonte qu’au 7 mai 1888), la forme prévilégiée par Lalo dans son opéra maritime, est la forme courte, non développée, fugace autant que fulgurante.

Apologie du très bref

« Pour le Roi d’Ys, j’ai fait absolument tout le contraire de ce que je fais pour la musique de chambre et la symphonie: je ne me suis servi que de formes très brèves et, d’un bout à l’autre, j’ai écarté délibérément tous les développements. Le désavantage de ce procédé, c’est l’écourtement musical; l’avantage, c’est la marche rapide de l’action dramatique.
 » Ainsi précise l’auteur, éloquent quant à sa conception d’une action rapide donc efficace.

Lalo face à Wagner
C’est comme si le compositeur français, terrassé par l’exemple wagnérien contemporain, ne se sentant pas de taille pour imposer sa propre vision du déploiement théâtral en musique, préfère abattre la carte du fugitif, voire de l’ellipse pour mieux justifier ses velléités de dramaturge lyrique. Son humilité face au « colosse » de Bayreuth en dit long sur l’état d’esprit des auteurs français vis à vis du créateur de la Tétralogie: fascination, répulsion, impuissance… Un caractère qu’avait mis en avant l’exposition de la Cité de la musique, (jusqu’au 20 janvier 2008: « Wagner, visions d’artistes »). « Seul, jusqu’à présent, le colosse Wagner, l’inventeur du vrai drame lyrique, a été de taille à porter un tel fardeau; tous ceux qui ambitionnaient de marcher sur ses traces en Allemagne ou ailleurs ont échoué, les uns piteusement, les autres honorablement quoique toujours copistes; je les connais tous. Il faudra dépasser Wagner pour lutter sur son terrain avec avantage, et ce lutteur ne s’est pas encore révélé. Quant à moi, je me suis redu compte, à temps, de mon impuissance, et j’ai écrit un simple opéra… cette forme élastique permet encore d’écrire de la musique sans pasticher les devanciers, de même que Brahms écrit des symphonies et de la musique de chambre, dans la vieille forme, sans pasticher Beethoven ».

Au demeurant, Lalo tout en assimilant la forme wagnérienne en plusieurs endroits du Roi d’Ys, se tourne plus clairement vers Beethoven dont il admira très tôt les symphonies et les ouvertures, en particulier celle de Coriolan… Au diapason de la fureur, adepte de la forme rapide, fulgurante, Lalo se montre aussi plus proche d’Ortrud que d’Isolde. Les invectives de Margared, vrai personnage central de l’oeuvre, incarne une force noire, instinctive, sanguine, immaîtrisée. Il n’y pas chez Lalo, cette veine amoureuse et languissante, sensuelle et voluptueuse d’un Fauré, d’un Franck, d’un Massenet, surtout d’un Gounod. Ni érotisme ni tendresse. Les déclarations de l’auteur sont là encore très claires: « ... les rôles qui m’ont passionné en écrivant le Roi d’Ys sont ceux de Margared et de Karnak; le reste vient en surplus et m’est presque indifférent« . Cette fascination pour la noirceur psychologique, pour l’esprit de la rébellion et le sens d’une sauvagerie primitive, ne s’embarrasse pas ou presque de couleurs locales, à peine si dans les choeurs, Lalo réutilise les thèmes bretons, probablement proposés par son épouse, bretonne d’origine. A l’orchestre, l’eau omniprésente qui menace d’engloutir la ville d’Ys, n’est pas évoquée dans sa forme onirique, ondoyante, magicienne (à la façon de Sadko de Rimsky par exemple..) mais bien au contraire, dans ce qu’elle a de plus terrifiant, sourd, cataclysmique. Avec Ys, Lalo connaît une juste reconnaissance: A 65 ans, le compositeur atteignait cette gloire musicale qu’il avait toujours ciblé sans penser qu’un jour il l’obtiendrait de son vivant.

Illustration: Arnold Böcklin, L’île des morts (DR)

Le Roi d’Ys en France: après Toulouse, l’ouvrage de Lalo est présenté en version de concert, du 3 au 9 mars 2008 à l’Opéra de Rennes, puis le 11 mars au Théâtre de Cornouailles à Quimper.

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