Francis Poulenc
Dialogues des Carmélites, 1957
Anvers, Vlaamse opera
Du 8 au 22 mars 2008
Gand, Vlaamse opera
Du 2 au 13avril 2008
Jean-Claude Casadesus, direction
Robert Carsen, mise en scène
A l’origine de l’oeuvre, Bernanos adapte le roman de Gertrud von Le Fort (Die Letzte am Schafott, La Dernière à l’échafaud, 1931) pour un scénario que le réalisateur Pierre Agostini destine au cinéma. L’histoire raconte le martyre des 16 carmélites de Compiègne, décapitées sur décision du tribunal révolutionnaire, d’après le témoignage de Mère Marie de l’Incarnation, l’une d’entre elles.
Créé à Milan (en italien) le 26 janvier 1957 sur les planches de La Scala, Dialogues des Carmélites connaît sa première française, le 21 juin de la même année, avec Régine Crespin sous la direction de Pierre Dervaux à l’Opéra de Paris. Tenant sans faiblir, la ligne du chant, une déclamation souple proche du texte dont le travail renvoie directement à Monteverdi, Poulenc réussit un chef-d’oeuvre de la scène française, d’une implacable efficacité tragique, associant à la perfection de la langue ainsi créée, la force et la violence d’une action musicale qui oppose l’esprit de la terreur et l’innocence assumée, clairvoyante des 16 carmélites de Compiègne dont se détâchent Blanche et Constance. Cependant réduire l’ouvrage à une simple vision manichéenne serait indigne de la complexité psychologique que l’auteur apporte au devant de la scène: Poulenc brosse un portrait bouleversant d’une jeune femme traversée par le doute et la peur, puis tirant de son impuissance et d’une angoisse inédite face à la vie et à la mort, sa force morale imprévisible. « La Dernière à l’échafaud », c’est Blanche qui au terme d’une longue mise à l’épreuve réussit, en héroïne plus qu’en victime, son épreuve du feu.
TDK a enregistré la vision de Robert Carsen, dans une production captée sur la scène de la création (La Scala, hélas chantée en français), sous la baguette de Riccardo Muti (2004). Lire notre critique des Dialogues des Carmélites de Poulenc par Muti/Carsen (1 dvd TDK)
Illustration: William Bouguereau, l’orage (DR)