lundi 5 mai 2025

Jacques Offenbach: La grande duchesse de Gerolstein (1867). Minkowski/Pelly (2004) Mezzo, du 20 au 30 novembre 2007

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Jacques Offenbach
La Grande Duchesse de Gerolstein
, 1867


Mezzo
Le 20 novembre 2007 à 15h25
Le 23 novembre 2007 à 4h25
Le 30 novembre 2007 à 15h20

Opéra filmé à Paris. Théâtre du Châtelet, en octobre 2004. Felicity Lott (La Grande-Duchesse), Sandrine Piau (Wanda), Yann Beuron (Fritz), Franck Leguérinel (Baron Puck), Éric Huchet (Prince Paul), François Le Roux (Général Boum), Boris Grappe (Baron Grog), Alain Gabriel (Népomuc), Christophe Grapperon (Le Notaire, Chef de chœur). Chœurs et Orchestre des Musiciens du Louvre – Grenoble, Marc Minkowski (direction). Laurent Pelly (mise en scène et costumes), Chantal Thomas (décors), Laura Scozzi (chorégraphie), Joel Adam (lumières).

Délire glaçant d’une duchesse nymphomane
La production du Châtelet marquait un retour exemplaire de la partition de Jacques Offenbach, plus guère jouée sur la scène parisienne depuis plus de 20 ans. Dans le sillon tracé par Régine Crespin qui y chanta le rôle-titre en 1981, Felicity Lott, alliant élégance, distinction et cocasserie, s’affirme indiscutablement, ambassadrice idéale de cette verve cynique et délirante qui caractérise le théâtre du compositeur, et « La Grande Duchesse » en particulier.

L’ouvrage qui est créé l’année de la Deuxième Exposition Universelle (1867) à quelques temps de la défaite de 1870, cible les travers de la société du Second Empire alors finissant. C’est Hortense Schneider qui porta le lustre du rôle et assura le succès de cette comédie grinçante. Après La Belle Hélène, et toujours à la demande du directeur de théâtre, Jean-Pierre Brossmann, La Grande Duchesse convoque les mêmes interprètes dont le trio leader Minkowski/Pelly/Scozzi dévoile de nouveaux attraits. Voici trois actes de pure magie théâtrale, dont la ciselure, alliance d’intelligence et de création scénique (faisant la part belle à la pantomine) porte la marque de Laurent Pelly: le metteur en scène qui a baigné toute son enfance dans Offenbach grâce à ses grands parnts et à ses parents mélomanes, s’en donne à coeur-joie, inspiré par la fantaisie et le rêve, à la fois féerie, glissade cauchemardesque et utopie onirique. Saluons par exemple le trio de la conjuration (parodie de la bénédiction des poignards des Huguenots de Meyebeer) ici restitué dans sa verve décallée d’origine, ou encore le tableau collectif du Carillon de ma grand-mère (final du II) millémétré et parfaitement efficace. La scène (décor de Chantal Thomas) restitue plusieurs tableaux de désolation, des univers terrifiants finalement à la mesure d’une Grande Duchesse déjantée mais despotique dont le caprice (hanté par l’obsession de la cabriole) saisit les sens jusqu’à l’effroi. La pertinence des options scénographiques doit beaucoup à la consultation active de Jean-Christophe Keck qui reste aujourd’hui l’un des meilleurs offenbachiens. Ainsi, la production qui profite d’un travail de recherche, ajoute la Méditations de la Grande Duchesse, air généralement « oublié » des productions antérieures, et qui révèle les tréfonds de la folie d’une souveraine en mal de sensation (début du III)

Sans avoir les qualités vocales requises pour le rôle, Felicity Lott en maîtrise chaque facette psychologique, avec un tact, un style, une nature, confondants. Du reste démontre-t-elle davantage de vraisemblance que dans la Belle Hélène. A ses côtés, la sensibilité éloquente de Yann Beuron (Fritz) ajoute à la réussite de l’action comme le trio des conspirateurs (Puck/Paul/Boum: Franck Leguérinel, Éric Huchet et François Le Roux). Disposant d’un orchestre étoffé (dont Offenbach ne disposait pas aux Variétés), Minkowski mène son monde à la baguette, parfois forçant le trait, préférant le volume instrumental, quitte à couvrir le jeu des chanteurs. Quoiqu’il en soit, le spectacle a fait les délices du public parisien venu nombreux l’applaudir, durant la fin de l’année 2004, d’octobre à décembre.

Crédit photographique: Felicity Lott (DR)

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