lundi 5 mai 2025

Richard Strauss, Une vie de héros, opus 41. Isaac Karabtchevsky, Onpl Nantes et Angers, du 20 au 27 novembre 2007

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Richard Strauss
Une vie de héros
, opus 40

Orchestre national des Pays de La Loire

Isaac Karabtchevsky
, direction

Nantes, Cité des Congrès
Mardi 20 et mercredi 21 novembre 2007 à 20h30

Angers, Centre de Congrès
Dimanche 25 novembre 2007 à 17h
Mardi 27 novembre 2007 à 20h30

Une vie de Héros de Richard Strauss est couplée avec
Frédéric Chopin
: Concerto pour piano n°1
Dang Thaï Son
, piano

Splendeurs orchestrales sur le mode personnel
Après Don Quichotte (1898), Une vie de Héros, opus 40, met un terme au cycle grandiose des poèmes symphoniques que l’auteur porte à son paroxysme expressif, tout en absorbant les formes et les pistes de la modernité. Strauss s’essaie avec liberté et invention à expérimenter une très large palette de possibilités instrumentales, certes circonscrites dans le « cadre » fixé par son sujet, ici une auto proclamation, une sorte de journal autobiographique, une manière de double musical. Son esprit facétieux autant qu’épique donne matière à un foisonnement de l’écriture qui n’est pas seulement « descriptive » : il est aussi purement instrumental, expérimental, toujours évocatoire…
A l’époque de la Seconde Symphonie « Résurrection » de Mahler, également autobiographique, Strauss semble animé par une même aspiration spirituelle qui lui inspire ce mouvement spéculatif, expiatoire, démonstratif sur sa propre carrière. Il a trente cinq. Evocant les épisodes d’une épopée domestique, six morceaux s’enchaînent formant une ample sonate organisée par un ciment thématique (onze thèmes distincts) dont le style a été considéré comme le plus classique des poèmes composés, regardant rétrospectivement vers Beethoven ou Berlioz. L’oeuvre dédiée à Willem Melgelberg et à l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam est créée le 3 mars 1899 sous la direction de l’auteur, suscitant l’enthousiasme du public. C’est depuis sa création, l’une des oeuvres les plus incontournables, à l’aune de laquelle se mesure les phalanges symphoniques, soucieuses de démontrer leur capacité.

1. « Der held », le héros. Au commencement telle une autoproclamation dont la critique éreintée, malgré le succès immédiat de l’oeuvre jusqu’à l’hystérie (selon les témoignage de Romain Rolland), a reproché le narcissisme volontaire, Strauss se présente avec une emphase lyrique pleinement assumée : c’est l’avènement du héros victorieux et conquérant, défiant l’univers et les hommes, dans la tonalité de mi bémol majeur, celle du triomphe.
2. « Des Helden Widersacher » : il s’agit d’un scherzo caricatural dans lequel l’auteur épingle les « ennemis duhéros » : ces critiques gavés de fausses et étroites certitudes à l’esprit arrogant et pincé. Flûte, hautbois puis tuba insistent sur la tonalité sarcastique de la pièce où malgré de vains assauts contraires, le héros triomphe toujours.
3. « Des Helden Gefährtin », la compagne du héros est madame Strauss soi-même : personnalité versatile et capricieuse s’il en est, comme l’indique le violon solo. agitations, disputes? tout se calme bientôt en un long adagio amoureux, pacifié.
4. « Des Helden Walstatt » : l’emportement guerrier des trompettes installent « le combat du héros » : les adversaires du deuxième chapitre, reparaissent. Volée de projectiles (flûte piccolo), fracas des armes affrontées (cuivres) : la guerre brossée par un Strauss qui veut en découdre enthousiasme Rolland qui reconnaît « la plus formidable bataille jamais peinte en musique! ». L’envolée martiale s’achève sur un nouveau chant de victoire (exaltant si majeur)
5. « Des Helden Friedenswerke » expriment les « oeuvres de paix du héros » : aspiration mystique, conscience philosophique qui citent les poèmes antérieurs, « Don Juan » et « Zarathoustra » (aux cors à la noble puissance), mais encore, « Mort et Transfiguration », « Don Quichotte » : l’auteur fait face à son oeuvre et s’expose à une sorte de bilan personnel et rétrospectif
6. Après un court intermède tragique, c’est « la retraite du héros et l’accomplissement » ( Des helden weltflucht und vollendung) : cor bucolique, puis thème de la résignation, enfin, renoncement exprimé en une lente berceuse. Au terme du cycle des épreuves, le héros assume le sens de toute une vie pleinement acceptée.

Crédit photographique: Isaac Karabtchevsky (DR)

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