Georg Friedrich Haendel
Le Messie HWV 56, 1742
Jeudi 1er novembre 2007 à 20h
Nice, Palais Acropolis. Salon Apollon
Choeur Régional Vocal Provence
Ensemble Baroque de Nice
Gilbert Bezzina, direction
Trop en avance sur son temps
L’oratorio le plus populaire de Haendel occupe paradoxalement une
place singulière dans le catalogue de ses oeuvres. Ecrit en quelques
jours, du 22 août au 14 septembre 1741, l’oeuvre est créée à Dublin
suscitant un triomphe sans précédent: l’audience compte près de 700
auditeurs. L’ouvrage est ensuite repris à Londres, le 23 mars 1743, où
les choses se gâtèrent quelque peu.
Mais, oser mettre en musique
et de façon aussi dramatique, dans un théâtre de surcroît, les textes
sacrés: voilà qui en était trop pour la majorité du parterre. Il en fut
ainsi lors de la création d’Israël en Egypte (1739) dont
l’importance des choeurs et la mise en forme opératique d’un texte
religieux, dérouta les spectateurs. Haendel connut là aussi un échec
marquant.
Trop en avance sur la sensibilité de ses contemporains,
Haendel allait devoir attendre encore quelques années. 1750, pour être
rprécis, quand, joué chaque année dans la chapelle du Founding
Hospital, Le Messie sut convaincre un nombre croissant d’auditeurs.
Interprété plus de trente fois, l’oeuvre est remaniée à chaque
exécution, en fonction des possibilités à disposition, des musiciens et
des chanteurs occasionnels.
Un oratorio en trois parties
A
l’origine réduite aux cordes, trompettes et timbales, l’orchestration
fut peu à peu enrichie par adjonction de hautbois et de bassons. Grâce
à la compilation opérée par Charles Jennens (collaborateur précédent
pour Saul, créé en 1739), le livret du Messie est parfaitement
structuré, clair et cohérent. La première partie cite les Evangiles et
met en scène les Prophètes annonciateurs du Christ. Dans le deuxième
partie, les textes choisies à partir des Lamentations de Jérémie et des
Psaumes évoquent la Passion et la Résurrection du Christ. Enfin, en
conclusion comme une apothéose riche en enseignement spirituel, la
sélection de Lettres de Saint-Paul, souligne le symbolisme de la
Résurrection. Le Messie n’est pas un personnage en tant que tel. Il
reste néanmoins le sujet principal et est constamment présent par
analogies, citations directes ou métaphores, autant d’apparentes
digressions ou d’ellipses dans lesquelles excelle le génie expressif de
Haendel. Le compositeur âgé de 57 ans, qui a derrière lui, une carrière
prestigieuse d’auteur lyrique, a conservé un feu intérieur intact dans
l’évocation des sentiments exaltés, dans la suggestion de tableaux
épiques, intérieurs, poétiques ou exclamatifs.
L’oeuvre exalte la
grandeur et l’omnipotence du Christ, contrairement aux Passions de Bach
qui insistent sur les vertiges inquiets des fervents et sur les
souffrances du Sauveur. Haendel prendra dès 1742 sa revenge avec Samson,
probablement achevé au moment de la création du Messie, mais dont la
création au Théâtre Royal de Convent Garden, le 18 février 1743, allait
transporter les spectateurs, en particulier grâce au rôle-titre, tenu
par un ténor.
Présentation globale du festival C’est pas classique 2007 (avec notre sélection des concerts incontournables)
Illustrations
Titien: Mise au Tombeau
Piero della Francesca, La Résurrection