Thierry Escaich,
Orchestre national de Lyon
Lyon, Auditorium Maurice Ravel,
le 25 février 2007 à 11h
Le 5 ème résident
Préfiguration d’une résidence. On sait l’importance que revêt dans la vie d’un orchestre et dans le lien vivant avec le public le principe d’une résidence. L’Orchestre National de Lyon en arrive à sa 5e expérience, depuis qu’Emmanuel Krivine avait inscrit cette formule dans la charte de l’ONL, avec M.Jarrell, P.Dusapin, J.L.Florentz, et P.Hersant. Le patron actuel de l’Orchestre, Jun Märkl, reprendra pour la saison 2007-08 cette « bonne coutume », dont le climat peut d’ailleurs varier en regard des goûts pédagogiques du résident, de son contact avec les musiciens, de son désir d’aller à la rencontre des spectateurs. Et puis être un compositeur de haut talent ne signifie pas forcément pouvoir séduire les uns et les autres par ses qualités d’interprète : si l’histoire musicale est remplie de Mozart, de Beethoven ou de Debussy, elle note sans doute quelques Berlioz, instrumentistes médiocres voire incapacités. Le prochain résident de l’ONL ne court pas le risque-Berlioz : Thierry Escaich est un irréprochable virtuose, mais a priori isolé en tribune comme tous les organistes d’églises et de cathédrales . Et l’Auditorium Ravel est doté d’un Cavaillé-Col (côté tuyaux), maintes fois« rhabillé » pour sa carrière au Trocadéro et à Chaillot, avant de gagner Lyon où son installation dans la salle de concerts suscita de jolies polémiques. Mais Thierry Escaich, spécialiste de l’orgue, est aussi un généraliste du clavier, donc pianiste.
Sous l’écran et la croix
A Lyon, il sera aux claviers pour son premier récital d’intégration soliste en …musique de chambre. Ce jeune compositeur (41 ans), surlauréé par les Conservatoires – où il enseigne à son tour-, successeur des Duruflé à la tribune de Saint-Etienne-du-Mont répudie les théories, le langage pour le langage ; sa musique de lyrisme veut toucher, voire emporter dans un tourbillon dont l’inspiration chrétienne se teinte de mystique (Dernier Evangile ; Vertiges de la Croix). Messiaen figure donc très logiquement à son programme de bienvenue lyonnais, avec les Corps Glorieux, un extrait de l’Ascension, et une improvisation sur le nom d’Olivier. Au milieu de ses futurs « collègues », T.Escaich écoutera F. Kowalski et N. Hartmann rendre hommage au Ravel âpre du Duo violon-violoncelle, et les rejoindra au piano (avec A.Détienne, altiste, et V.Jacquart, violoniste) pour un quintette, la Ronde, d’après Schnitzler. Et là, c’est un autre visage du compositeur : le parfum de la Vienne sur le bord de l’abîme, les obsessions de ritournelles tournoyantes, la mécanique des pantins dérisoires ne peuvent que s’y mélanger avec le souvenir du film de Max Ophuls. Et replacer le compositeur français sous l’écran de sa mémoire, selon une « double postulation baudelairienne » : Dieu contre Eros, sans savoir qui sera vainqueur.
Programme
Ravel: Duo pour violon et violoncelle (18’)
Florent Kowalski (violon), Nicolas Hartmann (violoncelle)
Messiaen: Les Corps glorieux, pour orgue (5’)
Messiaen: « Alléluias Sereins d’une âme qui désire le Ciel » extrait de l’Ascension, pour orgue (7’)
Escaich: Improvisation sur le nom de Messiaen (10’)
Thierry Escaich (orgue)
Escaich: La Ronde, pour quatuor à cordes et piano (12’)
Thierry Escaich (piano), Florent Kowalski (violon)
Andréane Détienne (violon), Valérie Jacquart (alto)
Nicolas Hartmann (violoncelle).
Crédit photographique
Thierry Escaich (DR)