mardi 29 avril 2025

17 ème Festival Musicades Lyon, du 13 au 19 septembre 2007

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Musicades de Lyon 2007
« El cant dells ocells », 5 concerts de musique de chambre.
Les 13, 14, 16, 18 et 19 septembre 2007 à Lyon, Salle Molière.

Passionnés de musique et interprètes de légende

Les Musicades de Lyon en sont à leur 17e édition. Mais cette numérotation cache une assez grande disparité entre les différentes époques de ces concerts à la fois prestigieux et sans fracas médiatique. A l’origine, en 1989, le luthier Jean-Frédéric Schmitt et sa femme Marie-Jo, Bernard Maillot et le musicologue Gilles Cantagrel : leur projet d’implantation d’une « série chambriste » en Avignon échoue au dernier moment, et ils se replient sur Lyon, où la nouvelle municipalité (Michel Noir) se montre favorable à l’entreprise, et l’aide financièrement. Ces passionnés de musique et d’instruments surent favoriser la rencontre d’interprètes légendaires – tel Félix Galimir, qui fut avec le Quatuor qui porte son nom le créateur de la Suite Lyrique de Berg, ou le pianiste Conrad Hansen – , d’artistes reconnus, et de jeunes en « apprentissage supérieur ». Car l’essentiel des Musicades résidait en un processus d’Académie, inspiré de ce qui avait commencé aux Etats-Unis tout de suite après la Seconde Guerre, à Marlboro, où s’étaient en particulier retrouvés tant d’artistes chassés d’Europe par le nazisme. Le Conservatoire Supérieur de Lyon accueillait début septembre tout un dispositif d’enseignement, ouvert dans certains cas au public, et qui s’ouvrait aux mélomanes chaque soir par des concerts donnés à la Salle Molière, temple lyonnais de la musique de chambre.

Une pédagogie conviviale qui fit la grandeur des Musicades

En fait il y eut bien vite des fédérateurs comme le violoniste américain Joseph Silverstein, les Italiens Bruno Giuranna (alto) et Rocco Filippini (violoncelliste), et du côté français, le pianiste Christian Ivaldi et le violoncelliste Alain Meunier, tous partageant une direction artistique et pédagogique alternée. Une interruption en 1995, un redémarrage ultérieur, et puis, à travers des difficultés d’organisation et de soutien financier (Région et Ville de Lyon, et des sociétés mécènes), l’impossibilité depuis 2002 de réaliser la partie – si décisive – d’Académie. Car le Conservatoire a dû finalement reprendre ses locaux pour les concours d’entrée, et l’accueil initial de Gilbert Amy n’a pu se poursuivre. On est donc reparti avec une série de concerts, qui ont pris un tour thématique: en 2006, les sextuors de Brahms joués sur instruments de la grande lutherie italienne ancienne, et en 2007, la musique de Catalogne. Peut-être retrouvera-t-on plus tard – et tant la volonté des fondateurs, J.F. et M.J.Schmitt, est persévérante, de même que leur implication personnelle, sur tous les plans -, ce qui fit la grandeur de ces Musicades, l’élan de rencontres des aînés et de leurs élèves, et les interprétations mémorables qui en résultèrent.

Romantisme, et ensuite?

Pour l’heure, place à cette session catalane organisée par l’Association Musicalyon, qui s’inscrit aussi dans le « jeu des quatre coins » de régions européennes, Rhône-Alpes étant partenaire de la Catalogne, de la Lombardie et du Bade-Wurtemberg. Le programme des concerts est à la fois ouvert sur l’histoire musicale européenne, et sur le pré carré (rectangulaire ? ) de la Catalogne d’hier et d’aujourd’hui. Le romantisme est comme toujours en Musicades à l’honneur, à travers Schubert – le 1er Trio, op.99, et le plus rare « Mignon », adapté en « chambrisme » par le compositeur allemand Aribert Riemann – et Brahms (quintette opus 111), des partitions-clés ausquellent répondent en écho post-romantique, le Grand Trio de Tchaikovski (Tombeau de Rubinstein), le cyclique Quintette de Franck et la Sérénade de Hugo Wolf. Plus tard, le jeune Quatuor du si jeune Ravel, l’un des testaments chambristes de Fauré, son 2e Quintette op.115, et Schoenberg « entredeux mondes » (La Nuit Transfigurée, complétée par la Fantaisie violon-piano).

Catalogne, Catalogne

Et puis la Catalogne, par ses compositeurs et ses interprètes. On connaît mieux Federico Mompou, qui sera célébré par des œuvres pour piano. Mais Roberto Gerhard, né catalan en 1896, mort anglais en 1970, qui fut le premier et seul élève ibérique de Schoenberg à Vienne et Berlin, et qui paya sa fidélité à la république espagnole d’un long exil et d’un « oubli » total par le franquisme ? On écoutera son Trio, et on pensera qu’il avait écrit un Don Quixote, 4 symphonies ( Collages, New-York…) et une partition inspirée par la Peste de Camus. Joaquim Serra i Corominas (1907-1957) était, lui, tout entier inspiré par les sardanes, dont il écrivit un précieuxTraité d’instrumentation : cic, ce sera « Matinal » pour trio et voix. Xavier Montsalvatge (1911-2002), qui vécut longtemps à Paris, fut enseignant et critique à Barcelone et s’inspira dans sa composition de Strawinsky, du Groupe des Six, du floklore catalan et de la polytonalité : des Mélodies avec piano. Joan Guinjoan, né en 1931, a étudié et travaillé en France, avant de devenir une autorité musicale à Barcelone et en Espagne : prix Vittoria en 2004, créateur du Club Diablus in Musica, chef d’orchestre (l’ensemble 2e2m), compositeur – cela va de soi, non ? – d’un opéra sur l’architecte Gaudi, et on écoutera ici son Passim-Trio…Des mélodies catalanes traditionnelles feront écho à celles écrites par Granados.

Du côté des interprètes…
…il y a maintenant une 3e ou 4e génération-Musicades : les violoncellistes Francis Gouton et Johannes Goritzki, les altistes Bruno Pasquier ou Wolfgang Talirz, les violonistes Marie Charvet ou Matthias Lingenfelder et Barbara Doll, et le tout jeune Eugen Tichindeleanu. Et encore les pianistes, Emili Brugalla ou le déjà célèbre Catalan Josep Colm. Et des benjamins, la Japonaise Mozomi Matsumoto et le Français Yvan Robilliard, qui improvisera en jazz. Sans oublier la soprano Ofelia Sala, héroïne mozartienne ou straussienne à l’Opéra (l’une des révélations des récentes Musicades), le Trio Kandisnky ou le très jeune Quatuor Dissonances (issu du CNSM de Lyon). Tout cela, c’est « el cant dells ocells », un chant qui traverse Pyrénées et Méditerranée en ce milieu de septembre qu’on espère lumineux. D’autant que le CNSM ouvrira certaines de ses portes, comme « à la grande époque », pour des rencontres avec les compositeurs et interprètes, et que certaines répétitions pourront être ouvertes au public.

Lyon, Musicades. Salle Molière. Les jeudi 13, vendredi 14, dimanche 16, mardi 18 et mercredi 19 septembre 2007. Informations, programmes, réservations: www.musicades.com

Crédits photographiques
(1) Frédéric Mompou (DR)
(2) Xavier Montsalvatge (DR)

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