ARTE, jeudi 31 janv 2019 : BERLIOZ : LES TROYENS, 22h50. Premier Ă©vĂ©nement lyrique de lâannĂ©e 2019, et pour les 150 ans de la mort de son auteur Hector Berlioz, Arte diffuse depuis lâOpĂ©ra Bastille, son Ćuvre spectaculaire et hĂ©roĂŻque : Les Troyens, fresque mythologique, comprenant La Chute de Troie, puis les Troyens Ă Carthage, et que Berlioz ne put jamais voir intĂ©gralement montĂ© de son vivant. Il y a le Ring de Wagner ; il y a Les troyens de Berlioz. A chacun, son style et sa source ; Ă tous deux nĂ©anmoins, lâambition de marquer lâhistoire de lâopĂ©ra romantique. Berlioz reste inspirĂ© par MĂ©hul, Spontini, Lesueur (qui fut son maĂźtre, avec Reicha) ; il avoue ĂȘtre proche de Weber et de Beethoven? Sâinterroge sur le sens du théùtre chantĂ© et de la place de lâorchestre, comme Kreutzer.
Et comme Wagner, Berlioz Ă©crit lui-mĂȘme son livret. InspirĂ© dâHomĂšre et de Virgile.
Que vaudra cette nouvelle production ? Avouons nos rĂ©serves dĂšs lâannonce du metteur en scĂšne : Dmitri Tcherniako. Lequel nâavait pas Ă©hsitĂ© Ă Aix rĂ©cemment, Ă rĂ©viser et Ă réécrire la fin de Carmen. BlasphĂšme ridicule et arrogant vis Ă vis de lâauteur Bizet (et de MĂ©rimĂ©e) ; ou gĂ©nial relecture⊠A chacun de juger.
Quâen sera-t-il sur la scĂšne de Bastille ?
Pas facile de respecter lâĆuvre, sa profondeur poĂ©tique, psychologique, et fantastique, malgrĂ© sa dĂ©mesure apparente. Avec Tcherniakov, au nom d’une soi disante rĂ©alitĂ© et actualisation rĂ©gĂ©nĂ©ratrice, l’obligation des costumes actuels, l’absence des rĂ©fĂ©rences Ă l’AntiquitĂ© et au monde hĂ©roĂŻque et virgilien, qui a tant inspirĂ© Berlioz, imposent au spectateur / auditeur, un spectacle d’un terne dĂ©poĂ©tisĂ©, sans ivresse ni lyrisme aucun, car rien ne prime que ce qui est propre au metteur en scĂšne… le théùtre. Est-il raisonnable toujours de dĂ©naturer ainsi la magie de l’opĂ©ra romantique français inspirĂ© des grands classiques et antiques, de Virgile Ă Gluck ? Reconnaissons que les mises en scĂšne actuelles prennent un malin plaisir Ă dĂ©cortiquer la chose lyrique en la dĂ©vitalisant… Ainsi Les Troyens de Berlioz version Tcherniakov ne ressembleront pas aux hĂ©ros du songe d’Ossian, mais Ă des nĂ©oados en sweat et tee shirts, nouveaux manifestants portant pancartes et inscriptions, simples et claires… l’opĂ©ra 2019 doit ĂȘtre comprĂ©hensible.
En 1990, lâOpĂ©ra Bastille, fraĂźchement inaugurĂ©, lançait sa premiĂšre saison avec les Troyens – une version lĂ©gendaire conduite par Myun Whun Chung dans le prolongement du bicentenaire de la RĂ©volution française et lâinauguration de la salle neuve. Aujourdâhui, lâOpĂ©ra national de Paris renouvelle le spectacle, rĂ©unissant de solides solistes⊠des voix françaises (StĂ©phanie dâOustrac, VĂ©ronique Gens, StĂ©phane Degout), la mezzo-sporano Ekaterina Semenchuk en place Elina Garanca, initalement prĂ©vue, et le tĂ©nor amĂ©ricain Brandon Jovanovich (EnĂ©e).
Dans la fosse, on retrouve Philippe Jordan, directeur musical de lâOpĂ©ra national de Paris, trĂšs amateur du langage « visionnaire » de Berlioz. Sa sensibilitĂ© instrumentale et intĂ©rieure pourrait Ă©clairer cette facette mĂ©connue du compositeur, sa psychologique inquiĂšte, ses Ă©clairs Ă©motionnels, si percutants et structurant mĂȘme dans la Symphonie Fantastique de 1830.
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Les Troyens
OpĂ©ra en cinq actes dâHector Berlioz (France, 2019, 4h)
Livret : Hector Berlioz, dâaprĂšs LâĂnĂ©ide de Virgile
Mise en scÚne et décors : Dmitri Tcherniakov
Direction musicale : Philippe Jordan
Direction des chĆurs : JosĂ© Luis Basso
Avec : Ekaterina Semenchuk (Didon), StĂ©phanie dâOustrac (Cassandre), Brandon Jovanich (ĂnĂ©e), VĂ©ronique Gens (HĂ©cube), StĂ©phane Degout (ChorĂšbe), Cyrille Dubois (Iopas), lâOrchestre et les ChĆurs de lâOpĂ©ra national de Paris â RĂ©alisation : Andy Sommer
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SYNOPSIS… AprĂšs le retrait de leurs troupes, les Grecs ont laissĂ© au cĆur de la ville de Troie un Ă©trange prĂ©sent : un immense cheval de bois. Pressentant quâun malheur va sâabattre, Cassandre – la troyenne illuminĂ©e qui voit tout mais que personne nâĂ©coute, ne parvient pas Ă cacher son angoisse. ChorĂšbe, son amant, est impuissant Ă la rassurerâŠ
A Carthage, EnĂ©e rentre de Troie et croise le regard de la belle reine Didon. Le grec magnifique se laisse aller quelque temps Ă lâextase amoureuse (superbe scĂšne nocturne). Mais le devoir appelle EnĂ©e en Italie, oĂč il doit fonder Rome. Devoir ou amour ? Que choisera EnĂ©e ? Didon ou la gloire ?
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LIRE aussi notre grand dossier HECTOR BERLIOZ 2019
ARTE, Les Troyens de Berlioz – nouvelle production
depuis lâOpĂ©ra Bastille Ă Paris
Jeudi 31 janvier 2019 Ă 22h50âšsur ARTE et ARTE Concert
et en replay jusquâau 24 avril 2019 sur arteconcert.com