CD, coffret Ă©vĂ©nement. Mozart : The Symphonies.The Academy of ancient music. Christopher Hogwood, direction. (19  cd L’oiseau Lyre). L’Oiseau Lyre renaĂ®t de ses cendres avec cette réédition (avec le recul très inspirĂ©e et valablement documentĂ©e) des intĂ©grales symphoniques de Christopher Hogwood. Le chef fondateur et directeur musical de The Academy of Ancient Music, dĂ©cĂ©dĂ© en septembre 2014, laisse dans ce coffret Mozart (intĂ©grale des Symphonies), la quintessence de son approche historiquement informĂ©e, – pointilliste et synthĂ©tique, d’un Ă©quilibre solaire-, rĂ©vĂ©lĂ©e et enregistrĂ©e dès 1979 : son Mozart fait scintiller en un Ă©quilibre olympien (jupitĂ©rien par rĂ©fĂ©rence Ă la Symphonie ultime 41), toutes les facettes instrumentales de l’orchestre mozartien.
 Mozart solarisé sur instruments anciens
Étonnante maestria orchestrale que celle de Christopher Hogwood chez Mozart dont il sait grâce Ă l’Ă©clat ciselĂ© des instruments anciens, restituer le volume sonore, le raffinement inouĂŻ de l’instrumentation avec cette clartĂ© et ce jeu permanent prĂ©servant l’équilibre, valorisant le caractère de chaque mouvement.
Très convaincant par exemple, l’apport du chef et des instrumentistes dans deux Symphonies d’une subtilitĂ© inĂ©puisable – programme du cd 16 ; évidemment la Parisienne Ă©crite malgrĂ© sa complexitĂ© et sa modernitĂ© non pour le meilleur orchestre de la capitale française, l’orchestre de Gossec (l’Orchestre des Amateurs fondĂ© en 1769 ) mais pour le plus approximatif mais plus connu, Concert Spirituel (oĂą elle est donc créée le 18 juin 1779) : les respirations qu’apporte Hogwood entre noblesse et gravitĂ©, nerf et nostalgie, se rĂ©vèlent gagnantes; les dĂ©tracteurs qui ne parlent que de tiĂ©deur feraient bien de revisiter et rĂ©viser leur jugement … expĂ©ditif; la lumineuse Ă©nergie la souplesse comme la fine caractĂ©risation que rĂ©alise le maestro britannique captive d’un bout Ă l’autre des trois mouvements de la 31, prĂ©sentĂ©e dans sa seconde version (andante réécrit postĂ©rieurement Ă la crĂ©ation de juin 1779 ), soit très exactement par les 57 musiciens requis Ă Paris (Hogwood a veillĂ© Ă reprendre le mĂŞme effectif). Le volume des cordes, les pupitres Ă©toffĂ©s des bassons et des cors sonnent galvanisĂ©s. ..
MĂŞme finesse d’approche pour la solaire et irrĂ©sistible n°41 dite « Jupiter ». … Le souci du dĂ©tail – pointillisme, n’empĂŞche pas une vision d’ensemble (esprit de synthèse) qui architecture avec un allant grave idĂ©alement dosé (andante cantabile)… ; le menuet par contre en un tempo ralenti, semble un moment chercher les voies de son dĂ©veloppement, mais c’est pour mieux mettre en avant la subtilitĂ© des timbres pleinement Ă©panouis; le finale s’appuie sur une tension progressive libĂ©ratrice scrupuleusement calibrĂ©e (trop mĂ©canique ou timorĂ©e dirons les moins convaincus) mais nous trouvons ces vertus de la clartĂ© qui font tout entendre, d’une clairvoyance rafraĂ®chissante ; mieux : Hogwood se montre Ă contrario de biens des confrères mĂ©ticuleux, savamment Ă©tranger Ă toute esbroufe… la lumière et une très subtile irisation globale colorant tous les pupitres et leur combinaison orchestrale, valent ici le meilleur accueil Ă une somme dont la cohĂ©rence et la probitĂ© sont admirables.
L’ensemble des opus symphoniques proposent le mĂŞme fini instrumental. Hogwood ne malmène jamais; il laisse s’Ă©panouir son orchestre et l’on se laisse Ă songer Ă quelle Ă©coute plus magistrale encore, il en aurait dĂ©couler si la pertinence de l’Ă©diteur avait su rassembler le cycle final dans sa continuitĂ© en enchaĂ®nant les trois dernières 39,40 et 41 tel que l’imaginent maintenant les mieux informĂ©s depuis l’accomplissement dĂ©fendu par Harnoncourt qui parle Ă juste titre et en fin connaisseur, d’ « oratorio instrumental » dans un rĂ©cent et Ă©tincelant enregistrement (Sony classical) …
L’auditeur du coffret peut ainsi mesurer la richesse de l’orchestre mozartien Ă travers l’intĂ©gralitĂ© du catalogue symphonique : symphonies salzbourgeoises jusqu’en 1775; parisiennes et viennoises dont nous aurions pu encore distinguer l’interprĂ©tation spĂ©cifiquement articulĂ©e des autres joyaux: Linz, Haffner, Prague, entre autres (sans omettre l’ineffable accomplissement de la Symphonie en sol mineur – restituĂ©e dans sa première version, la centrale n°40, pilier de trilogie dont nous avons parlĂ©).
Soulignons l’intĂ©rĂŞt du livret notice qui prĂ©sente les nombreuses pistes de recherche et toutes les donnĂ©es musicologiques Ă l’Ă©poque des enregistrements soit Ă al fin des annĂ©es 1970 et dans le courant des annĂ©es 1980. Plus de 30 ans ont passĂ© : cette intĂ©grale Mozart n’a pas fini de sĂ©duire : on comprend qu’avec ce travail d’ampleur esthĂ©tique et synthĂ©tique Hogwood ait depuis lors comptĂ© et que le label L’Oiseau Lyre ait suscitĂ© grâce Ă lui des records de vente… VoilĂ bien le testament artistique et musical du chef Hogwood Ă son meilleur.
CD, coffret Ă©vĂ©nement. Mozart : The Symphonies, intĂ©grale des Symphonies par The Academy of ancient music. Christopher Hogwood, direction. 19 cd L’oiseau Lyre 452 496-2