samedi 20 avril 2024

Orchestre des Champs Elysées, Philippe Herreweghe Paris, salle Pleyel. Mardi 30 septembre 2008 à 20h

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Orchestre des Champs Elysées
Saison 2008 – 2009

Joseph Haydn:

Symphonie n°94 « La Surprise ».

Concerto pour violoncelle en ut

Ludwig van Beethoven: Symphonie n°3 « Héroïque »

Paris, Salle Pleyel

Mardi 30 septembre 2008 à 20h

Jean-Guihen Queyras, violoncelle

Orchestre des Champs-Élysées

Philippe Herreweghe, direction

Fondée à l’origine dans le cadre des saisons musicales du Théâtre des Champs Elysées, la phalange spécialisée sur instruments d’époque par Philippe Herreweghe, investit en septembre, l’ample volume de la Salle Pleyel. Au programme deux symphonistes chevronnés, passionnés: l’un, créateur du genre; le second, génial réformateur qui en fait éclater le cadre.
Le jeune violoncelliste Jean-Guilhem Queyras est accompagné par l’Orchestre des Champs Elysées pour un concert déjà présenté en avril 2008, entre autres, et qui met la vitalité rythmique à l’honneur, chez Hadyn comme chez Beethoven.

Eroica révolutionnaire
Sous la direction du chef flamand, verve et précision affûtés, musiciens et solistes, interprètent le Concerto pour violoncelle en do majeur (redécouvert en 1961) puis la Symphonie n°94 « La Surprise » de Joseph Haydn, enfin, l’Eroica (Symphonie n°3 « Eroïca », « Héroïque ») de Ludwig van Beethoven qui tenait la partition pour sa symphonie préférée: il est vrai que celui qui répondait en 1817 à une question de l’un de ses proches, n’avait pas encore produit la Symphonie n°9. Car il faut bien comprendre que cette œuvre figure à part dans le cœur du compositeur et qu’il s’agit d’une étape capitale dans sa création artistique. Composée principalement entre le printemps 1803 et l’année 1804, Beethoven opère ici une révolution. Mais qu’a-t-elle de révolutionnaire ? Tout d’abord ses dimensions sont sans précédent : sa durée (plus de 50 minutes), ses très grands développements, sa puissance orchestrale, sa construction restent remarquables. L’œuvre est intimidante. Ici commence une nouvelle époque pour le compositeur, celle que les musicologues nomment le deuxième style, le style « héroïque ».

Un espoir déçu
L’oeuvre est tout d’abord créée dans le salon exigu du Prince Lobkowitz, en effectif réduit, à Vienne en août 1804. Elle sera ensuite jouée de façon officielle avec in orchestre à la sa mesure le 7 avril 1805 au Theater en der Wien, alors occupée par les troupes Napoléoniennes.
La dédicace prévue par Beethoven s’adresse au général Bonparte, héros de la Révolution, princes des idées nouvelles pour un monde nouveau. En Prométhée rapportant le souffle des idées de progrès, Bonaparte est secrètement adulé des milieux éclairés dont fait partie Beethoven. D’ailleurs, le musicien avait clairement développé son admiration pour le général libérateur dans son ballet de 1801, Les Créatures de Prométhée. Mais lorsque Napoléon occupe Vienne en 1805, ses derniers admirateurs comprennent que l’animal politique s’est joué de leur espoir: sous le masque du moderniste, se cache la figure d’un nouveau tyran… avec rage, Beethoven raye sa dédicace laudative.

Après un premier mouvement ample d’une force tellurique inouïe, jamais atteinte jusque là dans le format symphonique, Beethoven compose sa célèbre Marcia funebre, marche funèbre, comme second mouvement; véritable poème symphonique à part, le compositeur réalise deux attitudes, selon les commentaires et la compréhension de chacun: soit il y enterre son héros, soit il exprime avec courage et dignité la résistance stoïque à la fatalité. En témoin de son temps, curieux de l’évolution des idées des Lumières, le compositeur y recycle avec génie et profondeur les thèmes et alliances instrumentales propres à la musique révolutionnaire française. S’agirait-il alors du deuil que porte Beethoven et derrière lui tous les humanistes fraternels qui ont été déçus et trahis par le faux héros, Bonaparte ?
Faisant suite au Scherzo trépidant et pastoral, le finale impose la science personnelle de la variation que Beethoven maîtrise comme personne. Avec ce tourbillon frénétique, qui déploie son énergie dansante, le musicien réorganise l’ordre du monde, en absorbe les conflits et les oppositions de contrastes, et nous insuffle une prodigieuse vision exaltée qui porte le message d’une humanité transcendée. Dans son écriture s’incarne l’idéal fraternel qu’il fait évoluer jusqu’à sa Symphonie n°9.

Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, op. 55 « Héroïque »
Allegro con brio
Marcia funebre : Adagio assai
Scherzo : Allegro vivace
Finale : Allegro molto
Composition : 1802-1804.
Création : Vienne, août 1804.
Effectif : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons par 2, 3 cors, 2 trompettes, timbales, cordes.
Durée : environ 50 minutes

Illustrations: Philippe Herreweghe, Beethoven (DR)

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