vendredi 29 mars 2024

Le Festival de BayreuthL’Avant-Scène Opéra n°274

A lire aussi
Le Festival de Bayreuth
ouvrage collectif
L’Avant-Scène Opéra n°274

Pour l’année Wagner 2013 et les 200 ans du grand Richard, L’Avant-Scène Opéra voit large et développe un regard à 360 degrés sur le cas  » Bayreuth  » : 9 grands chapitres évoquent les facettes d’un lieu unique dans l’histoire de la musique ; un théâtre façonné par le compositeur lyrique le plus révolutionnaire qui propose son propre lieu de création avec le dispositif salle, fosse, scène conçu non par égocentrisme mais par nécessité technique pour servir au mieux son idée de théâtre total

Plus de 130 pages sont ainsi indispensables et un minimum salutaire pour évoquer l’histoire de Bayreuth jusqu’à nos jours… un phénomène singulier, puisque c’est la famille Wagner qui tient toujours la direction artistique d’un festival rien que wagnérien dont les réalisations depuis 20 ans déjà n’ont guère convaincu, peinent à renouveler l’esprit de Bayreuth dans le vaste mouvement du numérique et de la dictature de l’image … Voilà longtemps à présent que Bayreuth est réservé à une élite politico-financière dotée des moyens adaptés ou des relations utiles pour assister aux performances scéniques souvent médiovres voire moyennes. Même si le nom attire, la qualité vocale et scénographique a déserté un lieu qui n’a plus l’exclusive wagnérienne… évolution irrésistible d’un lieu lyrique qui doit se régénérer tout en maintenant son identité…


Bayreuth d’hier et d’aujourd’hui


La publication très exhaustive sur son sujet
récapitule heureusement l’histoire du théâtre, le festival qu’il accueille à partir des années 1870 (1876) ; le rêve de Wagner d’y établir donc près de Nuremberg, un théâtre austère et sobre où l’orchestre invisible permet le dévoilement scénique et visuel qu’il porte et conduit…
Rien n’est omis dans cette saga digne d’un opéra wagnérien : le projet de Wagner, de l’idée à son application ; le clan Wagner (de la veuve Cosima au règne de ses enfants tel Siegfried… jusqu’au duo Wolfgang et Wieland, les petits enfants de Cosima et Richard, et aujourd’hui avec l’équipe féminine des demi sœurs resoudées Eva et Katharina, filles de Wolfgang…). Chacun laisse son empreinte dans les choix de réalisation artistique pour le meilleur et aussi pour le pire (la direction de l’épouse de Siegfried, Winifred de 1930 à 1944 s’avère détestable pactisant de trop près avec le nazisme… quand Bayreuth devient le lieu préféré d’Hitler). Le phénomène Bayreuth, ce sont aussi les multiples passions littéraires que le lieu suggère : qu’ont apporté par exemple les témoignages vécus ou d’autres fantasmés dans le sillon du Pèlerinage à Bayreuth d’Albert Lavignac ?

Côté artistes, ce sont les chefs, les chanteurs et quelques metteurs en scène qui depuis la conception décisive de Wieland Wagner par exemple ont façonné visuellement et musicalement la magie Wagner à Bayreuth : présentation des chefs majeurs tels Hermann Levi et Siegfried Wagner, Furtwängler et Toscanini, Joseph Keilberth, Karl Böhm, Pierre Boulez (sans omettre les  » accidentés  » : baguettes désastreuses qui n’ont guère tenu, Solti en étant le plus bel et triste exemple…). Côté chanteurs, plus portfolio transversal que portraits développés des plus grands (il y en eut tellement depuis 1876), le chapitre dédié aux grandes voix de Bayreuth rassemble des clichés et photographies de Lilli Lehmann, Anna Bahr, Lauritz Melchior (Tannhäuser en 1931, Siegfried, Parsifal), Friedrich Schorr (Wotan, Wolfram et Sachs), Maria Müller (Eva, Sieglinde de 1936), Max Lorenz (Siegmund, Tannhaüser, Lohengrin de 1936), Hans Hotter (Wotan de 1953, le Hollandais volant…), Martha Mödl, Wolfgang Windgassen (Siegfried, Loge, Tannhäuser de 1965), Birgit Nilsson, Régine Crespin (Kundry de 1958), Astrid Varnay (Brünnhilde de 1951, Senta de 1956), Leonie Rysanek (Sieginde et Elsa), Gwyneth Jones (Brünnhilde pour Chéreau en 1980); Anja Silva, Grace Bumbry, Siegfried Jerusalem (Siegfried de 1988 puis Tristan en 1993) jusqu’à aujourd’hui dont les étoiles de plus en plus rares ont pour nom : Waltraud Meier (Kundry), Nina Stemme (Isolde de 2005), et les ténors aussi éloquents qu’opposés (dans les mêmes rôles !) : Jonas Kaufmann et Klaus Florian Vogt, sombre et lumineux Lohengrin en 2010 puis 2011…

Ce que nous avons aimé :

– A Bayreuth, les français ont plus que manifesté une passion de spectateurs ou d’écrivains zélés, depuis Baudelaire… comme artistes, chanteurs, chefs et metteurs en scène, ils ont étroitement participé à la réussite des programmations (Marcelle Bunlet et Germaine Lubin qui paiera cher ses accointances avec Hitler, puis André Cluytens et l’immense Régine Crespin…) voire marqué de façon indélébile la réalisation scénique tels Chéreau et Boulez pour le Ring du centenaire en 1976 et ensuite, Jean-Pierre Ponnelle (Tristan de 1981)…

– le talon d’Achille du Bayreuth moderne demeure la réalisation visuelle et les mises en scène : le pire sévit toujours et les plus sceptiques annoncent même des lendemains qui déchantent ; depuis que d’autres théâtres européens ou américains investissent dans les opéras wagnériens, les meilleures réalisations ont déserté Bayreuth, pire : la colline verte n’a plus l’exclusive des grands événements wagnériens ; c’est le propre de son histoire récente ; comment se maintenir en garantissant la qualité et le renouvellement ? Pour se consoler, L’Avant-Scène Opéra récapitule les mises en scènes légendaires et certaines récentes (jusqu’aux années 1990 et 2000) qui ont fait du miracle Bayreuth une réalité toujours mémorable : voici donc les 15 accomplissements à retenir (très bien expliqués par le texte et l’image), du Parsifal de Wieland Wagner (1951) au Lohengrin de Hans Neunfels de 2010… pour nous, le choix est incontestable s’agissant surtout du Ring de Wieland Wagner de 1965, celui désormais historique de 1976 par les français Chéreau et Boulez ; Tristan et Isolde de Jean-Pierre Ponnelle (1981) ; Le Ring postnucléaire de Harry Kupfer (1988, d’ailleurs retenu en couverture de la publication) ; le Tristan und Isolde de 1993 de Heiner Müller… Tout cela interroge l’esprit de Bayreuth aujourd’hui confronté aux magies du passé ? Le sujet d’un prochain livre à construire avec la même passion et le souci de l’exhaustivité. Ce premier numéro dédié à Bayreuth est déjà indispensable.

Le Festival de Bayreuth
ouvrage collectif

L’Avant-Scène Opéra n°274
• Parution : 30/04/2013
• 160 pages
• ISBN 978-2-84385-302-9
. prix indicatif : 27 euros

Achetez le festival de Bayreuth sur le site de L’Avant Scène Opéra


Au sommaire 

Points de repère
Bayreuth, guide pratique

Regards historiques

Jean-François Candoni : Bayreuth : de l’idée à la réalisation



Louis Bilodeau : La famille Wagner : art, pouvoir et politique


Généalogie simplifiée


Timothée Picard : Rêveries littéraires autour de Bayreuth
Christian Merlin : Une histoire de chefs


Pierre Flinois : Les Français à Bayreuth


Pierre Flinois : Grandeur et décadence de la mise en scène à Bayreuth

15 productions-clés du Nouveau Bayreuth
analysées par Jean-François Candoni, Pierre Flinois, Christian Merlin, 
Pierre Michot et Didier van Moere.

Parsifal, 1951, par Wieland Wagner
Les Maîtres chanteurs, 1956, par Wieland Wagner
Lohengrin, 1958, par Wieland Wagner
Le Vaisseau fantôme, 1959, par Wieland Wagner
Tristan et Isolde, 1962, par Wieland Wagner
L’Anneau du Nibelung, 1965, par Wieland Wagner
Tannhäuser, 1972, par Götz Friedrich
L’Anneau du Nibelung, 1976, par Patrice Chéreau
Le Vaisseau fantôme, 1978, par Harry Kupfer
Tristan et Isolde, 1981, par Jean-Pierre Ponnelle
Lohengrin, 1987, par Werner Herzog
L’Anneau du Nibelung, 1988, Harry Kupfer
Tristan et Isolde, 1993, par Heiner Müller
Parsifal, 2008, par Stefan Herheim
Lohengrin 2010, Hans Neuenfels

Écouter, Voir et Lire

Portfolio chronologique : Les grandes voix de Bayreuth



Pierre Flinois, Christian Merlin, Pierre Michot et Didier van Moere : Sélection disco-vidéographique


À l’affiche de Bayreuth


Bibliographie

Sélection CD, DVD et Livres 


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