vendredi 19 avril 2024

dossier Verdi 2013 1. Premiers opéras: Nabucco, Foscari, Miller les années 1840

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grand dossier Verdi 2013

1. Premiers opéras: Nabucco, Foscari, Miller


Les années 1840

Réfusé au Conservatoire de Milan en 1832 (à 19 ans), le jeune Verdi
devient maître de musique à Busetto en 1836. A 25 ans, il doit surmonter
une épreuve terrible: la mort de ses deux enfants puis de sa femme,
entre 1838 et 1840. La force du destin accable un jeune compositeur fait
pour le théâtre et qui comprend comme peu à son époque, ce que la
tragédie humaine signifie.

Le sort semble s’acharner contre lui: son premier ouvrage Un giorno di regno (1840) est un cuisant échec. Cependant vite rattrapé par le succès de Nabucco à Milan en 1842, l’année où Wagner remporte lui aussi une fameuse reconnaissance avec Rienzi (composé en 1840) à Dresde.

Les années 1840 sont celles de l’apprentissage d’un art où en théorie et
selon le modèle précédent, la ligne vocale et les performances de
chanteurs priment sur la vraisemblance dramatique. Or Verdi s’engage à
réduire la fracture entre pure virtuosité et continuité de l’action. I due Foscari (1844), Macbeth (1847), Luisa Miller (1849) témoignent
de l’approfondissement d’une inspiration exigeante qui recherche comme
chez Wagner, le renouvelement de l’inspiration théâtrale. Foscari est
encore un drame historique, mais avec Macbeth, empruntant à
Shakespeare, Verdi fait comme Wagner: favoriser une action légendaire
voire fantastique pour produire un nouveau climat propice à dévoiler la
psyché des protagonistes: à force d’exprimer les intentions puis les
remords, l’œuvre de la culpabilité dévorante qui désagrège le couple des
criminels Macbeth, le compositeur finit par nous les rendre pathétiques
et troublants. Comme Wagner qui est du côté des insurgés (ce qui lui
vaut de perdre ses fonctions à Dresde et de voir la création de
Lohengrin reportée… en 1850, Verdi est lui aussi du côtés des
libertaires et ses chœurs fameux tels « Patria opressa », exaltent le feu
des patriotes républicains pour l’unité politique tant espérée.
Wagner n’est pas aussi associé au destin d’une nation; ses opéras
romantiques, plus légendaires et épiques que réalistes et historiques,
questionnent les problématiques intellectuelles du désir, de l’amour, du
statut de l’artiste face à la société… Le Vaisseau fantôme (1843)
puis Tannhäuser (1845), et donc Lohengrin (achevé en 1848 au moment des
révolutions) fixent immédiatement les thèmes wagnériens par excellence
dont celui de la femme rédemptrice (Senta et Elisabeth du Vaisseau
Fantôme et de Tannhäuser).

Avec Luisa Miller d’après Schiller (Kabale und liebe), Verdi
traite lui aussi de l’amour en une vision hautement tragique, proche de
l’esthétique funèbre schillérienne: le héros Rodolfo et son aimée sont
sacrifiés ni plus ni moins tels Roméo et Juliette face à la loi des
pères. Le génie de Verdi s’illustre surtout dans l’illustration d’un
thème promis à de plus amples développements et approfondissements
musicaux: la relation filiale qui unit au-delà de tout, en une tendresse
désarmante, le père à sa fille: Luisa est la fille de Miller, une âme
noble et lumineuse (même si elle reste manipulée par le pouvoir
qu’incarne le comte Walter): déjà Miller annonce Rigoletto, Germont,
Boccanegra. Quant au ténor héroïque, le compositeur lui réserve l’un des
plus beaux airs de toute l’opéra italien romantique:  » Quando le sere al
placido
« , brulant d’une ardeur droite et éclatante comme l’épée.

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