samedi 8 février 2025

Compte rendu, récital lyrique. Toulouse. Théâtre des 3 T, Grande salle, le 18 avril 2014. Le Jubilé d’ Acide Lyrique

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Ce sont quatre chanteurs « classiques «  et même « baroques », qui ont osé désacraliser l’art lyrique. L’humour fin et décalé, la rigueur de la formation, une culture musicale immense et un sens du théâtre presque inné, ce mélange instable et volatil, ont d’emblée su trouver leur public, séduisant les connaisseurs de l’opéra les plus exigeants comme les néophytes. En dix ans, ils ont sillonné l’Hexagone et ont été au-delà des frontières avec le même franc succès. Ce mélange explosif leur a permis de décliner trois spectacles différents dont les titres déjà sont tout un programme: Récital parodique, Opus à l’oreille, la prise de la Pastille. Nous avons beaucoup aimé les trois en suivant une évolution progressive vers l’intégration de musiques des plus diverses. Pour fêter les dix «  premières »  années de cette fabuleuse aventure, le théâtre des 3 T à Toulouse les a invité pour plusieurs représentations autours des fêtes de Pâques. L’écrin de la grande salle du Théâtre des Trois T, connu pour ses soirées humoristiques convient idéalement au nouveau spectacle. Ils se présentent sans sonorisation et l’alternance parler-chant est très naturelle. Promettant des morceaux choisis, il faut bien dire que tout a l’air nouveau et s’articule finement comme créé sur l ‘instant.

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Ce n ‘est pas leur moindre qualité que cette impression d’improvisation et d’amusement délirant, vécue en partage avec leur public. Ils jouent dans cet opus très habilement sur la menace d’un dérapage fatal imminent, avec des bricolages géniaux et des rattrapages sur le fil. Ceci rapproche le public des musiciens car les spectateurs sont souvent pris à parti. La salle participe donc au spectacle et tout passe très vite sans que l’on puisse dire combien le temps a duré. Cette mise en abîme pirandellienne permet des effets loufoques de téléphone et d’annonce officielle et rend le public complice des pires facéties. La deuxième leçon d’Allemand est inénarrable ! La nomination à « L’Agony-Award » vous fera écouter autrement les si nombreuses sublimes morts lentes à l’opéra …
Je ne souhaite pas déflorer les effets du spectacle, aussi je ne détaillerai ni l’historie ni les airs choisis. Mais le mélange grand opéra, musique sacrée, variété française musique internationale et tube des comédies musicales est sur-vitaminé. La superposition d’un style archaïque religieux et de la musique de variété prouve la virtuosité dont ils sont capables.

Les personnages sont attachants dans leurs pires excès. En Diva « Tyrraniconymphoglamour », Stéphanie Barreau authentique mezzo-soprano règle définitivement leur compte à toutes les sopranos en commençant par Aïda ! Elle ne fait qu’une bouchée de son Don Juan de ténor qui ne cesse de mourir, très souvent à ses pieds. Omar Benallal est en ténor une sorte de « Pavarottigastonlagaffe » épris de disco autant que de danse classique… Benoit Duc est un baryton qui se drape dans sa dignité outragée mais n’arrive pas à s’imposer en « Commdeurdarkvador », toujours rabroué par la Diva. Stéphane Delincak est époustouflant au piano par une aisance renversante dans des arrangements millimétrés, aucun style ne lui est étranger et il sait ménager des surprises incroyables… Le « Ring fromager » est digne des galas Hoffnung. Son jeu scénique outré de pianiste « Navropathe» frôle souvent le trop, mais il arrive à mettre le public dans sa poche in extremis.

Acide Lyrique c’est un remède contre toutes les morosité et ça rend le spectateur heureux et intelligent, si, si … Cet humour là est bienfaisant, assurément! Vite une tournée, et remboursée par la sécurité sociale tant qu’elle existe!

Toulouse. Théâtre des 3 T, Grande salle, le 18 avril 2014. Le Jubilé d’ Acide Lyrique. Spectacle humoristique mêlant extraits d’ opéras, mélodies, musiques sacrées, comédies musicales, chansons françaises et internationales. Mise en scène : Stéphanie Barreau; Arrangements musicaux: Stéphane Delincak. Stéphanie Barreau, mezzo-soprano; Omar Benallal, ténor; Benoit Duc, baryton ; Stéphane Delincak, piano.

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