Voyages de Mendelssohn
(Suisse, France, Angleterre…)
Paris, visité en 1825 puis 1832, le laisse de glace voire irrité… et c’est surtout en Suisse (1822) que l’observateur contemplatif trouve de puissants motifs d’inspiration…
Pendant son premier voyage en Angleterre (1829), le jeune compositeur de 20 ans découvre la force des éléments en Ecosse (grotte de Fingal) et succombe à la mélancolie romantique à Edimbourg où il visite la chapelle de la Reine martyre Marie Stuart. Deux oeuvres témoignent avec force de son inspiration où la musique non descriptive se fait pur langage de l’imaginaire: l’Ouverture des Hébrides et la Symphonie Ecossaise…
Le voyage est inscrit dans les gènes du compositeur, lui qui né le 3 février 1809 à Hambourg, a du fuir la ville hanséatique (devenue française en 1811), pour Berlin, avec ses parents et ses frères et soeur dont Fanny (née le 14 novembre 1805). Plus tard, Mendelssohn se fixe à Leipzig où il dirige la vie musicale, au Conservatoire qu’il fonde, et comme directeur musical de l’Orchestre du Gewandhaus…
En Suisse, de Ferney à Weimar…

Le jeune compositeur s’inspire de ces séjours pour nourrir son écriture musicale: ainsi, parmi les 12 Symphonies écrites comme des exercices à la demande de son professeur, -l’inflexible Zelter,- entre 1821 et 1823, la Neuvième ressuscite clairement l’observation méticuleuse des vallées helvètes. Il en fera de même, 10 ans après, en Ecosse, pour sa Symphonie Ecossaise ( à partir des sensations vécues in situ face aux îles Staffa, au nord est de l’Ecosse, lire ci après).
Paris, le défi perdu

En 1825, Mendelssohn séjourne dans la capitale française. L’activité urbaine le séduit… mais, Cherubini, directeur du Conservatoire, (portrait par Ingres ci contre) écoute le jeune compositeur jouer son Quatuor avec piano (opus 3) puis son Kyrie à cinq voix: enthousiaste et critique, le directeur propose au père de former le fils pour atteindre l’excellence. Hélas pour nous français, Mendelssohn se ravise: comment demeurer, écrira-t-il, dans une ville où pas un musicien ne connaît une mesure de Fidelio et surtout, estime Bach (son dieu) comme une « vieille perruque bourrée de science »?
Mendelssohn revient à Paris en 1832, alors capitale du romantisme musical: il y rencontre Chopin, entrevue polie mais sans affinités, surtout écoute avec horreur Robert le Diable de Meyerbeer qui le dégoûte à jamais du grand opéra à la française.
Un Shakespearien au pays de Victoria

Le compositeur séjourne 10 fois au pays de la Reine Victoria. A 20 ans, jeune découvreur enthousiaste de Shakespeare auquel il offre le génie de sa musique inspirée par A Midsummernight’s dream (Le Songe d’une nuit d’été, composé à 17 ans en 1826), Mendelssohn rend visite à son ami le diplomate Karl Klingermann, nommé à Londres. Le pianiste et aussi l’éblouissant clavieriste aux orgues de Saint-Paul, Mendelssohn séduit les anglais par ses airs polis, idéalement éduqués. En pur conservateur, élevé avec un goût « classique », le musicien admire au musée Titien et Van Eyck mais fustige le barbouillage trop laid d’un certain William Turner… (ci dessous, la Grotte de Fingal par Turner, lui aussi inspiré par cette merveille naturelle).
Affecté par les îles…

Créée seulement en 1842 ( à Londres), la Symphonie Ecossaise, bien qu’amorcée en 1829, connaît une genèse plus longue encore. Partition rétrospective, nourrie des souvenirs et sensations éprouvées sur le motif, l’oeuvre suscite l’enthousiasme des londoniens et son auteur est présenté à Buckingham, à la jeune Reine Victoria.
Illustrations:
Félix Mendelssohn
Goethe
Cherubini par Ingres
Turner: La grotte de Fingal
La Grotte de Fingal en Ecosse
Félix Mendelssohn, portrait (DR)