Le mois de Mai célèbre Verdi. Deux productions nouvelles de Simon Boccanegra occupent l’affiche à Paris, Angers et Nantes (lire notre mag des concerts, voir le « Top5 des concerts). Surtout, Arte retransmet en direct la soirée du 23 depuis l’Opéra Bastille… et Mezzo consacre le 31 une soirée spéciale Verdi, grâce à deux documentaires : présence appuyée, en ce printemps 2006, du maître de l’opéra italien sur la scène et le petit écran.
La production nouvelle, à l’affiche de l’Opéra Bastille, est le fruit du travail de l’homme de théâtre hollandais Johan Simons qui signe à l’invitation de Gérard Mortier, sa première mise en scène d’opéra.
Il s’est expliqué sur sa vision de l’ouvrage qui donne une « image positive » de l’homme politique. Simon Boccanegra est devenu doge malgré lui. Il garde une profonde connaissance des besoins du peuple. Le metteur en scène a naturellement choisi une lecture contemporaine dont la participation de Carlos Alvarez, dans le rôle-titre, apportera un relief prometteur.
Créé dans sa première version à Venise, la 12 mars 1857, Simon Boccanegra connaît une révision par le compositeur et son librettiste d’alors, Boito ; cette seconde version est créée à Milan le 24 février 1881.
Le travail de Verdi a produit un ouvrage violent et sombre sur le pouvoir et l’amour. En Simon Boccanegra, il faut voir la figure tutélaire du politique vertueux, pacifiste et bon père. Nommé doge de Gênes grâce à l’appui d’un complice peu scrupuleux qui se révélera être ensuite son assassin, Simon Boccanegra donne prétexte au compositeur-dramaturge pour illustrer les conflits qui naissent quand il faut concilier la défense du bien et l’exercice du pouvoir. Point culminant de l’œuvre, la scène du Grand Conseil où la stature du politicien démêle les intrigues, faisant entendre sa voix, indiscutable. Or marin par son origine, celui qui a été nommé au poste suprême, sent qu’il doit, tôt ou tard, payer sa réussite. Cette acceptation philosophe donne une profondeur troublante au personnage, l’un des rôles les plus attachants du théâtre verdien.
Paris, Opéra Bastille, nouvelle production :
Melodramma en un prologue et trois actes (1857)
Livret de Francesco Maria Piave et Arrigo Boito
D’après la pièce d’Antonio Garcia Guttierrez
En langue italienne.
Direction musicale : Sylvain Cambreling
Mise en scène : Johan Simons
Décors : Bert Neumann
Costumes : Nina von Mechow
Chef des Chœurs : Peter Burian
Simon Boccanegra, Carlos Alvarez
Jacopo Fiesco, Ferruccio Furlanetto
Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi), Ana Maria Martinez
Paolo Albiani, Franck Ferrari
Gabriele Adorno, Stefano Secco
Pietro, Nicolas Testé
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Opéra Bastille, Première 3 mai 2006 19h30
A l’affiche de Bastille, jusqu’au 1er juin.
Arte diffuse en direct de l’Opéra Bastille, la représentation du 23 mai à partir de 19h45.