samedi 20 avril 2024

Verdi Edition: The complete operas 74 cd Decca

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Decca publie en mars prochain une boîte à merveilles. Même destinée surtout pour le marché italien, la réalisation devrait aussi sortir en France: à ne pas manquer. Certes le livre qui accompagne cette intégrale en 74 cd, est en italien (il regroupe tous les livrets des quelques 30 ouvrages recensés, une biographie et une présentation mais dans la langue de Giuseppe) et les 74 galettes sont réduites à l’essentiel: pas de notices ni de présentation des oeuvres en français… mais combien de pépites cette boîte « miraculeuse » contient… justifiant évidemment son achat.
30 opéras, mais aussi les oeuvres sacrées (Requiem et Quatre Pièces sacrées), plus quelques raretés dont les Canzoni par Margaret Price (1987) et le Quatuor pour cordes couplé avec la transcription de Luisa Miller pour le même effectif chambriste (Quatuor Hagen, 1995).

Les verdiens et tous les autres amateurs de bel canto feront bien de se précipiter sur cette boîte à trésors. Ils y retrouveront des versions de référence par les plus grands chanteurs et les meilleurs chefs, et aussi, objets non moins pertinents, plusieurs versions pour Don Carlos (version originelle en français et suivante en italien) et La Force du destin.
Au sommet de notre appréciation: le Don Carlos (version parisienne de 1886, donc chantée en français) par un Abbado au firmament (quel souffle et quelle humanité dans sa direction de rêve!); l’audace du cast qui chante en français reste un modèle d’engagement probe d’une musicalité étonnante, à croire que le français apporte une âpreté nouvelle bien qu’originelle à l’oeuvre schillérienne de Verdi (Domingo royal, et Leo Nucci, d’une saisissante intelligence). En comparaison, le version alternative en italien signée Solti paraît plus sommaire, même dans sa sonorité nerveuse (parmi le cast dominent au-delà de toute attente, le chant stylé aristocratique, flûté de Bergonzi et le Posa pour l’éternité de… Dietrich Fischer-Dieskau. Quant à Tebaldi, déjà usée, la soprano hélas mignardise en un chant psychologiquement bien peu nuancé). Relevons aussi une Forza del Destino, crépusculaire de Sinopoli: deux baguettes à inscrire pour l’éternité, deux visions hautement inspirées qui recherche et trouve chez Verdi non la puissance et la démonstration mais la vérité. Autre révélation: les Quatre Pièces Sacrées par Georg Solti. Bouleversant.

Partie délectable, aux côtés des oeuvres plus connues: les opéras du jeune Verdi (dont beaucoup ont été défendus par Lamberto Gardelli dans les années 1970: Oberto (Marriner, 1997), Un Giorno di regno (Gardelli, 1974, avec Jessye Norman et José Carreras), La Bataille de Legnano (Ricciarelli, Carreras, Ghiuselev, Gardelli, 1978), Stiffelio (Carreras, Sass, Moser, Gardelli 1980)… Puis, Nabucco (Tito Gobbi, Elena Suliotis, Gardelli, 1965), Ernani (Pavarotti, Sutherland, Nucci sous la baguette de Boninge), … ancienneté à peine audible: Giovanna d’Arco avec -quand même- Tebaldi, Bergonzi sous la direction d’Alfredo Somonetto en 1951.

Curiosités bénéfiques: Alzira ( Marina Mescheriakova et Ramon Vargas, dirigés par Fabio Luisi, Genève 2001), Attila (Deutekom, Bergonzi, Gardelli, 1973)…

Les oeuvres importantes regroupent des valeurs sûres: Macbeth de Riccardo Chailly (avec Shirley Verrett et Leo Nucci, 1987), Le Corsaire (Carreras, Norman, Caballé… réalisation maîtresse du maestro Gardelli, 1976), Rigoletto (Chailly dirige Leo Nucci, Pavarotti, June Anderson, 1989), Le Trouvère (Zubin Mehta en 1995, avec Nucci, Shirley Verrett, Pavarotti et la Leonora un peu froide d’Antonella Banaudi, qui est le maillon faible de cette version), Joan Sutherland et Carlo Bergonzi défendent La Traviata (direction John Pritchard en 1963)…

Parmi nos coups de coeur, avouons notre préférence pour l’autre Don Carlo de Solti avec une distribution exemplaire (le Posa de Fischer-Dieskau!!!), Les Vêpres Siciliennes avec Martina Arroyo et un Domingo au sommet (James Levine dirige en 1974), surtout Luisa Miller dirigé par Maazel (1980) vaut pour la distribution exemplaire: Katia Ricciarelli (son diamant vocal offre un très juste éclat solaire, tendre et innocent au personnage titre). La relation fille-père (essentielle dans nombre d’opéras de Verdi: ici Miller père est incarné par l’excellent Renato Bruson) gagne une vérité supérieure; Domingo en Rodolfo est proche de la candeur tragique du héros schillérien. On regrette cependant que la direction de Maazel manque de nerf, dès les premières mesures de l’opéra. Mais quelle unité, quelle vérité vocale. L’une des meilleures versions du chef d’oeuvre verdien, trop rarement joué sur les scènes. Coffret événement. Même destiné en majorité au marché italien, le coffret est une édition à ne pas manquer, d’autant que les exemplaires seront rares sur les autres marchés dont la France.

Verdi Edition. The complete operas. 74 cd + livre en italien (présentations et livrets, circa 860 pages) Decca. A paraître début mars 2010.

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