vendredi 29 mars 2024

Toulouse. Théâtre Jules-Julien, le 17 décembre 2011. Opéra Pastille. Compagnie Acide Lyrique.

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Troisième opus de la compagnie Acide Lyrique, après, Récital parodique et Opus à l’oreille, cet Opéra Pastille va certainement connaître le succès habituel de tournées en France, mais peut prétendre à voyager dans le monde entier. Ces quatre « cinglés d’Opéra » connaissent tous les secrets du genre et dans un spectacle d’une heure et demie qui passe bien trop vite, ils nous font rire de biens des travers du monde lyrique, public compris. La soirée a été belle, pleine de sourires et de rires à gorges déployés tant l’humour se situe à différents niveaux intriqués. Les néophytes se régalent des excès du genre opéra et ceux qui le connaissent bien ne peuvent qu’admirer la virtuosité des arrangements, avec de plus en plus de chansons, ce qui fait un cross-over inénarrable et jubilatoire. Depuis leurs débuts, les voix lyriques de nos trois jeunes artistes ont pris de l’assurance ce qui leur permet de jouer sur bien des plans avec des phrases et des parties d’air parfaitement interprétées. Le niveau musical du pianiste est appréciable qui non seulement a arrangé le tout mais l’interprète avec humour et parfois une réelle émotion. Stéphane Delincak, le pianiste fou, a de plus progressé au niveau théâtral avec des effets scéniques terrifiants ou hilarants. Inutile de raconter cette suite de sketches mêlant les moments les plus improbables avec des véritables secrets de scènes. Ainsi les relations parfois difficiles entre pianiste et soliste sont évoqués dans un duel à mort entre le beau baryton et l’infâme pianiste. Stéphane Delincak terrasse par k.o. ce pauvre baryton, pince sans rire, Benoît Duc, qui résiste crânement aux variations de tempo sadiques du pianiste. Les rivalités entre solistes donnent l’occasion à de beaux moments cocasses. Toutes les musiques sont présentes et lorsque dans une messe les onomatopées sont dansées cela donne lieu à un changement de costume surprenant passant de l’église à la boite de nuit ! Un certain sens du spectacle, dans des buts avoués différents, se retrouve entre ces deux arts !

La terrible flûte à bec qui fit rire et pleurer tant de collégiens en cours de musique, trouve ici une sortie de scène inattendue. La vengeance des collégiens est complète et elle survivra seulement si le ridicule ne tue pas. Penser à massacrer une Toccata de Bach à deux flûtes à bec pour finir par, en quatuor, oser l’introduction d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss c’est gonflé ! Les mamelles du monstre lyrique sont trois, ainsi Verdi, Puccini et Wagner sont traités en princes. C’est là que les arrangements virtuoses prennent tout leur sel pour l’amateur éclairé, qui ne peut que rire de bon cœur au passage abrupt d’un leitmotiv à l’autre, traversant tout le monde wagnérien en tous sens sans crier gare. Et faire chanter le public sur des paroles ineptes vaut son poids de cacahuète. Et la salle en redemande ! Le melting-pot de Verdi et Puccini a la même saveur surréaliste. Mais Mozart ou Bizet ne sont pas oubliés. Cette Carmen russe en triller sibérien ou ce commandeur de Don Juan se trompant sans cesse, sont inoubliables…

Stéphanie Barreau a des poses de Divas irrésistibles et donne de la voix sans besoin de micro. Son personnage est aussi irritant que sympathique et lorsque ses partenaires la maltraitent un côté sadique de l’amateur d’opéra se défoule. Mais c’est en diva wagnérienne que personne ne peut lui résister. Omar Benallal joue plus qu’il ne chante son héros malchanceux et sait gagner la sympathie du public en presque chaque circonstance. Benoît Duc utilise à bon escient une voix timbrée et sait montrer une apparente tranquillité à toute épreuve, reposant sur un amour de sa voix qui en fait un monstre de suffisance. C’est bien le méchant baryton ennemi des ténors qu’une certaine convention porte aux nues.

Rythmes vifs, changements de styles rapides et enchaînements sans que le spectateur reprenne son souffle, tout cela fait de cet Opéra Pastille le spectacle idéal en cette période morose. Souhaitons lui longue vie. Un public qui rit si fort, et sur la musique, n’est pas si fréquent !

Toulouse. Théâtre Jules-Julien. 17 décembre 2011. Opéra Pastille. Spectacle parodique d’opéras et chansons. Écriture et mise en scène : Stéphanie Barreau. Compositions et arrangements musicaux : Stéphane Delincak. Costumes : Sohuta. Lumières : Amandine Gérome. Compagnie Acide Lyrique : Stéphanie Barreau : Diva Callas-Chikof ; Omar Benallal : Ténor Placebo Domingo ; Benoît Duc : Baryton au naturel ; Stéphane Delincak : Pianiste Clédermaniaque.
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