CRITIQUE, LIVRE Ă©vĂ©nement. Simon-Pierre Perret : Paul Dukas : Corespondance. Vol 3 : 1921 – 1935 (Ăditions Actes Sud / Pal Bru-Zane) – 3Ăš et dernier ouvrage prĂ©sentant lâabondante correspondance du compositeur Paul Dukas, professeur au Conservatoire et membre de lâInstitut (Ă©lu en dĂ©c 1934 – ce qui lui vaut une avalanche de lettresâŠ). Lâauteur est hĂ©las dĂ©cĂ©dĂ© (2017) avant la publication des 3 volumes, la prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale se trouvante toujours dans le Vol.1. Son approche critique et argumentĂ©e sĂ©lectionne ici les lettres du Dukas sexagĂ©naire, Ă ses amis et confrĂšres, de 1921 Ă 1935. En notes de bas de page, le lecteur soucieux de suivre le cheminement de la pensĂ©e de Paul Dukas dĂ©couvre les biographies et Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension des personnalitĂ©s citĂ©es ou destinataires, mais ceci ne concerne que les nouvelles personnes qui paraissent ainsi aprĂšs 1920.
Un esprit acide dans la nuit des années folles
Dans ce nouveau florilĂšge de lettres Ă©changĂ©es, la perspicacitĂ© et la clairvoyance dâune esprit rĂ©aliste sâaffirment davantage.
Le compositeur et lâenseignant, le parisien qui aime aussi se dĂ©tendre hors la ville (en famille Ă Royan dĂšs 1922) croquent lâĂ©poque (AnnĂ©es Folles) et la sociĂ©tĂ© humaine avec une justesse trempĂ©e dans lâacide (Ă plusieurs reprises il fustige la sottise collective gĂ©nĂ©ralisĂ©e). Dâautant que la sensation nostalgique dâun hier plus Ă©levĂ© sâintensifie avec la perte des personnalitĂ©s admirĂ©es et des proches (Claude Debussy, Gabriel FaurĂ©âŠ). Professeur de composition Ă lâĂcole normale (dĂšs 1926) et au Conservatoire (Ă partir de 1927), ils milite pour une modernitĂ© Ă©clairĂ©e.
Le lecteur retrouve le correspondant le plus prĂ©sent, vĂ©ritable proche : lâavocat Paul Poujaud (qui sera frappĂ© par la mort de son neveu et meurt Ă son tour en 1936) ; auquel Dukas adresse ses lettres les plus dĂ©veloppĂ©es et parfois, une pensĂ©e (toujours cinglante, mordante voire ironique) sur telle ou telle situationâŠne cachant rien non plus de ses pensĂ©es les plus noires face au contexte gĂ©opolitique dans une lettre sombre datĂ©e du 30 oct 1934⊠(p 482) ; mais la fin de lâannĂ©e 1934 est aussi celle plus heureuse des rĂ©pĂ©titions pour la production dâAriane au Palais Garnier⊠sous la direction (remerciĂ©e) de Philippe Gaubert, avec des indications prĂ©cises du compositeur sur la mise en lumiĂšre (lettre du 13 janv 1935), avec le regret aussi que Germaine Lubin nâait pu chantĂ© le rĂŽle-titre (lettre Ă Paul Poujaud du 10 mars 1935)âŠ
On retrouve aussi parmi les correspondants destinataires, les confrĂšres Ropartz, Dubois (dont Dukas loue la perfection classique de sa Suite concertante), de Falla, Koechlin, ⊠surtout son cher FaurĂ©. Mais aussi Laura AlbĂ©niz, Marguerite Hasselmans, au moment oĂč son Ariane est reprise, en particulier Ă lâOpĂ©ra-Comique en 1931 grĂące Ă lâinitiative du directeur Jacques RouchĂ©âŠ
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LIVRE Ă©vĂ©nement. Paul Dukas : Correspondance Vol. 3 : 1921-1935 – PrĂ©sentĂ© par Simon-Pierre Perret – Actes Sud / Palazzetto Bru Zane, 2022 – 588 pages – ISBN : 978-2-330-16126-2 (parution : janvier 2022)
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