INTRODUCTION⊠A lâĂ©tĂ© 2016, Decca publie un coffret « The Great oratorios », somme discographique de 41 cd, regroupant 16 oratorios principaux du Saxon Georg Friedrich Handel / Haendel (1685-1759). MĂȘme incomplet car il ne sâagit pas dâune intĂ©grale (sont absents des ouvrages pourtant majeurs tels concernant la pĂ©riode prĂ©londonienne : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno de 1737 ou la BrockesPassion de 1719 ; puis entre autres, le sublime Allegro, Il Penseroso ed il Moderato de 1740 ; Susanna de 1749,âŠ), le coffret Decca The Great oratorios offre un focus idĂ©al sur une double thĂ©matique : la carriĂšre passionnante de Handel hors de lâEurope continentale, aprĂšs son sĂ©jour miraculeux en Italie, aprĂšs ses nombreux engagements en terres germaniques⊠et aussi, un regard sur lâinterprĂ©tation moderne, principalement celle des chefs anglais, des drames non scĂ©niques de Haendel, soit des annĂ©es 1970 avec Mackerras (1977) jusquâaux plus rĂ©cents McCreesh et Minkowski⊠sans omettre les passionnants Hogwood, Pinnock, Christophers et Gardiner⊠Certes le geste de Neville Marriner (nĂ© en 1924), pionnier visionnaire en l’occurrence n’est pas prĂ©sent non plus (d’autant que Decca dĂ©tient ses gravures les plus intĂ©ressantes), mais la somme ainsi rééditĂ©e se rĂ©vĂšle passionnante. OpportunitĂ© pour CLASSIQUENEWS d’Ă©voquer pas Ă pas, l’avancĂ©e de l’Ă©popĂ©e de Haendel Ă Londres dans les annĂ©es 1740 et 1750 : un travail qui l’occupe Ă la fin de sa vie jusqu’Ă l’Ă©puiser.
LâinventivitĂ© du crĂ©ateur trouve en Angleterre un terreau fertile et parfois Ă©prouvant, pour inventer une nouvelle forme dramatique : opĂ©ra seria, masques ou odes, enfin surtout Ă partir de 1733 (2Ăšme version d‘Esther), en langue anglaise, lâoratorio spĂ©cifiquement britannique. OĂč toute scĂ©nographie absente, permet Ă la seule Ă©criture vocale et musicale, dâexprimer tous les enjeux et ressorts dramatiques comme le parcours moral et le sens spirituel des ouvrages, dâautant que lâaction y est souvent plus psychologique que spectaculaire. LIRE notre prĂ©sentation et introduction complĂšte (Les Oratorios de Haendel, dossier spĂ©cial, partie 1).
HAENDEL / HANDEL : les Oratorios anglais, partie 2
Les ouvrages de la maturité : Solomon, Theodora, Jephtha
Bilan interprĂ©tatif… A l’heure du bilan, l’Ă©coute rĂ©trospective souligne l’engagement palpitant des chefs Hogwood (1941-2014), Trevor Pinnock (nĂ© en 1946), Harry Christophers (nĂ© en 1953)…, douĂ©s d’un raffinement expressif de premier ordre, soucieux aussi de cohĂ©rence s’agissant des distributions de solistes. Le second cycle dâoratorios ici prĂ©sentĂ©s et critiquĂ©s, souligne le geste particuliĂšrement convaincant de Paul McCreesh, nĂ© en 1960  (Solomon, Theodora⊠en 1999 et 2000) surclassant aisĂ©ment par sa suprĂȘme Ă©lĂ©gance et sa fine caractĂ©risation, les lectures dâun Gardiner, en comparaison trop lisse et vocalement dĂ©sĂ©quibrĂ©. Les derniers ouvrages contenus dans le coffret DECCA “The gréùt oratorios” dĂ©voile Ă©galement lâĂ©volution du dernier Handel, de moins en moins spectaculaire, mais progressivement mĂ©ditatif, intime, dâune rare intelligence psychologique, confirmant la profondeur spirituelle des drames anglais, aux cotĂ©s de lâĂ©criture chorale, dâune remarquable Ă©loquence⊠Pour nous les deux chefs dâoeuvres absolus demeurent aprĂšs Le Messie, âŠSolomon et Theodora (version McCreesh donc, perle du prĂ©sent coffret).
Solomon, mars 1749
Créé en mars 1749 au Théùtre Royal Covent Garden de Londres, Solomon illustre un Ă©pisode poĂ©tique inspirĂ© du Livre des Rois et des AntiquitĂ©s de Flavius Joseph. Le livret est restĂ© anonyme. Le choeur y est un personnage principal, au mĂȘme titre que les autres hĂ©ros; lâorchestre, particuliĂšrement raffinĂ© ; et pour colorer sa partition, Handel emprunte Ă nouveau Ă ses confrĂšres, nombres de mĂ©lodies qui lui plaisent (Muffat, Telemann, Steffani). LâĂ©lĂ©gance et le raffinement de lâĂ©criture entendent exprimer cet Ăąge dâor dâune AntiquitĂ© lĂ©gendaire et hautement morale que le rĂšgne gĂ©orgien du vivant de Handel ressuscite : aux oratorios de Handel, la mission dâen argumenter le rapprochement. Salomon, comme Alexandre et Hercule en France, offrant un modĂšle pour le Souverain ainsi cĂ©lĂ©brĂ© allusivement par le compositeur.
Acte I. Salomon le sage. Lâouvrage souligne la sagesse de Solomon qui trouve sa force dans sa foi en Dieu. FortifiĂ© encore par les louanges du grand prĂȘtre, Zadock, le jeune roi Ă©coule des jours heureux avec son Ă©pouse, la fille de Pharaon.
Acte II. Le jugement de Salomon. Deux prostituĂ©es se querellent la maternitĂ© dâun mĂȘme enfant. Contraste saisissant entre le rĂ©cit des deux mĂšres : la premiĂšre tendre, la seconde, haineuse et vindicative. Solomon ordonne de couper en deux moitiĂ©s Ă©gales le bĂ©bĂ© : la seconde femme, tout autant victorieuse et sauvage, rĂ©vĂšle sa nature mauvaise et son action mensongĂšre (n°19). Seule la vraie mĂšre, soucieuse de la vie de son enfant, reste affligĂ©e, digne et douloureuse, prĂȘte Ă renoncer pour sauver lâenfant (n°20 : « Can I see my infant gorâd »). Lâimposture Ă©tant dĂ©voilĂ©e, Solomon chasse la 2Ăšme femme : rĂ©confortant la 1Ăšre mĂšre (duo sublime n°22 : « Thrice bledsâd be the King »âŠ)âŠ
Acte III : Louange monarchique. Salomon le sage chante son bonheur avec son Ă©pouse, cĂ©lĂ©brĂ© par Zadock : est ce bien la JudĂ©e ou lâAngleterre gĂ©orgienne que cĂ©lĂšbre ici Handel ? Le choeur entonne un cycle dâairs contrapuntiques dâun souffle miraculeux, aussi exigeants que Israel en Egypte et Le Messie.
InterprĂ©tation. LE MIRACLE MCCREESH. En 1999, – prĂ©ludant au miracle de sa Theodora lâannĂ©e suivante (avec certains mĂȘmes solistes dont Susan Gritton ou Paul Agnew), au service dâune flexibilitĂ© souvent chorĂ©graphique, pleine de souple caractĂ©risation, le geste de Paul McCreesh et ses Gabrieli Consort & Pslayers excellent dans un drame hautement moral oĂč aux cĂŽtĂ©s de la plasticitĂ© aimable des choeurs, Ă©blouit une distribution trĂšs cohĂ©rente sur le plan expressif : la tendresse habitĂ©e de Susan Gritton (Reine de Sheba), la basse toute aussi onctueuse et si musicale de Peter Harvey (un Levite : sublime caractĂ©risation humaine pour ce rĂŽle de seconde importance mais capitale dans lâhumanitĂ© du sujet, dĂšs son premier air au I), sans omettre le Zadock de grande classe de Paul Agnew, comme le timbre Ă©gal, juvĂ©nile, Ă©clatant de la haute-contre Andras Scholl, au sommet de ses possibilitĂ©s vocales, pour la figure axiale de Solomon. Tout cela coule comme une langue naturelle, dâune Ă©lĂ©gance irrĂ©sistible : McCreesh Ă©gale la science ductile, la flexibilitĂ© souveraine, poĂ©tique et expressive de William Christie chez Rameau ou chez Handel (cf son magnifique Belshazzar rĂ©alisĂ© en 2012) : câest dire la rĂ©ussite totale de cet enregistrement de 1999, suivi en 2000, dâune tout aussi somptueuse Theodora. 2 enregistrements qui sont des must pour comprendre la langue dramatique et poĂ©tique de Haendel dans le genre de lâoratorio anglais.
Theodora, mars 1750
Oratorio en 3 actes, dâune longueur significative, Theodora est créé au Théùtre Royal Covent Garden en mars 1750 et retrace lâĂ©popĂ©e de la martyre chrĂ©tienne au dĂ©but du IVĂš siĂšcle. Le librettiste Thomas Morell sâinspire moins de la piĂšce de Pierre Corneille que reprend le roman moralisateur publiĂ© en 1687 par Robert Boyle. Trop psychologique, la partition suscita une nette rĂ©serve de la part des Londoniens. Car lâĂ©criture se fait de plus profonde et Ă©purĂ©e, expression croissante dâun mouvement intĂ©rieur de plus en plus serein et donc extatique oĂč la martyre Theodora emporte avec elle, ceux qui lâentourent et lâadmirent : IrĂšne ; surtout le jeune romain Didymus -qui aime la jeune fille-, sur la voie du renoncement, du sacrifice et de la mort, car il sâest converti au christianisme et entend affirmer sa libertĂ© de conscience tout en restant fidĂšle Ă Rome (ce que nâaccepte pas lâautoritaire PrĂ©fet dâAntioche, Valens). Du mĂ©diocre texte de Thomas Morell, Handel observe avec un soin particulier le cheminement spirituel des Ăąmes justes, sur lesquels les Ă©preuves glissent, toutes absorbĂ©es par la rĂ©alisation de leur martyre final. Ce focus psychologique est le point central de lâĂ©volution des oratorios de Haendel, certes capable de scĂšnes collectives et spectaculaires, mais aussi concepteur de sublimes portraits intimes, dâune haute valeur morale.
InterprĂ©tation. Souffle dâune grande tendresse, le geste tout aussi vif et nerveux de McCreesh en 2000 rĂ©ussit mieux que Gardiner, la suprĂȘme vivacitĂ© du drame orchestral et lâincisive et trĂšs pĂ©nĂ©trante acuitĂ© psychologique ; dans la rĂ©alisation des Gabrieli Consort & Players, tout y est idĂ©al : le cynisme arrogant et expressif des romains paĂŻens (Valens – excellent baryton :Neal Davies, qui a lâardeur des bourreaux ; le choeur des romains) ; lâinatteignable sĂ©rĂ©nitĂ© des chrĂ©tiens, dâune croyance extatique, ineffablement tendre : Theodora, Irene, Didymus, soit Susan Gritton, Susan Buckley, Robin Blaze). MĂȘme Septimus, lâami de Didymus est superbement portraiturĂ© par le tĂ©nor Paul Agnew (dans son chant sâĂ©coule tous les enchantements arcadiens : premier air n°6, « Descend, kind pity »âŠ). Le tempĂ©rament de McCreesh signe lâun de ses meilleurs enregistrements haendĂ©liens par sa fougue, son articulation, et souvent un Ă©tat dâurgence dramatique, totalement absent chez le plus lisse Gardiner. Dâautant quâoutre la relief chorĂ©graphique des intermĂšdes orchestraux, le chef sait aussi Ă©clairer la suprĂȘme Ă©lĂ©gance du Handel, compositeur Ă©rudit et lettrĂ©, poĂšte sĂ©ducteur et esthĂšte de premier plan. Cette vivacitĂ© rappelle Pinnock et Hogwood : le raffinement et lâimagination de McCreesh dans la caractĂ©risation de chaque profil et dans chaque situation suscitent une totale adhĂ©sion. Enregistrement majeur.
Jephtha, février 1752
Lâultime oratorio HWV 70 est créé le 26 fĂ©vrier 1752 au Théùtre royal Covent Garden et dĂ©montre la derniĂšre maniĂšre de Handel Ă Londres, soit 7 annĂ©es avant sa mort. A la marge du choeur concluant lâacte II, le compositeur diminuĂ© et Ă bout de souffle, Ă©crit : « incapable de continuer Ă cause de lâaffaiblissement de la vue de mon oeil gauche ». De fait, aprĂšs une pĂ©riode de repos total, mais de plus en plus aveugle, le compositeur achĂšve tant bien que mal Jephtha et sombre dans la cĂ©citĂ©, condamnĂ© Ă 66 ans, Ă cesser toute activitĂ© musicale. Câest un dĂ©chirement et une fin tragique qui sâaccordent au sujet de son dernier oratorio⊠celui du renoncement et de lâadieu au monde. La composition a durĂ© du 21 janvier au 30 aoĂ»t 1751. A nouveau, Handel rĂ©serve le rĂŽle central de Jephtha au tĂ©nor John Beard.
Acte I. Zebul invite les Juifs Ă choisir son demi frĂšre Jephtha pour les conduire Ă la victoire sur les Ammonites. Iphis, la fille de Jephtha promet Ă Hamor quâelle lâĂ©pousera aprĂšs la victoire de son pĂšre. AllĂ©gresse et ivresse collective emportent les Juifs et dans un Ă©lan dâenthousiasme irrĂ©flĂ©chi, Jephtha promet au Seigneur que sâil gagne la bataille, il sacrifiera la premiĂšre personne quâil rencontre.
Acte II. HĂ©las, Iphis se prĂ©pare et accueille son pĂšre conquĂ©rant au son dâune gracieuse symphonie en sol (extraite dâAriodante) : elle chante sa joie sur une gavotte. Le pĂšre invite sa fille Ă quitter aussitĂŽt les lieux mais il est trop tard. Iphis se soumet au sacrifice cependant que le pĂšre rĂ©siste Ă sa promesse.
Acte III. Iphis fait ses adieux dans un air dĂ©chirant (« Farewell, ye limpide springs and floods »). Tel un Deus ex Machina, Thomas Morell réécrit lâaction que Carrissimi avait rendu bouleversante : en accord avec Handel, un ange paraĂźt et suspend lâarrĂȘt divin si Iphis accepte de vouer sa vie Ă Dieu : elle aura la vie sauve. En liaison avec sa propre situation, le compositeur brosse un portrait Ă©blouissant de la fille Iphis, insouciante et joyeuse au I, frappĂ©e par lâordre divin au II, capable au III dâune gravitĂ© nouvelle et dâun renoncement admirables. Les auteurs semblent se soumettre aux lois impĂ©nĂ©trables et insaisissables de la destinĂ©e.
InterprĂ©tation. Gardiner en 1989 signe lâun de ses premiers oratorios avec un soin particulier Ă lâorchestre : tout coule, tout se rĂ©alise sans cependant cette Ă©lĂ©gance dĂ©tachĂ©e impĂ©riale qui fait de lâĂ©criture haendĂ©lienne, lâexpression dâune grĂące aristocratique. La tenue des deux premiers solistes : Zebul et Jephthah restent conformes, un peu trop lisse : Stephen Varcoe et Nigel Robson. De sorte quâen un regard global, la caractĂ©risation nâatteint pas lâĂ©tonnante vivacitĂ© de ses ainĂ©s : Hogwood, Pinnock, Christophers ; ni mĂȘme lâĂ©loquence palpitante de McCreesh. Il y manque ce raffinement royal, cette Ă©lĂ©gance suprĂȘme rĂ©solvant le tragique et la tendresse que lâon peut souvent a contrario retrouver dans les meilleures versions de William Christie. Anne Sofie von Otter offre au rĂŽle de Storge, sa gravitĂ© douloureuse et princiĂšre qui semble la distinguer comme Ă©tant la seule qui en vĂ©ritable Cassandre, a lâintuition de lâhorreur Ă venir⊠Lynne Dawson fait une Iphis rien que⊠gracieuse qui au moment de lâultime sacrifice et renoncement du III manque sĂ©rieusement de profondeur et de vĂ©ritĂ© : pourtant Jephtah recueille le dernier sentiment du Handel anĂ©anti et usĂ© ; dans « FarewellâŠÂ » n°34, grand air de suprĂȘme dĂ©tachement, soliste et chef restent Ă la surface, dâune mesure jolie et ⊠prĂ©cieuse voire apprĂȘtĂ©e / offrant une belle rĂ©alisation sans guĂšre dâhallucinants vertiges. Il faut réécouter ici la profondeur poĂ©tique atteinte par Sir Neville Mariner, Ă rééditer chez ⊠Decca.
ComplĂ©mentsâŠ
Le Coffret Decca ajoute lâOde Alexanderâs Feast ou le pouvoir de la musique en lâhonneur de Sainte CĂ©cile, en deux parties, composĂ©e dâaprĂšs Dryden (1697), et prĂ©sentĂ©e en crĂ©ation Ă Londres au Théùtre Royal Covent garden en fĂ©vrier 1736. ImmĂ©diatement, le public londonien applaudit cette ode, fiĂšre et princiĂšre allĂ©gorie, au souffle philosophique chantĂ©e en anglais (26 reprĂ©sentations de 1736 Ă 1755).
Partie 1. Selon Plutarque, Alexandre vainqueur de Darius, cĂ©lĂšbre en prĂ©sence de la belle ThaĂŻs, sa victoire Ă Persepolis lors dâun grand et somptueux banquet : hymne Ă Zeus, Ă Bacchus, Ă©vocation de la mort de Darius, cĂ©lĂ©bration des joies de lâamour et des plaisirs, grĂące Ă la musique (incarnĂ© par le chantre ThimotĂ©e dont le chant suscite divers passions par son Ă©loquente maĂźtrise).
Partie 2. Le tĂ©nor chante un air guerrier et la basse justifie lâacte des Grecs contre les Perses car ces derniers avaient incendiĂ© AthĂšnes. Juste retour des choses. Alors quâon cĂ©lĂšbre la destruction de Persepolis, le choeur final compare le chant de ThimotĂ©e au pouvoir salvateur de la musique et de Sainte-CĂ©cile. Handel nâorganise pas son sujet en un drame cohĂ©rent comprenant personnages et situations dramatiques enchaĂźnĂ©es. Câest une succession dâairs, duos et de choeurs exclamatifs, fortement expressifs, le plus souvent allĂšgres.
InterprĂ©tation. Pourtant avec ses fabuleux Monteverdi Choir et les English Baroque Solists, Gardiner en 1988 rĂ©alise un soutien choral et orchestral trĂšs sĂ©duisant mais trop lisse et finalement dâune tenue mĂ©canique peu caractĂ©risĂ©e sur la durĂ©e. Les solistes sont plus intĂ©ressants, permettant dâexprimer aves justesse le sentiment et le caractĂšre de chaque sĂ©quence : Donna Brown, Carolyne Watkinson, Stephen Vercoe⊠Pour autant lâengagement des interprĂštes manquent de souffle et dâurgence et lâon reste en attente dâune version plus mordante et vive.
Le coffret ajoute aussi un oratorio de jeunesse, en anglais parmi les premiers essais : Acis & Galatea, HWV 49, masque en deux parties dâaprĂšs le livret de John Gay, créé Ă Cannons en 1718⊠En 1978, soit lâune de ses premiĂšres lectures haendĂ©liennes, Gardiner et ses English Baroque Soloists frappent un grand coup, dâune fraicheur de ton admirable, dâune vivacitĂ© expressive passionnante. Dâune grĂące purcelliennes, le masque est une savoureuse et suave pastorale oĂč perce dĂ©jĂ le souffle des choeurs, surtout le solitude langoureuse de la brute PolyphĂšme pour Galatea, qui Ă©crase lâamant de la belle, Acis. La verve théùtrale, lâacuitĂ© du geste saisissent et convainquent totalement, assurant Ă ses dĂ©buts, la justesse poĂ©tique de Gardiner aux cĂŽtĂ©s duquel brillent la grĂące et tendresse des solistes : Norma Burrowes, Anthony Rolfe Johnson, Willard White soit Galatea, Damon et Polyphemus. Superbe premier geste originel dâun Gardiner non encore « standardisé » (comme il tendra Ă lâĂȘtre dans les annĂ©es 1980 et 1990). La version, prĂ©cĂ©demment rééditĂ©e dans le coffret Archiv, analogue archives / ARCHIV Produktion / analogue stereo recordings (1959-1981) â 50 cd limited edition (parution de mai 2016) â LIRE notre prĂ©sentation et critiqueÂ
LIRE aussi le volet 1 de notre grand dossier HAENDEL / HANDEL, les Oratorios 1/2