Par notre envoyée spéciale Hélène Biard
Samedi soir, l’abbaye aux dames de Saintes a invité le jeune pianiste et compositeur Quentin Sirjaq pour un récital qui reprend largement le programme de son premier cd « La chambre claire » paru en 2010. La volonté de présenter des artistes jeunes et prometteurs est tout à fait louable et d’autant plus appréciable que le jeune homme a une marge de progression importante; il peut dans les années à venir entrer dans le cercle très fermé des grands instrumentistes. Il faudrait cependant que Quentin Sirjaq se montre plus communicatif et moins distant avec son public ; cette apparente froideur est d’autant plus regrettable que le pianiste est excellent, dévoilant aussi un véritable talent pour la composition.
Saintes : récital du pianiste Quentin Sijarq
Quentin Sirjaq est né en 1978 et suit des cours de piano dès son plus jeune âge. Très vite il subit la double influence de grands noms du jazz comme Duke Ellington, John Coltrane ou Charles Mingus et de compositeurs tels Maurice Ravel ou Erik Satie. Cette double influence se ressent ensuite dans ses premières compositions ; entre jazz et classique, le jeune artiste absorbe, comprend, réassimile avec une sensibilité évidente.
Comme compositeur, Quentin Sirjaq a déjà mis son talent au service du théâtre, du cinéma, de la radio ou du documentaire avant de composer ses premières mélodies qu’il enregistre en 2010, mélodies qu’il présente ensuite en récital.
Alors tract ou inexpérience de la scène comme soliste récitaliste, nous regrettons un peu de le voir enchainer de manière mécanique les pièces qu’il a choisies pour son récital. La volonté de présenter son propre travail, plutôt que celui des autres, est d’autant plus louable que l’on y trouve un style personnel qui mélange savamment diverses influences; et ce style si particulier ne peut d’ailleurs que s’affiner avec le temps. Pourtant quel dommage que le jeune compositeur interprète ne prenne pas un peu de temps pour présenter a minima ses œuvres dont les titres peuvent paraître quelque peu étranges et suscitent l’interrogation…
Néanmoins la beauté des mélodies et le talent du jeune homme séduit le public qui n’a guère le loisir de manifester son enthousiasme qu’à la toute fin du récital; et là aussi nous regrettons que le soliste pourtant rappelé à plusieurs reprises, se remet devant son piano sans même annoncer le titre du bis qu’il interprète. D’ailleurs le public quelque peu refroidi, applaudit poliment et s’éclipse rapidement; et si l’on peut s’interroger sur cette fin de soirée avortée, dans un climat artificiel, auprès d’un public clairsemé, nous ne pouvons que souhaiter revoir Quentin Sirjaq très bientôt.
Saintes. Abbaye aux Dames, le 25 février 2012. Quentin Sirjaq, piano et chant : Car je cherche le vide; As long as for ever, part I; Mais les ténèbres sont elles-mêmes; Des êtres disparus; Et le noir; Jaillissant de mon oeil; As long as for ever, part II; Yes we will suffer; Aux regards familliers; Obsession. Quentin Sirjaq, piano. Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale Hélène Biard