vendredi 19 avril 2024

Rossini: La Cenerentola. En direct du Palais GarnierKarine Desayes… France Musique, le 17 décembre 2011 à 19h

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Rossini


La Cenerentola


En direct de l’Opéra national de Paris
France Musique

Samedi 17 décembre 2011 à partir de 19h


Reprise nostalgique et… émerveillée au Palais Garnier avec cette Cenerentola imaginée en 1967 déjà (pour Munich), par Jean-Pierre Ponnelle présentée donc à Paris en décembre 2011 selon la volonté de son ancien assistant, Nicolas Joel, actuel directeur de l’Opéra national de Paris. Décors (toiles peintes), direction d’acteurs comme dans la production d’origine à quelques détails près: la simplicité des tableaux rappellent cet enchantement né de nos théâtres d’enfants miniaturisés… dans lequel l’esprit libre anime des figurines pour exprimer l’action du conte.

Côté voix, la piquante et excellente mezzo française, Karine Deshayes, si délicate, fine, intelligente éblouit littéralement dans le rôle d’Angelina – Cendrillon, taillé pour le velours stylé de son timbre radieux… féminin, angélique, subtil. La diseuse remarquée dans un récent disque Fauré (La bonne chanson) sait aussi colorer, caractériser son personnage avec un naturel exquis.

Ses partenaires masculins partagent la même séduction dramatique, alliant aisance expressive et finesse du jeu vocal: José Camarena, Carlos Chausson (comique et burlesque don Magnifico); Alex Esposito (Alidoro), Riccardo Navarro (Dandini); voici une distribution d’une magnifique cohérence … Même les deux sœurs Clorinda (Jeannette Fischer) et Tisbé (Anna Wall) ont un délire juste (a contrario de tant de dérapages bouffes ailleurs pas toujours très légers)… Dans la fosse, le chef rossinien jusqu’au bout des doigts, Bruno Campanella sait cueillir toutes les perles instrumentales au sein d’un orchestre qui ne demande qu’à le contenter.


Rossini: La Cenerentola. Palais Garnier, Opéra national de Paris, du 26 novembre au 17 décembre

Fable morale

Dramma giocoso en deux actes sur un le livret de Jacopo Ferretti, d’après Cendrillon de Charles Perrault, La Cenerentola
est l’ultime ouvrage comique, écrit par Rossini pour le public italien.
Créé le 25 janvier 1817 au Teatro Valle de Rome, l’action lyrique
respecte les codes de bienséances de l’époque: la pantoufle de vair est
remplacée par un bracelet: à l’opéra, les actrices ne doivent pas
exhiber leurs chevilles ni leurs pieds, sur les planches d’un théâtre
respectable. De même, Rossini écarte la figure de la bonne fée, qui est
remplacée par le philosophe Alidoro, mentor du Prince Don Ramiro dont
Angelina (Cendrillon) est amoureuse. Idem pour la marâtre qui accable
chez Perrault, la belle enfant: l’opéra met en scène un père omnipotent,
voire brutal et violent, Don Magnifico, tuteur finalement dépassé par
le tempérament de ses deux filles expansives, Clorinda et Tisbe; surtout
vil et vénal solitaire qui ne s’affaire que pour s’enrichir.

Mais le compositeur et son librettiste se plaisent à réviser la trame
initiale de Perrault, en privilégiant surtout les situations comiques,
délirantes, à répétition… tout est prétexte au travestissement (entre
le Prince Ramiro et son valet Dandini), rien n’est trop éloquent pour
démonter les fonctionnements hypocrites, intéressés, bassement
calculateurs de l’activité humaine. La fable musicale est hautement
moralisatrice: devenue reine, Cendrillon sait pardonner à ses bourreaux
d’hier… Le rôle-titre exige une voix agile et timbrée, celle d’un
mezzo coloratoure, comme le personnage de Rosina dans Le Barbier de
Séville, composé l’année précédente (1816). Le prince Ramiro est chanté
par un ténor, « encadré » par deux barytons, son valet Dandini et son
tuteur et philosophe, Alidoro (en fait baryton-basse).

Acte I

Angelina dite Cendrillon, servante au service de Don Magnifico chante sa
romance pendant que les deux filles de son beau-père, coquettes
apprêtées et ridicules, Clorinda et Tisbe, rêvent d’un beau parti. Car
leur père craint pour le maintien de leur train: ils ne sont pas aussi
riches qu’ils aimeraient. Le mendiant Alidoro, en fait conseiller du
Prince Ramiro qui cherche une épouse, se présente à la porte et éprouve
la brutalité des habitants: à l’inverse, l’accueil d’Angelina le frappe
immédiatement. Des courtisans paraissent invitant les 2 coquettes à un
Bal où le prince Ramiro désignera sa future épouse. Don Magnifico paraît
à son tour, qui se plaint du tumulte matinal: il s’est réveillé d’un
rêve qui lui prédisait fortune et richesse.

Le valet du Prince fait son entrée: il s’agit du Prince lui-même: à
la vue d’Angelina, le jeune homme ne peut cacher son attirance. Dandini,
serviteur du Prince déguisé en Prince paraît enfin. Il réalise une cour
enjouée aux deux soeurs tyranniques. Angelina prie son beau-père
Magnifico d’aller elle aussi au bal, mais son tuteur la rabroue
violemment, choquant Le Prince et Dandini, témoins ulcérés de ce tyran
domestique. Alidoro qui se montre sous sa vraie identité, demande à
Magnifico où se trouve sa troisième fille: Angelina est prête à se
désigner mais son beau-père, feignant la tristesse, avoue qu’elle est
morte. Tous s’en vont au bal. Restée seule, Angelina s’effondre mais
Alidoro paraît lui révèle la vérité, l’amour du Prince pour elle: il la
prépare pour le bal et la conduit en carrosse au château.

Acte II

Au Château, Dandini déguisé en prince courtise assidûment les deux
mégères, tandis que Magnifico, nommé sommelier officiel, doit goûter les
vins de la cave royale.

Ne parvenant pas à se décider entre les deux épousables, Dandini
propose d’offrir à la seconde son valet, en vérité le vrai prince,
Ramiro: les soeurs s’en offusquent, traitant le serviteur d’indigne, de
vaurien et de vulgaire. C’est alors sque Angelina en habits de princesse
donc méconnaissable, fait son entrée: les coquettes qui ne la
reconnaissent pas, la jalousent. Elle retire son voile, et tous saisis
de surprise ou d’admiration, ne cesse jaser. Dandini annonce qu’il
choisira son épouse après le souper faisant suite au bal.

Dandini invite alors tous les convives à prendre place au banquet qui
commence et promet de choisir une épouse durant le bal après souper.
Quand Dandini s’approche de Cenerentola, celle ci décline son invitation
car elle aime son « valet », qui est en fait le Prince Ramiro lui-même.
Celui-ci se présente à elle, et croyant toujours qu’il s’agit du valet
du Prince, Angelina lui offre l’un de ses bracelets: s’il eut la
conquérir, il faudra qu’il la retrouve grâce au bijou. Angelina quitte
le château: la quête du Prince peut commencer… Dandini dévoile à
Magnifico qu’il n’est que valet: le beau-père ulcéré jure de se venger.

Chez Magnifico, les convives de retour du bal agressent Cendrillon,
qui a réapparu en… haillons. Elle chante sa romance et rêve du valet
du prince. Mais celui ci paraît, reconnaît celle qu’il aime grâce au
bracelet qu’elle porte: ils se jurent un amour éternel. La constance et
la vertu ont été récompensées. Au château, alors que les noces se
préparent, Magnifico et ses filles demandent pardon à celle qu’ils ont
martyrisée: clémente, Angelina sait leur pardonner. La bienveillance est
la vertu des rois à l’opéra.
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