PARIS, EXPOSITION : Musée d’Orsay, Spectaculaire Second Empire, 1852-1870 / du 27 septembre 2016 au 16 janvier 2017. Ne vous fiez pas au visuel générique de l’exposition événement du Musée d’Orsay (illustration ci contre) : la pose tranquille, rêveuse, et presque absente de Madame Moitessier par le peintre Ingres (1856), incarne bel et bien un âge d’or de la fête, orchestrée par Napoléon III et ses célébrations collectives, d’un luxe et d’un retentissement uniques dans l’histoire de France. De 1852 à 1870, la France se représente donc et s’affirme en Europe gra^ce à son image impériale, réalisant de somptueux travaux (nouvel urbanisme parisien, amorce de l’Opéra Garnier…), dynamisant tous les arts pour la seule gloire internationale du style impérial.
Le Second Empire expose ainsi au Musée d’Orsay, ses plus beaux joyaux, où la famille impériale n’hésite pas à se mettre en scène. L’époque est celle d’un éclectisme forcené qui érudit et foisonnant, se joue des références puisées dans les styles passés (néo grec, néo gothique, néo Renaissance, néo Baroque, etc…), la photographie, les Réfusés du Salon qui se regroupent et inventent l’art moderne, c’est à dire aux côtés de Manet et de Degas, l’impressionnisme, jouent leur propre partition, affirmant de façon parfois provocatrice, l’essor et la justesse de leur approche, quand Gérôme – après Gleyre, récemment exposé à Orsay, revendique un art total, académique et réaliste.
Sur le plan musical, PARIS s’affirme en capitale incontournable, temple inespéré, parfois inaccessible, toujours passionnément envisagé : pour les compositeurs de l’Europe entière, faire créer son opéra à l’Opéra de Paris – Académie impériale de musique, indique la consécration. Ainsi le genre du grand opéra à la française (inventé par Rossini dans Guillaume Tell, puis Meyerbeer et Halévy) attire inévitablement les deux plus grands créateurs romantiques de la seconde moitié du siècle : Wagner et Verdi dont respectivement Tannhaüser (1861), ou Don Carlos (créé en 1867, conçu en français, après Les Vêpres Siciliennes de 1855) sont les offrandes spectaculaires pour le coup, élaborés par leurs auteurs, au genre parisien (avec l’obligation codifiée des ballets, mais pas au premier acte, comme a osé le faire Wagner en guise de critique acerbe du milieu français)… Les grands triomphateurs restent cependant, Ambroise Thomas (Hamlet, 1868) et Charles Gounod (Faust, 1869), génie de l’opéra français au XIXè, dont la valeur attend toujours une juste reconnaissance.
L’exposition, riche en correspondances et approfondissements thématiques comble les attentes, celle des amateurs ou des curieux que l’art musical à la fin du XIXè intéresse particulièrement : une large section est réservée à l’autre foyer de création lyrique et musicale, aux côtés de l’Opéra : le Théâtre Lyrique et Les Bouffes Parisiens. La veine délirante, comique, proche de l’Opéra comique et de l’esprit des Foires, trouve en Offenbach, son génie le plus riche et profond. C’est une seconde scène, plus libre, plus inventive sur le plan de la forme dont sortira triomphale mais après la mort de son auteur (et après la chute du régime), Carmen de Bizet (1875). Le Second Empire est une célébration collective (pour les nantis) mais aussi une période aux évolutions tragiques car le rêve s’achève brusquement en un double traumatisme, en 1870, avec la défaite française contre la Prusse, et dans le sang patriote des Communards.
La société du Second Empire est le première à diffuser et cultiver sa propre image (le portrait s’y renouvelle totalement, forcé à un nécessaire toilettage sous la pression de la photographie) : le spectacle, donc l’opéra et le théâtre musical y règnent sans partage : l’exposition événement au Musée d’Orsay le dévoile grâce à de nombreux témoignages : gravures d’époque, peintures, sculpture, maquettes, … Parcours incontournable.
PARIS, Musée d’Orsay. Spectaculaire Second Empire, 1852 – 1870. Jusqu’au 15 janvier 2017.
Opéra, récitals, bals et films d’opéras…
SPECTACLES au Musée d’Orsay… En complément à l’exposition, le Musée d’Orsay propose aussi un cycle d’événements musicaux :
– l’opéra « Un dîner avec Jacques », compilation truculente d’après les opéras de Jacques Offenbach (les 29 septembre puis 6, 8, 9 octobre 2016 / EN LIRE +),
– Récitals lyriques, le 20 octobre (Marie-Nicole Lemieux), le 17 novembre 2016 (Karine Deshayes), à 20h,
– Les « Lunchtime », cycle de 7 concerts à 12h30, du 11 octobre au 13 décembre 2016 (les sœurs Bxzjak, pianistes ; le Trio Dali; Edgar Moreau, Deborah Nemtanu, Natacha Kudritskaya, Chiara Skerath…)
– Les Opéras filmés : cycle de projection d’opéras, du 5 novembre au 27 novembre 2016, soit 4 séances à 15h : L’Africaine de Meyerbeer, Roméo et Juliette de Gounod, Donc Carlos de Verdi (en version originelle française), Tannhaüser de Wagner (lopéra qui frappa Baudelaire lequel en écrivit un commentaire mémorable qui lança la vogue inépuisable et toujours actuelle du wagnérisme en France…)
– Bals dans la Salle des fêtes, les dimanches de 11h à 17h, les 16 octobre et 13 novembre 2016
Toutes les infos et les modalités de réservations sur le site du Musée d’Orsay