STRASBOURG, Francesca da Rimini de Zandonai : dès le 8 décembre 2017. Aussi intense dramatiquement que les opéras de Puccini ou de Mascagni, la partition de Zandonai, datée de 1914, révèle peu à peu ses trésors orchestraux et lyriques : l’ivresse émotionnelle des amants maudits croise l’une des périodes les plus ténébreuses de l‘histoire européenne du XXè (celle de la première guerre : la plus meurtrière de ce siècle ; dans un tension permanente qui est celle propre à l’époque de l’ouvrage, des conflits entre Guelfes et Gibelins au XIIIème) ; Richard Strauss pour sa part, vient de composer alors La Femme sans ombre dont le thème humaniste, salvateur, compense comme une eau-forte contrastante, l’horreur indicible de l’époque dans laquelle il écrit son chef d’oeuvre… On retrouve chez Zandonai cette noirceur et aussi le sentiment d’une urgence à revendiquer haut et fort, la dignité inappréciable de la vie face à la faucheuse barbare. Toute l’action de Zandonai célèbre le miracle de l’amour entre deux êtres quand ils se reconnaissent : rien ne peut s’opposer à l’accomplissement d’une attraction naturelle. Mêmes maudits, empêchés, les deux amants, Francesca et Paolo, sont sublimés par la légitimité de leur désir en partage. Face à eux, le regard jaloux de l’époux de Francesca et frère de Paolo, Giovanni le boiteux.
On se souvient d’une exceptionnelle production présenté il y a quelques années à l’Opéra Bastille (présentation de la production à l’affiche en février 2011: LIRE notre synopsis de l’oeuvre Francesca da Rimini de Zandonai), dévoilant alors la cohérence d’une opéra dense, brut, noir,… fulgurant dans sa résolution tragique. De même l’ouvrage avait scellé la formidable union artistique d’un couple à la ville, à la scène : Il est vrai que l’ouvrage s’inspire de la pièce de Gabriele d’Annunzio elle-même étant une adaptation de L’Enfer de Dante. Le compositeur se passionne pour la figure du couple éperdu, radical de Francesca da Rimini et de son amant Paolo (acte IV : duo embrasé et aussi mélancolique, malgré leur union) avant que Giovanni, stimulé par le troisième frère Malatestino (le borgne), n’assassine les deux amoureux qui provoquent malgré eux leur laideur haineuse. L’opéra de Zandonai s’inscrit dans une relecture de la Renaissance italienne : les Malatesta à Rimini s’apprêtent à recevoir la princesse Francesca, être sombre et dépressif, qui est vendue à l’un des fils Malatesta, afin d’interrompre la guerre entre Guelfes et Gibelins : les Malatesta sont les chefs de file du parti Guelfe. L’Opéra du Rhin présente une nouvelle production de l’opéra de Zandonai. Quelle vision du profil maudit, déjà funèbre de Francesca ? Quelle conception de l’orchestre, d’une ivresse sonore flamboyante ? Réponse à partir du 8 décembre 2017 à Strasbourg.
Pour la metteure en scène Nicola Raab, Francesca da Rimini est à l’image de son héroïne, un opéra « d’une mélancolie presque insoutenable dans l’évocation d’un monde perdu ».
ZANDONAI : Francesca da Rimini (1914)
Opéra national du Rhin
8 représentations
Strasbourg puis Mulhouse
Du 8 décembre 2017 au 8 janvier 2018
Strasbourg – Opéra
ven. 8 décembre 20 h »
dim. 10 décembre 15 h »
jeu. 14 décembre 20 h »
mar. 19 décembre 20 h »
sam. 23 décembre 20 h »
jeu. 28 décembre 20 h »
Mulhouse – La Filature
sam. 6 janvier 20 h »
lun. 8 janvier 20 h »
INFOS & RESERVATIONS
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