jeudi 8 mai 2025

Meslay du Maine. Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul, le 23 août 2012. Amour et passion. Récital de Max Emanuel Cencic, contre-ténor. Haendel, Porpora, Leo,Vivaldi,Porta,Ristori… Armonia Atenea. George Petrou, clavecin et

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Max Emanuel Cencic

Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale à Sablé, Monique Parmentier

Le propre d’un festival quel qu’il soit est de faire du spectacle vivant. Ainsi des concerts parfois trop attendus, peuvent ne recevoir qu’un demi-succès et laisser le souvenir d’une soirée très contrastée. Un concert est par essence fragile, où un rien peut tout à coup briser l’harmonie.
Une acoustique aléatoire par exemple peut certains soirs ne pas faciliter la tâche des artistes. Lors de la soirée du 23 août, dans l’église de Meslay du Maine, au clocher fort reconnaissable de loin, elle s’est effectivement avérée difficile.


Amour et Passion, sans passion

Le trac également peut participer à fragiliser les artistes. Etait-ce le cas pour Max-Emmanuel Cencic ce soir, lui qui venait pour la toute première fois au festival de Sablé ? C’est possible. Car s’il est arrivé souriant sur scène, lui qui nous a toujours habitué à n’utiliser sa partition que de manière épisodique, voir à s’en passer totalement, ne l’a quasiment jamais quitté des yeux. Mais peut–être était-ce plutôt pour mieux rester concentré, tant l’orchestre qui l’accompagnait, Armonia Atenea, ne lui a pas forcément apporté la pulsation et les couleurs qu’il était en droit d’attendre pour sublimer le répertoire choisi pour ce récital.
Le programme qu’il a conçu n’était certainement pas des plus chatoyants, manquant d’un véritable impact dramatique comme les deux motets qu’il nous proposait. Certes ces deux derniers, composant l’essentiel de la première partie du programme de Nicolas Porpora et de Leonardo Leo, mettaient en valeur la tessiture grave du contre-ténor, dont on peut dire qu’elle ne cesse de s’épanouir, mais il aurait fallu un orchestre beaucoup plus riche en nuances et accents diaprés pour nous séduire avec des œuvres aussi peu expressives.
Il a fallu attendre la toute fin du concert avec les deux airs de vaillance extraits des opéras de Giovanni Alberto Ristori et d’Antonio Vivaldi, ainsi que les deux bis extrait du Nisi Dominus de Vivaldi, pour retrouver l’artiste que nous aimons dans toute la plénitude de son art. Un phrasé subtil, un médium d’une belle rondeur et des aigus scintillants, font de lui un des meilleurs et des plus intéressants contre-ténors du moment.
Le public de Sablé bon prince, a préféré oublier, la faiblesse de l’orchestre et de leur chef, faisant un triomphe à Max-Emmanuel Cencic. Ce dernier a su séduire un public tout acquis depuis des années à la voix d’ange de son confrère Philippe Jaroussky. Son timbre unique et sa fine musicalité contribuent aujourd’hui à renouveler notre plaisir à assister à des récitals vocaux.

Nous avons découvert en deux jours, les charmes de ce nouveau festival de Sablé. Plus de 30 ans après sa création, sa nouvelle directrice, Alice Orange, est parvenu en douceur à conserver et renouveler le public venu comme chaque année nombreux. Entre déjeuners sur l’herbe en compagnie des artistes et conférences aussi passionnantes qu’érudites comme celle de Gilles Cantagrel sur la Messe en si à laquelle nous avons assisté, nous avons savouré tout un art de vivre et des instants précieux. Le théâtre venant rejoindre la musique, la fantasmagorie baroque a pu s’exprimer sans réserve, comme avec les deux spectacles uniques et flamboyants de Benjamin Lazar en compagnie de l’ensemble La Rêveuse : l’Autre Monde ou les Etats et Empires de la Lune de Savinien Cyrano de Bergerac et les Caractères de La Bruyère.
Musique, danse, vers et prose, nourritures célestes et terrestres ont mêlé avec subtilité leurs saveurs et leurs parfums. A Sablé, la moisson fut belle.

Sablé. Festival Edition 2012 (21 au 25 août 2012). Meslay du Maine Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul. Le 23 août 2012. Amour et passion : Georg Friedrich Haendel (1685 – 1759), Sonate en trio op. 2 n° 2 pour deux violons et basse continue en sol mineur. Nicola Porpora (1686-1768), Qualis avis (motet) ; Leonardo Leo (1694-1744), Dove fuggo (motet) ; Antonio Vivaldi (1678-1741), Concerto pour mandoline en do majeur RV 425 ; Sonate en trio op.1 n°12 en ré mineur, RV 63 « La Follia » ; Anche in mezzo a perigliosa (Aria de l’Odio vinto dalla constanz) ; Giovanni Porta (V. 1675-1755), Ecco il tuo fido (Aria de La constanza combattu in amore) ; Giovanni Alberto Ristori (1692-1753), Parlano a questo cor (Aria d’Orlando Furioso). Max Emmanuel Cencic, contre-ténor. Armonia Atenea, direction et clavecin : George Petrou.

Compte rendu rédigé par notre envoyée spéciale à Sablé, Monique Parmentier

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