vendredi 25 avril 2025

Livres d’été: dossier « Opéra »

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Lectures d’été
Dossier Opéra

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2007 marque donc les 400 ans de l’opéra. C’est en effet, le 24 février 1607 que Claudio Monteverdi créa son Orfeo devant la Cour ducale de Mantoue. La partition désormais considérée comme le premier opéra de l’histoire, par son unité et la force de son sujet qui met en scène Orphée, chantre de Thrace, est naturellement à l’affiche de nombreux festivals (Beaune et Sarrebourg). Lire notre dossier spécial Orfeo de Monteverdi.
Une version discographique est également attendue en septembre prochain, celle que dirige Rinaldo Alessandrini à Beaune, justement. Retransmis sur France Musique en direct (le 13 juillet à 21h).
Les éditeurs n’ont pas hésité de leur côté à célébrer la lyre d’Orphée et l’art vocal. Les vacances sont propices à la lecture. Voici, en partenariat avec notre partenaire www.pagesmusicales.fr où vous pourrez achetez tous les titres que nous avons sélectionnés, un choix de textes plus que recommandables, qui ont été l’objet pour chacun d’une chronique par les rédacteurs de notre mag des livres, depuis le début de l’année 2007.

1. L’Opéra national de Paris publie pour chacune des productions à l’affiche du Palais Garnier ou de l’Opéra Bastille, de superbes programmes qui offrent un aperçu synthétique sur l’oeuvre jouée. La fin de la saison 2006/2007 fut riche en découvertes et en événements. L’on ne saurait trop vous recommander, par exemple, la lecture de quelques uns des programmes édités par la Maison parisienne. La Juive de Fromental Halévy suscita un triomphe sur la scène parisienne dès sa création en 1835: il s’agit certes d’un opéra dans le grand style associant foules, portraits psychologiques, décors et mise en scène fastueux. La modernité de l’oeuvre et son engagement humaniste qui en fait surtout un manifeste de tolérance et de pardon ne doivent pas être mis de côté. En vente dans les comptoirs librairies de Garnier et de Bastille.

2.
Les éditions CNRS ont eu raison de publier l’excellent texte de Michèle Sajous d’Oria, « Bleu et or », les couleurs des théâtres publics de l’époque révolutionnaire. De la fameuse colère de Voltaire en 1748 à 1807, quand Napoléon institue la configuration des salles théâtrales, se produit un phénomène architectural, sociologique et culturel d’importance: le renouveau des théâtres.

3.
L’opéra baroque appartient désormais à notre paysage musical. En liaison avec les représentations de l’ouvrage en mai 2007, les éditions Espaces 34 font paraître en juin 2007, « Pyrame et Thisbé, un opéra au miroir de ses parodies (1726-1779). L’ouvrage coécrit par les « deux François », Rebel et Francoeur, et créé en 1726, offre une alternative nouvelle au cadre académique de la tragédie lyrique héritée de Lully. C’est une passionnante enquête, en plusieurs volets documentaires, qui restitue la modernité d’une oeuvre officielle, et ses résonances au travers des nombreuses parodies qu’elle a suscité jusqu’en 1779 … preuve de son succès dans le milieu musical du Paris de La Régence et de Louis XV.

4.
Adossée aux éditions Beauchesne, la revue Prétentaine intitule son numéro paru en juin 2007: « Opéra. Mises en scènes et représentations théâtrales » (Prétentaine n°20/21). Chacun y trouvera des textes d’analyse et de compréhension de l’opéra aujourd’hui. Les angles d’approches sont diversifiés et le niveau de recherche et de réflexion, constant. Certains y liront même de très vives critiques, parfois partisanes, sur les dérapages des mises en scènes actuelles, en particulier à l’Opéra de Paris. Révélateur motivé de la « malscène » moderne, la revue publie surtout plusieurs remarquables articles sur les mises en scènes des opéras de Wagner, depuis le Ring du Centenaire par Chéreau/Boulez, jusqu’à Harry Kupfer, sans omettre Ponnelle, Flimm, Kirchner, Friedrich, Herzog… C’est une contribution claire et structurante pour « une phénoménologie critique de l’espace wagnérien ».


5.
Georges Sauvé signe chez L’Harmattan, une biographie qui manquait sur l’oeuvre et la carrière d’Antonio Sacchini. Mort à Paris en 1786, Sacchini fait carrière à Paris, rival de Piccinni, continuateur de l’ouverture à l’étranger, cultivé par Marie-Antoinette… Il s’agit d’un texte personnel, engagé, qui plaide pour une plus juste réévaluation de l’oeuvre du compositeur napolitain. L’auteur lève le voile sur l’oeuvre parisienne d’un maître de l’opéra italien.

6. Né en 1952, Philippe Fénelon est connu comme compositeur. Son Faust vient d’être créé à l’Opéra du Capitole de Toulouse (mai/juin 2007). Actes Sud édite « « Histoires d’opéras », un ensemble d’articles sur l’opéra que le compositeur avait rédigé, certains d’ailleurs pour les programmes de l’Opéra de Paris. Fénelon aborde à peu près tous les opéras importants du répertoire « classique », en soulignant la dramaturgie et les caractères des écritures musicales. Regard d’un compositeur d’opéra sur les ouvrages qui le précèdent, le texte est aussi un miroir de sa propre écriture. Autour de ses quatre oeuvres importantes, Sancho, Les Rois, Salambo et Faust, Philippe Fénelon ouvre la porte de son atelier (précisément de son Journal intime): un compositeur d’aujourd’hui nous parle de son métier de compositeur. Difficultés, obstacles, doutes du concepteur confronté à la promesse d’une oeuvre en devenir, qui n’existe que lorsqu’il met au propre l’ensemble des esquisses parfois nombreuses, souvent contradictoires

7. De son côté, Patrick Taïeb, s’intéresse à « L’ouverture de l’Opéra » en France. Voici une lecture plus que recommandable. Elle lève le voile sur une période musicale où, pour la France, on ignore les noms des compositeurs à l’affiche, tenants d’une école et d’une esthétique, tant, de la fin de l’Ancien Régime jusqu’à la chute de l’Empire, on pense à (tort) que l’essor de la musique passe principalement par Vienne, où Haydn, Mozart et Beethoven cristalliseraient à eux trois, l’ensemble de l’art musical européen. Chercheur en musicologie, particulièrement passionné par l’histoire du concert en France, au travers des programmes proposés, Patrick Taiëb analyse, entre 1760 et 1815, le contenu, la réception, l’écriture et le statut des ouvertures d’opéra en France, soit de Philidor et Monsigny à Méhul.

8. Enfin, nous ne pouvions pas écarter la très efficace publication de l’Encyclopedia Universalis, « Inventaire de l’Opéra », paru en novembre 2006. L’histoire de l’opéra, depuis ses origines au début du XVII ème siècle est synthétiquement abordée, par jalons essentiels en trois premiers chapitres : « Genèses », « épanouissements » et, terme crucial pour le genre qui nous occupe, « Métamorphoses ». D’ailleurs, ce dernier chapitre dresse logiquement l’inventaire des 19 partitions majeures qui, de Carmen de Bizet au Saint-François d’Assise de Messiaen, retrace l’évolution d’un genre en permanente mutation.
Les trois chapitres centraux : « Lieux », « Texte » et « Voix » envisagent la géographie du lyrique, ses liens avec la littérature, analysent la fascination du phénomène vocal.
Enfin le dernier triptyque élargit l’approche critique en mettant en avant divers aspects thématiques : « techniques d’écriture »,  » direction d’opéra » (par H. Gall), l’amour /la mort (« Eros et Thanatos »), « l’opéra dans la cité », sans omettre l’inévitable question de la mise en scène, abordée de façon positive d’ailleurs (« scénographie lyrique »)…

400 ans de magie pure

L’opéra ne cesse de fasciner et de susciter la réaction parfois passionnée des publics. Jamais autant de spectateurs qu’aujourd’hui. Si la tyrannie des images et du cinéma exerce bien son pouvoir dans l’évolution culturelle de notre société, l’opéra indique une autre direction: la continuité d’un attachement pour la féerie du spectacle vivant. Celle qui passe par des corps chantant, des individus chefs, musiciens, chanteurs, capables de porter jusqu’à leurs ultimes limites, l’accomplissement de la musique et du théâtre. Machine à rêver, miroir critique aussi sur notre monde et ses déséquilibres, l’Opéra a encore beaucoup d’années devant lui. Le genre n’est pas mort. Il a réussi à se démocratiser, tout en se renouvelant. Notre sélection Opéra devrait vous permettre d’y voir plus clair. Souhaitons au chant d’Orphée encore 400 ans de magie pure!

Dossier réalisé par Adrien De Vries, Carter Chris Humphray, Stéphanie Bataille, Hugo Papbst sous la direction d’Alexandre Pham

Illustration
Fragonard, La liseuse (1772)

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