Ivry Gitlis
Le violon sans frontières
Arte
Dimanche 29 mars 2009 à 19h
Concert. Tchaïkovski: Concerto pour violon
Lundi 30 mars 2009 à 22h45
Documentaire. Réalisation: Sandra Joxe (2009, 1h).
justesse la figure atypique, attachante du violoniste octogénaire Ivry
Gitlis. Après sa lecture du Concerto pour violon de Tchaïkovski, la
chaîne diffuse un portrait inédit signée Sandra joxe.
Road movie musical
… d’un enfant facétieux, impertinent et surtout
virtuose du violon… A l’heure où l’on fête les 10 ans de la mort de
Yehudi Menuhin (12 mars 2009), Ivry Gitlis qui vient d’enregistrer le
Concerto pour violon de Brahms, incarne un geste libre, mutin,
inventif, hors normes. L’artiste est aussi atypique que le musicien
surdoué. Ses engagements qui hier ont secoué, perturbé la planète
feutrée du classique, paraissent aujourd’hui visionnaires: Gitlis
exprime une vision de la vie marquée par l’humain, la générosité,
l’appétit de vivre, sublimer, transmettre. de la Mer morte à Haïfa,
sans omettre Jaffa, le musicien revisite les lieux de son pays natal à
l’occasion de masterclasses qu’il conduit au Jerusalem Music center,
avec l’intelligence pétillante d’un jeune homme. Pourtant l’homme a
derrière lui, une carrière de près de 70 ans d’activité sans relâche au
service de la musique et des compositeurs.
La transmission souligne le feu bouillonnant de l’instrumentiste,
amoureux des hommes et de la vie. Aux côtés du pédagogue habité et
impliqué, le film met en lumière les épisodes de sa vie personnelle:
enfance sur le Mont Carmel, premiers débuts comme prodige du violon,
exil en Europe, ascension sur la scène internationale…
Inquiétante étrangeté
Sandra Joxe saisit l’instrumentiste au vol, ose cadrer son portrait
alors qu’il n’aime ni règles stricte ni formatage: au final, le
portrait de cet enfant de 86 ans scintille de vie, de poésie, de
caractère: tout ce qui distingue aujourd’hui, un artiste dans son
temps. Des 50 h de rushes ainsi filmés, la réalisatrice synthètise,
coupe, retient l’essentiel d’un être séducteur, parfois manipulateur
mais sincère et intense, toujours sur le fil d’une curiosité tendue et
vibratile. Il s’agit de capter « sa sensibilité à fleur de peau, son
inquiétante étrangeté »… Un extraterrestre Ivry Giltis? Pas si sûr.
Celui qui a sillonné les pays et rencontrer les publics, qui a fait
plusieurs fois le tour du monde ne répond au final qu’à sa spontanéité
propre, son geste de l’instant, ses « échappées belles, parfois
déconcertantes, souvent désopilantes » dont « tout l’enjeu est d’en
toruver la logique interne ». Le portrait filmé se dérobe, revient à
l’écran sur son sujet, glisse vers un autre. Agilité et vivacité,
curiosité et empathie. Un humain trop humain, captivant et attachant.
Illustrations: Ivry Giltis (DR)