samedi 26 avril 2025

Giuseppe Verdi, Falstaff (1893)Mezzo, le 30 septembre à 20h45

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Le génie se bonifierait-il avec le temps ? Rien de plus avéré dans le cas de Verdi qui laisse pour ultime ouvrage en 1893, à 79 ans, un chef-d’œuvre comique d’une tonicité et d’une maîtrise musicale inégalées. Sir John Falstaff est ce bouffon sérieux, naïf et vaniteux, qui tient autant du Casanova drolatique que du brave compère de taverne. Ici tout tourne autour de la duperie et du ridicule : leçon de cynisme et aussi de philosophie où notre héros apprend à ses dépens que le monde est farce. Verdi a puisé chez Shakespeare (Les Joyeuses commères de Windsor) ce personnage truculent et a demandé à son librettiste, Arigo Boito, qui avait déjà « écrit » Otello (1887), de réadapter le sujet.

Riccardo Muti, verdien affirmé parfois massif, affine son propos et donne de Falstaff, dans cette captation de 2001, une vision classique (pour le centenaire de la mort du compositeur italien), d’autant que le plateau vocal comporte de vrais atouts, d’autant plus mis en valeur que la salle petite, celle du Teatro de Busseto, favorise l’intimité et la ciselure des voix. Palmes à Inva Mula et son apparition féérique dans le tableau nocturne à la minuit sonné ; duo caquetant à souhait de Barbara Frittoli et Anna Caterina Antonacci ; élégance et style également du côté des hommes, avec Juan Diego Florez qui campe un Fenton amoureux et palpitant. Dans la fosse, la baguette de Muti s’ingénie avec pertinence et finesse : rien de surprenant donc à ce que cette production soit un moment convaincant.
L’épopée burlesque se révèle allégorie de la condition humaine. Verdi inspiré par le drame de Shakespeare (circa 1595-97), retrouve la charge poétique du poète et dramaturge anglais : la farce et le cynisme nourrissent la violence subversive de la partition laquelle recèle mille et une « trouvailles » instrumentales. Grâce aux chanteurs, l’articulation délectable de l’italien s’accomplit dans un texte qui plonge dans l’esprit de la Commedia dell’arte, et donc aux racines du théâtre piquant et pittoresque. Il faut entendre à ce titre la scène de féerie nocturne qui ouvre l’acte III où chacun pour mieux tromper Falstaff se travestit en lutins et en fées ; il faut surtout prêter une attention décuplée au final qui est un rire collectif construit sur une fugue magistrale. Chanteurs inspirés et tous musiciens sans exception, chef sculpteur et impliqué, mise en scène sobre et non décalée (tous les costumes dans le style Renaissance ont été recréés selon une représentation documentée de 1913), cette production est un très bon spectacle.

Distribution
Inva Mula, Nannetta
Juan Diego Florez, Fenton
Barbara Frittoli, Alice
Anna Caterina Antonacci, Meg
Ambrogio Maestri, Sir John Falstaff

Choeur et orchestre du théâtre de la Scala
direction, Ricardo Muti

Réalisation : Ruggero Cappuccio
Durée : 2h05mn

Diffusion
Le 30 septembre à 20h45

Approfondir
Lire notre grand dossier Giuseppe Verdi
Après la diffusion de l’opéra, Mezzo diffuse un portrait de l’interprète de Nannetta, la soprano albanaise Inva Mula

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