Giaocchino Rossini
Le Barbier de Séville, 1816
Liège, Opéra Royal de Wallonie
Du 20 novembre au 6 décembre 2008
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Michele Mariotti, direction
Maître-compositeur à 25 ans
A 18 ans (1810), Rossini est déjà un compositeur remarqué (en particulier depuis La Cambiale di matrimonio présenté à Venise), applaudi à 21 ans grâce à Tancredi également
créé à Venise. Vénéré, considéré comme le plus grand maître de la scène
lyrique en 1816, à 25 ans, il répond honorablement à sa réputation
comme l’attestent les deux ouvrages composés durant cette année: Il Barbiere di Siviglia d’après Beaumarchais (Le Barbier de Séville, 1775) et Otello.
Le virtuose manie les registres tragiques et comiques avec la même
dextérité, simultanément, comme le fera quelques années après lui, à la
génération suivante, Gaetano Donizetti.
Avant la mise en musique par Rossini, Piasiello s’était déjà intéressé
au sujet de la pièce de Beaumarchais, en 1775 dans une oeuvre qui
suscita à son époque un vif succès. Pour éviter toute accusation de
plagiat, Rossini demanda l’autorisation à Piasiello de composer sa
propre version, changeant le titre différent afin d’éloigner davantage
les deux oeuvres dans l’esprit du public et des connaisseurs: « Almaviva, ossia l’inutile precauzione ». Alors que ses précédents buffa, L’italienne à Alger ou Le Turc en Italie
composent des pièces purement décoratives au délire poétique sans
attaches psychologiques ou politiques, il en va différemment du Barbier
qui doit à son origine française, des interactions concrètes dans un
milieu psychologique et social très précisément brossé. Le portrait des
caractères, entre Rosina, jeune femme rebelle à fort tempérament malgré
son enfermement, Figaro ou Almaviva, est finement élaboré. Chacun y
impose sa propre histoire et sa sensibilité qui en font des personnages
plus dramatiques que vraiment comiques.
Parmi les voix légendaires de l’opéra, la fille de Manuel Garcia, baryténor célèbre qui chantait Don Giovanni, et professeur lui-même de chant, Maria, s’illustra de façon mémorable dans le rôle de l’intraitable et libertaire Rosina. En 1825, au King’s Théâtre de Londres, alors qu’elle n’avait que 17 ans, la jeune mezzo remplaça au pied levé la grande Pasta, célèbre cantatrice de la génération précédente: une étoile était née.