Centenaire des Ballets Russes à Paris
Exposition Les Ballets Russes à la Bibliothèque Musée de l’Opéra
Le Palais Garnier accueille jusqu’au 23 mai 2010, une rétrospective
phare dédiée aux Ballets Russes, pour le centenaire de la Compagnie, à
l’affiche parisienne dès 1909. L’Opéra de Paris avait cependant refusé
de programmer la Compagnie de Diaghilev. Après son succès au Châtelet,
l’Opéra accueillit dès 1910, la féerie chorégraphique et symphonique
suscitée par Diaghilev…
Alors que le Ballet de l’Opéra rend hommage aux Ballets Russes,
dans le cadre du centenaire de leur première saison à Paris (1909), une
exposition leur est également consacrée à la Bibliothèque-Musée de
l’Opéra du 24 novembre 2009 au 23 mai 2010.
Entre leur création par Serge Diaghilev et la
mort de leur fondateur, en 1929, la compagnie des Ballets Russes donne
dix-neuf saisons de spectacles à Paris. Lancés au Théâtre du Châtelet,
les Ballets Russes remportent un succès immédiat et participent au
renouvellement du ballet classique grâce au style résolument moderne
des nouveaux chorégraphes tels Michel Fokine, Vaslav Nijinski, Leonide
Massine ou George Balanchine. De la même façon, les Ballets Russes de
Diaghilev suscitent de profondes mutations dans l’art du décor et du
costume de scène au début du XXe siècle. L’exposition propose une
centaine d’oeuvres parmi les plus importantes des collections de la BnF
sur les Ballets Russes, auxquelles s’ajoutent des pièces
exceptionnelles provenant de prêts institutionnels et privés. Conçue
comme une rétrospective des spectacles de cette compagnie, l’exposition
met surtout en avant les réalisations scénographiques : ainsi les
maquettes de décors et de costumes provenant des collections du
secrétaire de Diaghilev, Boris Kochno (acquises par dation, en 2002,
par la Bibliothèque-Musée de l’Opéra).
De Diaghilev à Nijinsky
L’exposition s’ouvre sur la figure de Serge Diaghilev ;
« mécène sans argent » ainsi qu’il aime à se qualifier, il organise
différentes manifestations à Paris entre 1906 et 1908 avant de proposer
au public parisien, en 1909, une saison de ballets au Théâtre du
Châtelet. En dépit du triomphe que connaissent ses spectacles,
Diaghilev doit assumer un manque à gagner financier qui met en péril
l’avenir de l’entreprise. Sur le plan diplomatique, l’aventure
artistique de ce fauteur de troubles trop moderniste gêne les autorités
officielles: un rapport est envoyé à la cour de Russie pour que cet «
impresario amateur » soit éloigné de Paris. Mais Diaghilev négocie avec
ses créanciers. Il obtient que la Compagnie puisse donner une nouvelle
série de représentations, l’année suivante, cette fois à l’Opéra, en
1910.
La deuxième partie de l’exposition est consacrée au danseur Vaslav Nijinski
et au décorateur Léon Bakst, qui joue un rôle central dans les choix
artistiques de la compagnie à ses débuts. Grand collectionneur d’art
asiatique, Bakst fait d’innombrables références à l’Orient dans les
décors et costumes des différents ballets du répertoire de la compagnie
de Serge Diaghilev : Cléopâtre, Shéhérazade ou encore L’Oiseau de feu.
Bakst, « obsédé par la Grèce antique jusqu’au délire », selon le
décorateur Alexandre Benois, ne manque pas non plus de s’inspirer de
modèles antiques dans ses décors et ses costumes, notamment ceux pour
Narcisse et Daphnis et Chloé. Pour L’Après-midi d’un faune, il
travaille étroitement avec Nijinski. La Danse grecque antique de
Maurice Emmanuel et les reliefs assyriens du Louvre inspirent
l’esthétique nouvelle de la chorégraphie du ballet. Quand éclate la
révolution, en 1917, la Russie se ferme aux Russes blancs, et donc aux
artistes des Ballets Russes.
Au même moment, Diaghilev se détourne peu à peu de ses décorateurs
russes pour demander aux artistes de l’avant-garde internationale de
travailler avec lui. Ainsi, lors de leur septième saison, le 18 mai
1917, les Ballets Russes créent Parade dans des décors et costumes de
Picasso. Ce spectacle constitue un tournant très important dans
l’esthétique de Diaghilev et l’histoire de la décoration scénique ; La
Boutique fantasque (1919), d’abord confiée à Léon Bakst mais finalement
décorée par André Derain, en est le symbole. Amplifiant les expériences
menées par Lugné-Poe au Théâtre de l’Oeuvre et par Jacques Rouché au
Théâtre des Arts et à l’Opéra, Diaghilev met donc fin définitivement au
monopole des « peintres-décorateurs » sur le décor de théâtre :
désormais, peintres de chevalet, sculpteurs et plasticiens dessinent
décors et costumes, et font du ballet l’un des rendez-vous des
avant-gardes.
Paris, Palais Garnier. Bibliothèque musée de
l’Opéra. Exposition Les Ballets Russes, jusqu’au 23 mai 2010.
Tous les jours de 10h à 17h.
Illustrations: Serge Diaghilev, Vaslav Nijinsky (DR)
Exposition Les Ballets Russes à la Bibliothèque Musée de l’Opéra
Le Palais Garnier accueille jusqu’au 23 mai 2010, une rétrospective
phare dédiée aux Ballets Russes, pour le centenaire de la Compagnie, à
l’affiche parisienne dès 1909. L’Opéra de Paris avait cependant refusé
de programmer la Compagnie de Diaghilev. Après son succès au Châtelet,
l’Opéra accueillit dès 1910, la féerie chorégraphique et symphonique
suscitée par Diaghilev…
Alors que le Ballet de l’Opéra rend hommage aux Ballets Russes,
dans le cadre du centenaire de leur première saison à Paris (1909), une
exposition leur est également consacrée à la Bibliothèque-Musée de
l’Opéra du 24 novembre 2009 au 23 mai 2010.
Entre leur création par Serge Diaghilev et la
mort de leur fondateur, en 1929, la compagnie des Ballets Russes donne
dix-neuf saisons de spectacles à Paris. Lancés au Théâtre du Châtelet,
les Ballets Russes remportent un succès immédiat et participent au
renouvellement du ballet classique grâce au style résolument moderne
des nouveaux chorégraphes tels Michel Fokine, Vaslav Nijinski, Leonide
Massine ou George Balanchine. De la même façon, les Ballets Russes de
Diaghilev suscitent de profondes mutations dans l’art du décor et du
costume de scène au début du XXe siècle. L’exposition propose une
centaine d’oeuvres parmi les plus importantes des collections de la BnF
sur les Ballets Russes, auxquelles s’ajoutent des pièces
exceptionnelles provenant de prêts institutionnels et privés. Conçue
comme une rétrospective des spectacles de cette compagnie, l’exposition
met surtout en avant les réalisations scénographiques : ainsi les
maquettes de décors et de costumes provenant des collections du
secrétaire de Diaghilev, Boris Kochno (acquises par dation, en 2002,
par la Bibliothèque-Musée de l’Opéra).
De Diaghilev à Nijinsky

« mécène sans argent » ainsi qu’il aime à se qualifier, il organise
différentes manifestations à Paris entre 1906 et 1908 avant de proposer
au public parisien, en 1909, une saison de ballets au Théâtre du
Châtelet. En dépit du triomphe que connaissent ses spectacles,
Diaghilev doit assumer un manque à gagner financier qui met en péril
l’avenir de l’entreprise. Sur le plan diplomatique, l’aventure
artistique de ce fauteur de troubles trop moderniste gêne les autorités
officielles: un rapport est envoyé à la cour de Russie pour que cet «
impresario amateur » soit éloigné de Paris. Mais Diaghilev négocie avec
ses créanciers. Il obtient que la Compagnie puisse donner une nouvelle
série de représentations, l’année suivante, cette fois à l’Opéra, en
1910.
La deuxième partie de l’exposition est consacrée au danseur Vaslav Nijinski
et au décorateur Léon Bakst, qui joue un rôle central dans les choix
artistiques de la compagnie à ses débuts. Grand collectionneur d’art
asiatique, Bakst fait d’innombrables références à l’Orient dans les
décors et costumes des différents ballets du répertoire de la compagnie
de Serge Diaghilev : Cléopâtre, Shéhérazade ou encore L’Oiseau de feu.
Bakst, « obsédé par la Grèce antique jusqu’au délire », selon le
décorateur Alexandre Benois, ne manque pas non plus de s’inspirer de
modèles antiques dans ses décors et ses costumes, notamment ceux pour
Narcisse et Daphnis et Chloé. Pour L’Après-midi d’un faune, il
travaille étroitement avec Nijinski. La Danse grecque antique de
Maurice Emmanuel et les reliefs assyriens du Louvre inspirent
l’esthétique nouvelle de la chorégraphie du ballet. Quand éclate la
révolution, en 1917, la Russie se ferme aux Russes blancs, et donc aux
artistes des Ballets Russes.

russes pour demander aux artistes de l’avant-garde internationale de
travailler avec lui. Ainsi, lors de leur septième saison, le 18 mai
1917, les Ballets Russes créent Parade dans des décors et costumes de
Picasso. Ce spectacle constitue un tournant très important dans
l’esthétique de Diaghilev et l’histoire de la décoration scénique ; La
Boutique fantasque (1919), d’abord confiée à Léon Bakst mais finalement
décorée par André Derain, en est le symbole. Amplifiant les expériences
menées par Lugné-Poe au Théâtre de l’Oeuvre et par Jacques Rouché au
Théâtre des Arts et à l’Opéra, Diaghilev met donc fin définitivement au
monopole des « peintres-décorateurs » sur le décor de théâtre :
désormais, peintres de chevalet, sculpteurs et plasticiens dessinent
décors et costumes, et font du ballet l’un des rendez-vous des
avant-gardes.
Paris, Palais Garnier. Bibliothèque musée de
l’Opéra. Exposition Les Ballets Russes, jusqu’au 23 mai 2010.
Tous les jours de 10h à 17h.
Illustrations: Serge Diaghilev, Vaslav Nijinsky (DR)