vendredi 19 avril 2024

Dominique Fournier: la passion prédominante de Janine ReissEditions Actes Sud (janvier 2013)

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La passion prédominante de Janine Reiss
Janine Reiss: La voix humaine
par Dominique Fournier

Passion prédominante (… passion predominante…)… Comme Leporello dans Don Giovanni relate à Elvira ce qui excite au plus haut point la frénésie de son maître Don Giovanni : sa passion prédominante pour les jeunes damoiselles (air du catalogue), l’auteur reprend la formule pour souligner la passion de Janine Reiss pour … la voix humaine.
Une dévotion même souveraine qui la conduit à travailler avec les plus grands chanteurs, participer aux opéras les plus ambitieux aux côtés des chefs les plus renommés dont… Karajan, Maazel, Ozawa, Levine. Justement, la claveciniste, pianiste et maître de chant s’engagea particulièrement, entre autres, pour le fameux Don Giovanni de Joseph Losey, (1978) faisant répéter soucieuse d’articulation comme d’intonation juste, les grands interprètes de l’heure, à la fin des années 1970: Ruggero Raimondi, Kiri Te Kanawa, Teresa Berganza, Edda Moser… Epoque bénie qui voyait diffusé au plus grand nombre par le truchement du cinéma, un certain âge d’or du chant mozartien.


Une vie pour l’art vocal

En couverture, une photo où Janine Reiss pose comme une diva: de fait à défaut de chanter, la magicienne du chant vocal savait tout obtenir d’une voix prometteuse, délivrant un enseignement et des conseils dont les cantatrices fameuses ont su tirer profit: aux côtés des déjà nommées et non des moindres, Maria Callas, Jessye Norman, Régine Crespin ; même Placido Domingo ou Luciano Pavarotti furent ses  » élèves  » attentifs…

L’auteur récapitule sa carrière à l’époque de Rolf Liebermann et de Karajan; Reiss représente très vite malgré sa discrétion naturelle et fine, un nouveau standard de perfection vocale qui assure à la préparation des chanteurs, un niveau de prononciation et d’approfondissement des rôles, incontournables dans les années 1970 et jusqu’au début des années 2000: muse et pilier artistique de Liebermann puis de Gall à l’Opéra de Paris, Janine Reiss s’efface peu à peu à partir de l’avènement de Gérard Mortier à Paris. L’auteur dévoile quelques aspects de son enseignement devenu légendaire (seconde partie de l’ouvrage). La trame du texte et le contenu reprennent la matière d’émissions radiophoniques que les deux personnalités, auteur et pédagogue, eurent l’occasion de réaliser pour France Musique, en 2007 et 2008.

Janine Reiss témoigne, se raconte (sous forme de propos rapportés), évoque les années d’accomplissement au service des productions ambitieuses ou pour les studios: Carmen, Mélisande, Manon (de Massenet) n’ont aucun secret pour cette subtile psychologue (ses jugements sur chaque héroïne sont une source d’informations voire de révélations pour la compréhension de chaque personnage sur la scène…). Proche de Karajan, de Levine, de Callas ou de Domingo, Janine Reiss rappelle la délicatesse et la discipline qui forge la magie des voix humaines et divines.
Réserve: le texte a peut-être manqué de relecture approfondie: il comporte des fautes, des répétitions et des erreurs (Le Dialogue des Carmélites, au lieu de Dialogues des Carmélites, page 90).

Tout cela n’ôte rien à la qualité et l’intérêt du texte initial où se précise le travail d’une orfèvre du chant, en particulier français.

La passion prédominante de Janine Reiss. La voix humaine par Dominique Fournier. Editions Actes Sud. Parution : janvier 2013. 160 pages. ISBN 978-2-330-01543-5. Prix indicatif : 17,00€

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