Le 25 septembre 2006 marque le centenaire de la naissance de Dimitri Chostakovitch. L’année Mozart bat son plein. En sera-t-il de même pour le plus grand compositeur russe du XX ème siècle ? A en croire les innombrables concerts, cycles musicaux, filmographies proposés ici et là, au regard des magazines et documentaires diffusés à la télé, le second semestre devrait satisfaire l’attente des curieux et des spécialistes.
L’œuvre est immense mais elle suit une ligne progressive parfaitement identifiable : musiques de films, opéra (un seul ouvrage lyrique, « Lady Macbeth » qui valu à son auteur, les foudres de Staline), surtout symphonies et quatuors. Autant de formes choisies qui correspondent précisément à l’évolution du style, qui sont en liaison avec les positions de l’homme vis-à-vis du pouvoir soviétique.
Un compositeur, c’est un témoin de son temps : ni plus ni moins. Qu’on veuille ou non charger le dossier Chostakovitch, en faire un compositeur complaisant, voire ambitieux, surtout après la mort de Staline, au sein de l’appareil politique du Parti, il reste l’un des chroniqueurs de son temps les plus passionnants. Aux heures sombres de l’URSS, pendant la guerre contre l’envahisseur nazi, pendant la terreur stalinienne, puis dans les années 1960, aux instants non moins héroïques de la guerre froide, Chostakovtich exprime les tensions, les contradictions et l’espoir d’un peuple opprimé. Ce qui nous parle aujourd’hui directement, c’est l’expérience assumée d’un humaniste de plus en plus accablé par l’idée de la mort.
Reste une œuvre foisonnante, dont la puissante exaltation tragique, parfois sarcastique voire parodique, nous laisse méditatifs. Beaucoup de zones d’ombre obscurcissent encore le tableau, et de nombreuses pistes d’analyse et de compréhension, se précisent peu à peu. L’enjeu du centenaire 2006 ne serait-il pas justement de démêler enfin doutes et incertitudes, d’éclairer la part de sincérité d’une oeuvre façonnée comme un témoignage ?
L’actualité de Chostakovitch en septembre et en octobre est riche.
1. Télévision
Arte consacre l’un des opéras les plus aboutis du compositeur russe.
Lady Macbeth de Mzensk, soirée opéra
Samedi 11 novembre
Le centenaire de Chostakovich sur ARTE
2. Concerts
De nombreuses salles de concerts mettent à l’honneur les symphonies de Chostakovitch.
(notre calendrier ci-après n’est pas exhaustif : il met l’accent sur nos coups de coeur)
Les 22 et 23 novembre
Symphonie n°10, avec Lady Macbeth (cinq entractes) et le concerto pour piano (Cédric Tiberghien, piano).
Salle Pleyel. Orchestre de Paris, direction : Mstislav Rostropovitch
Cycle « Chostakovitch et la musique russe »
Salle Pleyel, du 15 novembre 2006 au 30 mai 2007
Le 10 janvier 2007 :
Symphonie n°11, « l’année 1905 ». Orchestre de Paris, direction : Yakov Kreisberg
Le 30 mai 2007 :
Symphonie n°7, « Leningrad ». Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi
Le 18 février 2007
Symphonie n°11, « l’année 1905 ». Auditorium Rainier III, Monaco
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, direction : Yakov Kreisberg
3. Discographie
Parmi les récentes publications, saluons l’intégrale des 15 Symphonies (+ Jazz suites n°1 et 2) par Mariss Jansons. Le cycle qui regroupe des enregistrements étalés dans le temps, de 1988 à 2005, avec huit orchestres parmi les plus prestigieux (Wiener Phlharmoniker, Berliner Philharmoniker, Oslo philharmonic orchestra, Pittsburg symphony orchestra, Saint-Petersburg philharmonic orchestra…) est l’événement discographique de la rentrée. En affirmant l’affinité du chef avec l’univers chostakovien, le coffret de 10 cds, comprenant un livret à la haute qualité éditoriale, couronne les publications du Centenaire Chostakovitch. Lire notre critique du coffret Chostakovitch paru chez Emi
Lire aussi notre critique des Symphonies de guerre (n°4 à 9) par Valéry Gergiev, coffret paru chez Philips
Lire aussi notre critique des mélodies et de Lady Macbeth (Chung), cofret paru chez Decca
Lire aussi notre critique des Symphonie n°7 « Leningrad » par Kurt Masur et l’Orchestre national de France, 1 cd paru chez Naïve.
Approfondir
Lire aussi notre dossier spécial Dimitri Chostakovitch.