Cauchemar à Venise
Polar musical de Jean-Luc Annaix et Michel Arbatz
Pascal Vandenbulcke, direction
Qui veut la peau d’Antonio Vivaldi, directeur musical à l’Ospedale della Pietà?
Le renom du violoniste et compositeur virtuose suscite envie et jalousie, en particulier quand est annoncé un concert prestigieux où sont attendues les têtes couronnées de l’heure…
Venise, début du XVIIIe siècle. Tout à la préparation de son prochain concert où il devrait présenter ses Quatre Saisons (s’il achève le Printemps…), le prêtre roux est loin de connaître les intrigues qui se trament autour de sa personne. En quelques heures, sa vie bascule et prend l’allure d’une véritable descente aux enfers. Le nom même de Vivaldi pourrait bien tomber dans les oubliettes du temps…
C’est alors qu’entre en scène Caesare Goldone, redoutable inspecteur de la prévôté de Venise. Admirateur de Vivaldi, le justicier tente de débrouiller l’écheveau d’un sinistre complot ourdi par les ennemis du plus célèbre compositeur vénitien. Une course contre la montre s’engage alors pour sauver ce qui peut l’être…
« Sous ses allures de polar burlesque et bouffon, Cauchemar à Venise développe – l’air de rien – des sujets toujours d’actualité : les rapports entre l’art et l’argent, les démons indomptables du désir, le thème du double et d’autres encore. En privilégiant le rire, en favorisant la fusion du chant, de la musique et du théâtre, c’est à un divertissement noble que l’on convie tous les publics. » Jean-Luc Annaix
Angers, Grand Théâtre
les 10, 11 et 12 février 2011 à 20h
Polar vivaldien
Auteur passionné par le théâtre, le directeur artistique et fondateur de la compagnie ThéâtreNuit, Jean-Luc Annaix s’intéresse à la Venise d’Antonio Vivaldi. En s’appuyant entre autres sur l’excellent ouvrage éponyme de Patrick Barbier (La Venise de Vivaldi), le dramaturge offre un hommage trépidant, entre théâtre et musique au Pretre Rosso dont le profil exalté et baroque se prête à une course poursuite dans Venise.
A l’Ospedale de La Piètà, Vivaldi et ses élèves musiciennes s’apprêtent à donner l’un des concerts les plus attendus de la Cità. Déjà les convives prestigieux, têtes couronnées de toute l’Europe, ont payé leurs places à prix d’or. C’était sans compter les manigances de deux malfaiteurs peu scrupuleux, prêts à tout pour dérober la recette astronomique…
Construit comme un polar, empruntant à la BD sa vitalité et son rythme; à l’opéra, ses figures et tempéraments hauts en couleurs, le spectacle respecte le rythme effréné des partitions vivaldiennes. Jean-Luc Annaix reprend la création d’une performance entre théâtre et musique, mais il renouvelle son approche en abordant un sujet historique.
Entre théâtre musical et comédie déjantée, ThéâtreNuit mêle très habilement fantaisie et références historiques. Chacun et le plus large public y (re)découvrira l’univers étonnant d’Antonio Vivaldi, être excité et superactif, génie mélodiste, habité par la furià des notes.
La réussite des auteurs tient aussi à la création de caractères irrésistibles, souvent saisissants par leurs drôleries et leurs délires: évidemment le rôle travesti de l’intendante de La Piètà, Dona Priora (Michel Hermouet), l’inspecteur Goldone (Cyrille Duriez), sans omettre Maureen Diot (l’élève chanteuse ou soeur Alma) et Vivaldi lui-même (Fabrice Redor), qui joue aussi son double crapuleux. Acteurs et chanteurs, les interprètes donnent vie à leurs personnages en relevant le défi de leur double activité, entre chant et comédie.
Cauchemar à Venise décrit les affres d’un compositeur génial soumis à la manipulation de deux bandits (convaincante Christine Peyssens dans le rôle masculin du gredin Lucio Maseratti). On rit beaucoup tout en s’immergeant dans la Venise baroque de Vivaldi. Pour ses 30 ans, Théâtre Nuit ne pouvait offrir spectacle plus divertissant et fin, pour séduire un très large public.