L’Opéra au Cap
(Afrique du Sud)
Arte
Lundi 7 juin 2010 à 22h30
Tannhäuser sur une route africaine... le documentaire est construit comme un roadopéra, où la jeunesse des acteurs (en majorité noirs ou métis) et leurs talents vocaux restent fascinants. Ces jeunes blacks sillonnent les provinces d’Afrique du Sud pour susciter la passion du chant lyrique: ils incarnent au-delà des critères de couleur de peau, l’espoir culturel d’une nation qui se relève encore après l’Apartheid.
Les meilleurs espoirs lyriques de la ville du Cap (Kapstadt), en Afrique du Sud, tournent une fois par an dans tout le pays. Il s’agit de trouver de nouveaux publics et aussi susciter des vocations en repérant les grandes voix de demain… C’est un test d’endurance pour les jeunes apprentis chanteurs et aussi une nouvelle façon de sensibiliser les futurs partenaires… Après une soirée de gala destinée à récolter des fonds pour le grand tour, les interprètes se préparent au marathon tremplin de leur début de carrière.
Leur résistance à ce régime de choc se compte en milliers de kilomètres parcourus (en minibus) et aussi dans leur capacité à porter un programme dense fait de plusieurs versions d’opéra, réduites (chant/piano), d’animations d’atelier auprès de jeunes…
Chant métissé du Cap (Kapstadt)
Régions reculées, rencontres grâce à la magie de la voix… tous ces jeunes d’Afrique du Sud incarnent les espoirs lyriques de demain : ils sont 8 voix prometteuses âgés de 25 ans, tous étudiant à l’Université du Cap… verra-t-on bientôt émerger parmi leurs rangs, une nouvelle Jessye Norman ou un nouveau Luciano Pavarotti? C’est le voeu que partagent les nombreux organisateurs de cette odyssée des chanteurs d’opéra noirs.
Même en dépit de la fin de l’apartheid, les conflits sociaux persistent. Pourtant l’accès à l’opéra s’est démocratisé depuis les années 90: tout un chacun peut désormais assister à l’opéra quand hier seule l’élite blanche y était invitée.
Au pied de la montagne de la table, les Sud Africains cultivent leur enthousiasme pour le lyrique. Le Centre culturel « Artscape » à Kapstadt, abrite les locaux de la troupe de l’opéra (dirigé par Michael Williams). Depuis 1979, c’est la seule institution d’Afrique qui programme une saison lyrique! Pour ses 30 ans (1979-2009), la maison qui compte un auditorium interdisciplinaire de plus de 1400 places, fête son histoire et les promesses qui se profilent avec l’essor de la nouvelle génération de chanteurs noirs encore en apprentissage… Le métissage est un combat permanent: dans le public et aussi dans la troupe de professionnels. Choeurs d’Eugène Onéguine, air de Mimi, bel canto puccinien, verdien,… toutun chacun se frotte au répertoire occidental.
Pendant 2 ans, les jeunes chanteurs sélectionnés sont accompagnés dans un cycle de professionnalisation qui comprend cours et représentations publiques. Dans un pays où la culture est financée par le mécénat privé, les jeunes blacks chantent les grands opéras romantiques et classiques de l’histoire européenne, Mozart, Wagner, Tchaïkovsky… avec un feu et un tempérament très prometteurs. La passion du chant illumine la participation des élèves en tournée: c’est aussi un plaisir partagé avec un public dont beaucoup de spectateurs pratiquent le chant au sein des très nombreuses chorales du pays.
Le voyage traverse les 9 provinces qui constitue le pays dont la surface regroupe la France, l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche réunies… de Springbok à Upington (Cap du Nord, Northern cap),puis de nombreuses autres points de destination, la caméra suit le périple lyrique. La beauté des paysages, l’engagement des jeunes chanteurs, leur passion communicative, font la valeur de ce documentaire à l’improbable issue, dans le seul pays d’Afrique où les noirs peuvent désormais chanter l’opéra…
Documentaire. Réalisation : Ralf Pleger (2010, 53mn)
