Bayreuth 2010 France Musique, les 13, 14, 15 août 2010 à 18h

Bayreuth 2010 sera-t-il un bon cru ? Le festival wagnérien qui bien que récepteur de la tradition du maître vénéré et dirigé par les 2 filles du récemment disparu Wolfgang (lui-même petit fils du compositeur) peine à convaincre les plus critiques : c’est que depuis longtemps les grands chanteurs ont déserté la Colline verte, laissant pour seuls délices locaux, la somptuosité reconnue, attractive, d’un orchestre (qui ne se voit pas) et l’outrance ici et là décalée mais trop rarement pertinente des mises en scène de plus en plus mordantes. Voyez celle des Maîtres Chanteurs signée par la plus jeune des deux directrices, Katharina (32 ans), désormais co-régente locale avec sa demi-sœur Eva (sexagénaire) : la surenchère des effets faciles n’entendent-ils pas, ici comme ailleurs, renouveler misérablement la tradition scénique du lieu légendaire. Quand nombre de festivals s’ingénient à créer leurs académies (de chant, de danse, d’orchestre…), on s’étonne que le vœu de Cosima : fonder une école de chant wagnérien à Bayreuth, n’ait jamais pu se réaliser !

France Musique en août diffuse 3 opéras de Wagner en différé de Bayreuth session 2010:

Vendredi 13 août 2010 à 18h
Lohengrin (enregistré le 25 juillet 2010) avec Jonas Kaufmann (Lohengrin), Annette Dasch (Elsa)… Andris Nelsons, direction

Samedi 14 août 2010 à 18h
Parsifal (enregistré le 29 juillet 2010), avec Christopher Ventris
(Parsifal), Detlef Roth (Amfortas), Susan Mclean (Kundry)… Daniele
Gatti, direction

Dimanche 15 août 2010 à 18h
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (enregistré le 2 août 2010). Avec
James Rutherford (Hans Sachs), … Sebastien Weigle, direction

Mais l’art vocal wagnérien n’est pas celui que l’on croit. Il faut de l’endurance, de la finesse, de la puissance et un talent expressif redoutable pour incarner Parsifal, Kundry, Amfortas, sans omettre Tristan, Isolde, Mark, Tannhäuser ou Lohengrin… Où sont les Birgit Nilson, John Vickers, Lauritz Melchior, Max Lorentz d’aujourd’hui ? Les tempéraments actuels ne manquent pas tels Waltraud Meier, Placido Domingo, Falk Truckmann, Jonas Kaufmann…
Créer cette école lyrique bayreuthienne suppose d’abord de trouver d’excellents pédagogues, eux-mêmes anciens chanteurs reconnus et expérimentés. Pourtant ils pourraient être nombreux s’ils étaient de bons pédagogues. Et notre époque n’est pas si différente de celle où à Vienne, un certain Mahler et son complice, Alfred Roller, de 1897 à 1907, pendant le Jugenstil, produisaient au Staatsoper, des spectacles exemplaires tant par leur cohérence scénique et visuelle que l’intelligence des chanteurs. Même les metteurs en scène d’aujourd’hui disposent de davantage de moyens, souvent empruntés au cinéma… budget de production à l’appui.

Quel futur pour Bayreuth ?

Difficile pourtant de séduire et susciter l’enthousiasme unanime car avant il y eut des scénographies enchanteresses signées par exemple de Wieland Wagner (le frère de Wolfgang) dont le dépouillement fut un écrin applaudi pour valoriser les plus belles voix de l’heure. Aujourd’hui, l’absence de grands chanteurs est plutôt compensée par la surenchère de fausses idées théâtrales… Or le festival de Bayreuth pourrait connaître le virage que l’on sait si… les meilleurs chanteurs s’y produisaient davantage. Réussir des productions de chanteurs et non plus de metteurs en scène : ce juste retour à la musique et au chant serait une évidence, pourtant loin d’être partagée par les grands festivals lyriques dans le monde… La tyrannie de l’image et du visuel a déjà trop produit ses ravages. Gageons qu’une nouvelle ère artistique vienne et commence à produire ses premiers effets à Bayreuth cet été.
Première avancée ( ?) le 26 juillet qui voit la prise de rôle locale du ténor prometteur dans Lohengrin, Jonas Kaufmann. D’autant que le nouvel heldenténor a déjà enregistré Lohengrin dans un récent dvd paru chez Decca. Les grands amateurs, devront attendre un Tristan déjà incontournable : celui en 2015 de Christian Thielemann (mise en scène de Katharina Wagner). Si vous aviez décidé d’y assister, il est trop tard : il faut attendre 10 ans pour s’offrir Bayreuth … dans l’espoir que votre demande ait été prise en compte à temps.
Vous pouvez encore vous réconforter en visionnant en streaming certaines productions sur le net. Mais cd et dvd sont aussi annoncés de façon systématique chaque année chez l’éditeur Opus Arte. Et pour l’année du centenaire de la naissance en 2013, Bayreuth affiche les opéras de jeunesse tels Les Fées (que le Châtelet à Paris a révélé au public français), La défense d’aimer, Rienzi (dont la représentation fut si déterminante pour un certain Adolf, convaincu ensuite que l’œuvre de Wagner préfigurait tout son programme politique… L’affiche en 2013 des opéras de jeunesse de Wagner est d’autant plus attractive qu’ils sont traditionnellement peu ou pas du tout joués sur la Colline Verte. C’est donc à un retour aux sources que nous conviera le festival de Bayreuth 2013. Mais nous en reparlerons.

Radio

Vendredi 13 août 2010 à 18h
Lohengrin (enregistré le 25 juillet 2010) avec Jonas Kaufmann (Lohengrin), Annette Dasch (Elsa)… Andris Nelsons, direction

Samedi 14 août 2010 à 18h
Parsifal (enregistré le 29 juillet 2010), avec Christopher Ventris
(Parsifal), Detlef Roth (Amfortas), Susan Mclean (Kundry)… Daniele
Gatti, direction

Dimanche 15 août 2010 à 18h
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (enregistré le 2 août 2010). Avec
James Rutherford (Hans Sachs), … Sebastien Weigle, direction

France Musique comme pour Sablé et La Chaise Dieu, retransmet plusieurs soirées depuis Bayreuth. Au programme les opéras de la maturité : Lohengrin, Parsifal, Les Maîtres Chanteurs… Dommage cependant que la radio française n’ait pas choisi aussi de diffuser le Ring 2010 dont l’audition aurait permis de mesurer la tenue bayreuthienne dans le cycle le plus ambitieux de Wagner, depuis une certaine approche assez molle mais équilibrée de Thielemann, aujourd’hui disponible en un coffret cd édité chez Opus Arte.