BERG, BEETHOVEN, BRAHMS à LYON… Sonorité lumineuse, jeu précis et lyrique, entre tension et détente, le violoniste Frank Peter Zimmermann est l’interprète idéal du Concerto «à la mémoire d’un ange» d’Alban Berg. L’œuvre se glisse dans ce programme entre le sombre Coriolan de Beethoven, et la printanière Symphonie n°2 de Brahms, …
Soit un programme en forme de triptyque spectaculaire et prometteur sous la baguette de David Afkham, chef principal et directeur artistique depuis plus de dix ans de l’Orchestre national d’Espagne. L’ange de ce Concerto poétique, éperdu, c’est Manon Gropius, fille du fondateur du Bauhaus, l’architecte Walter Gropius et d’Alma Schindler (veuve du chef et compositeur Gustav Mahler). Manon meurt en 1935, à l’âge de 18 ans. Touché par sa disparition, Berg lui dédie son Concerto pour violon encore submergé par le chagrin, et aussi la beauté de celle qu’il aimait comme sa fille.
Avant de poursuivre avec la 2è Symphonie de Brahms, l’Orchestre National de Lyon souffle la tension tragique, dans l’ouverture de concert « Coriolan » d’un Beethoven à la fois héroïque et noble.
Les instrumentistes lyonnais abordent ensuite « la plus souriante des symphonies de Brahms » qui surnommait son opus, telle sa «suite de valses». Une partition hautement oxygénée, souriante et radieuse même, capable de balayer toute ombre et toute douleur… mais qui n’en est pas moins, passion brahmsienne oblige, d’une profondeur préservée.
Symphonie n°2 de BRAHMS… Noblesse, majesté, sérénité. L’écriture symphonique remonte dans la carrière de Brahms au milieu des années 1850, quand le jeune compositeur (17 ans), esquisse déjà ce que sera sa Première Symphonie, (achevée en 1876, après l’écriture de ses Variations sur un thème de Haydn). La deuxième Symphonie est conçue en 1877, le compositeur est alors âgé de 44 ans…
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ORCHESTRE NATIONAL DE LYON
Ven. 14 mar 2025 à 20h
Sam. 15 mar 2025 à 18h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Auditorium Orchestre National de Lyon :
https://www.auditorium-lyon.com/fr/saison-2024-25/symphonique/memoire-ange
1h30 + entracte (20 min). Grande Salle
Programme
Ludwig van Beethoven
Ouverture Coriolan, 9 min
Alban Berg
Concerto pour violon «à la mémoire d’un ange», 28 min
Johannes Brahms
Symphonie n° 2, en ré majeur, op. 73, 45 min
avant-concert
Concert avant-scène le vendredi à 19h : les jeunes talents du CNSMD de Lyon proposent un prélude musical une heure avant le concert. Grande salle, entrée et placement libres sur présentation du billet de concert (durée : 30 minutes).
approfondir
SYMPHONIE n°2 de JOHANNES BRAHMS… d’une ferveur néo mozartienne
La partition est contemporaine de son Concerto pour violon. Avant de commencer l’écriture de ses deux dernières Symphonies, Brahms, fixé à Vienne depuis 1862, dirige la Société des Amis de la musique de Vienne jusqu’en 1875. Il rencontre Dvorak en 1878 et l’encourage à poursuivre sa carrière de compositeur, enfin écrit son chef-d’oeuvre, le Deuxième Concerto pour piano et orchestre en 1881. Les Troisième puis Quatrième Symphonies suivent le sillon tracé par son Concerto pour piano: ses derniers opus
symphoniques l’occupent de 1883 à 1885. Brahms opère une synthèse entre les grands romantiques qui l’ont immédiatement précédé, de Beethoven, Schubert et Schumann, mais il revisite aussi les anciens dont Haydn. Hans Richter dirige la création à Vienne, le 30 décembre 1877. Amorcée dès la fin de la Première Symphonie, la partition de la Symphonie n°2 est dans sa majorité écrite pendant l’été 1877 que Brahms passe en Carinthie (à Portschach sur le Wörtersee). L’engouement pour l’oeuvre est immédiat et supérieur à sa Symphonie précédente. La séduction du premier mouvement d’un entendement plus facile, a favorisé son succès.
PLAN. Allegro non troppo: Les cors imposent la coloration d’ensemble: noblesse, majesté, sérénité. Même si le caractère de valse du second thème souligne l’allant et l’énergie lyrique, l’écriture de Brahms n’en demeure pas moins liée à un sentiment sombre et grave en rapport avec sa filiation nordique (Brahms est né sur la façade septentrionale de l’Allemagne: à Hambourg, port ouvert sur la Baltique). Adagio ma non troppo: voilà, le mouvement lent le plus réussi de l’univers brahmsien. L’orchestration préserve le dialogue entre les pupitres: cordes et bois. Allegretto grazioso, quasi andantino: ici, s’impose simplement l’esprit de la danse (de nature populaire comme un ländler) dont le souci de la variation, énoncée de façon dynamique, rappelle Beethoven. Allegro con spirito: l’ample développement du finale atteste ce désir et ce sentiment d’équilibre qui ont inauguré le premier mouvement de la Symphonie. Proche pour certains analystes, de la Symphonie Jupiter, l’oeuvre exhalerait un souffle éminemment classique, voire « un sang mozartien ».
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