CD, critique. HANDEL Atalanta, HWV35 (McGegan, 2005 – 2 cd Philharmonia Baroque). Quel rafraĂźchissement stimulant apporte aujourdâhui le collectif rĂ©uni et portĂ© par le chef Nicholas McGegan, en Californie (Berkeley), lequel inspirant ses troupes outre-Atlantiques du Philharmonia Baroque (orchestre et chĆur), sâingĂ©nie Ă dĂ©fendre une vision gorgĂ©e de verve et de franche sincĂ©ritĂ©, Ă mille lieues des directions franco-françoises, souvent trop cĂ©rĂ©brales et corsetĂ©es qui ont oubliĂ©es depuis des dĂ©cennies de dictat en tous genres, lâesprit du Baroque : son caractĂšre certes discursif mais surtout improvisĂ©. La libertĂ© du geste telle quâelle est aujourdâhui dĂ©fendue par McGegan incarne une direction pour nous salutaire dans lâinterprĂ©tation baroque, dâautant que depuis les annĂ©es 1990/2000, nombre de chefs autoproclamĂ©s experts en la matiĂšre, distille chacun un systĂšme et un type directionnel bien identifiable et parfaitement mĂ©canisĂ©. Faisant oubliĂ©, la caractĂšre essentiel de la rĂ©volution baroqueuse dĂ©fendue depuis les annĂ©es 1970, lâaudace, le risque, lâexpressionnisme. A croire que lâintensitĂ© dĂ©fricheuse des Harnoncourt et Malgoire, puis Jacobs et Goebel, ⊠est devenue lettre morte.
Nicholas McGegan :
le souffle nouveau, revivifiant du Baroque
venu de Californie
Rien de tel avec le Britannique McGegan qui grĂące Ă une politique avisĂ©e de publications discographiques, entretient la mĂ©moire de son approche avec un discernement et une activitĂ© constante que beaucoup peuvent lui envier. D’emblĂ©e, c’est la preuve de la vitalitĂ© du courant et de l’interprĂ©tation baroque en CALIFORNIE…
Voyez cette ATALANTA enregistrée à Berkeley (Californie), en septembre 2005.
PASTORALE AMOUREUSE... La partition a Ă©tĂ© rarement jouĂ©e et cette rĂ©surrection complĂšte, trĂšs historiĂ©e, fait tout le mĂ©rite du chef. Créée le 12 mai 1736 – avec feu dâartifice final, pour cĂ©lĂ©brer les noces du Prince de Galles et de la princesse Augusta de Saxe-Gotha, lâĆuvre est ici enregistrĂ©e sur le vif et comme « chauffĂ©e », aprĂšs une sĂ©rie de reprĂ©sentations scĂ©niques donnĂ©es auparavant au Göttingen Handel Festival. McGegan officie avec un instinct vĂ©ritable, une intuition de lâinstant qui aiguise lâacuitĂ© des accents et rĂ©ussit la caractĂ©risation des personnages de cette Arcadie lyrique. SĂ©duire une beautĂ© glaçante est un dĂ©fi souvent relevĂ© qui honore dâautant mieux celui qui sort victorieux ; ainsi lâhistoire lĂ©guĂ©e par la mythologie grecque, celle dâAtalante, qui au prĂ©alable dĂ©daigne les avances du beau MĂ©lĂ©agre (le frĂšre de DĂ©janire), prĂ©fĂ©rant les plaisirs de la chasse aux dĂ©lices plus subtils de lâamour⊠Mais voilĂ , pendant la chasse du monstrueux sanglier de Calydon, Atalante et MĂ©lĂ©agre croisent leurs regards.
En maĂźtre des passions humaines, chasseur / rĂ©vĂ©lateur du sentiment enfoui, HaĂ«ndel sait dĂ©velopper le vertige profond, en particulier celui qui inspire Ă Atalante (trĂšs convaincante Dominique Labelle) son grand monologue du II (« âLassa! châio tâho perduta »), oĂč la jeune chasseresse exprime son trouble et ses tiraillements car elle comprend quâelle se ment Ă elle-mĂȘme, foudroyĂ©e en vĂ©ritĂ© par le jeune MĂ©lĂ©agre. Il est vrai que face au MĂ©lĂ©agre, toute tendresse et sĂ©duction de la seconde soprano, Susanne RydĂ©n, tout cĆur ne saurait demeurer de pierre⊠lâoptimisme lumineux du timbre renforce lâattractivitĂ© du jeune guerrier.
Aux cĂŽtĂ©s des amoureux principaux, lâassemblĂ©e des bergers tel Aminta (excellent Michael Slattery) et son aimĂ©e Irene (superbe air, plein de juvĂ©nile ardeur : « Come alla tortorella », parfaite et sensuelle CĂ©cile van de Sant) enrichit la partition dâune myriade dâĂ©motions vraies dont Haendel a le secret.
Le Philharmonia Baroque Orchestra dĂ©montre dâĂ©tonnantes affinitĂ©s dans lâart dâornementer et de caractĂ©riser, selon le souci de fluiditĂ© et dâĂ©loquence, de dramastisme et dâĂ©lĂ©gance, souhaitĂ© manifestement par le chef. VoilĂ qui surclasse Ă©videmment sa premiĂšre approche de lâoeuvre de Haendel, qui remonte Ă 1984 avec une Ă©quipe bien moins engagĂ©e et ciselĂ©e.
âââââââââââââââââââââââââââââââââââââââââââââââââ
CD, critique. HANDEL Atalanta, HWV35 (McGegan, 2005 – 2 cd Philharmonia Baroque)
Distribution
Dominique Labelle, soprano
Susanne Ryden, soprano
Cecile van de Sant, mezzo-soprano
Michael Slattery, tenor
Philip Cutlip, baritone
Corey McKern, baritone
Philharmonia Chorale â Bruce Lamott, director
Philharmonia Baroque Orchestra
Nicholas McGegan, conductor
Philharmonia Baroque Productionsâą
Achetez ce cd édité par le label fondé par Nicholas McGEGAN
https://philharmonia.org/product/handel-atalanta-2/