OPERAVISION, Ven 29 juil 2022, 19h. VERDI : Ernani. Noble, fugitif, Ernani est lâamant dâElvira ; mais celle-ci, beautĂ© fatale, est convoitĂ©e par son propre tuteur (Silva), ainsi que par Don Carlo, le roi dâEspagne (ce dernier inspirera un opĂ©ra entier en français, Don Carlos). Le drame inspirĂ© de la piĂšce de Victor Hugo (1830) est créé Ă La Fenice, Ă Venise, en 1844. Verdi sâimpose alors comme le gĂ©nie de la scĂšne lyrique : apte Ă brosser le souffle de scĂšne historique (le couronnement de Charles Quint Ă la cathĂ©drale d’Aix-la-Chapelle) comme Ă exprimer la complexitĂ© trouble des passions humaines individuelles. A travers les 3 hommes qui gravitent autour dâElvira, Verdi traite dans leur spĂ©cificitĂ© expressive, chacune des 3 tessitures viriles : le tĂ©nor, un jeune amoureux souffrant – Ernani. La basse, un vieil Ă©goĂŻste sans pitiĂ© – de Silva. Le baryton, une figure plus complexe dĂ©chirĂ©e entre tendresse et violence, complaisance et idĂ©alisme – Don Carlo.
DRAME ESPAGNOL… Au XVIĂš (1519), en Espagne, le rebelle Ernani (ex Don Juan dâAragon) est pourchassĂ© par le Roi de Castille Charles (le futur empereur Charles Quint) qui aime la mĂȘme femme, Elvira laquelle doit Ă©pouser son oncle, le vieux Silva. Alors que le Roi a emmenĂ© Elvira avec sa suite, Silva et Ernani signent un pacte pour sauver la jeune femme (fin du II) : au son du cor que fait retentir Silva, Ernani se donnera la mort pour sauver celle quâil aime. Mais Devenu Empereur, Carlo se dĂ©die et pardonne en souverain clĂ©ment : Ernani et Elvira peuvent se marier (acte III)⊠le soir des noces, le cor de Silva retentit : hĂ©ros naĂŻvement loyal, Ernani se poignarde (acte IV). La fin dâErnani a des accents tragiques exacerbĂ©s, permettant que se rĂ©alise dans la scĂšne finale, la terrible vengeance â une trame proche de celle du TrouvĂšre dâailleurs (opĂ©ra qui se passe Ă©galement en Espagne), refermant lâhaleine funĂšbre de ce roman gothique noir comme les aimait Hugo.
Dans les somptueux costumes de la production d’Hugo de Anna, la distribution du Teatro dell’Opera di Roma rĂ©unit Angela Meade, Francesco Meli, Evgeny Stavinsky et Ludovic TĂ©zier.
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VOIR Ernani de Verdi depuis lâOpĂ©ra de Rome : Meli, TĂ©zier,… dĂšs le 29 juil 2022, 19h :
https://operavision.eu/fr/performance/ernani
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Distribution
Ernani : Francesco Meli
Don Carlos : Ludovic Tézier
Don Ruy Gomez De Silva : Evgeny Stavinsky
Elvira : Angela Meade
Giovanna : Marianna Mappa
Don Riccardo : Rodrigo Ortiz
Jago : Alessandro Della Morte
Choeurs et Orchestre du Teatro dellâOpera di Roma
Direction musicale : Marco Armiliato
Mise en scĂšne : Hugo De Ana
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LIRE aussi notre COMPTE-RENDU, critique, opĂ©ra. LYON, le 6 nov 2019. VERDI : Ernani. F. Meli⊠Orch et chĆur de lâopĂ©ra de Lyon, Daniele Rustioni. Avant une production scĂ©nique trĂšs attendue de Rigoletto en mars prochain (2020), le cycle Verdi se poursuit avec un Ernani en version de concert de trĂšs haute volĂ©e. La direction de Daniele Rustioni fait encore mouche face Ă une distribution dominĂ©e par un exceptionnel Francesco Meli.
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-opera-lyon-le-6-nov-2019-verdi-ernani-f-meli-orch-et-choeur-de-lopera-de-lyon-daniele-rustioni/
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2 ans aprĂšs le succĂšs de Nabucco Ă la Scala de Milan (mars 1842) Verdi est acclamĂ© de mĂȘme par les vĂ©nitiens heureux dâapplaudir le nouveau drame lyrique Ernani, Ă©crit pour La Fenice (mars 1844), premier opus destinĂ© Ă la scĂšne lagunaire : le compositeur composa ensuite La Traviata au retentissement nettement moins fracassant. Avec Ernani, inspirĂ© de la piĂšce de Hugo de 1830, drame spectaculaire et historique comme scrupuleux et efficace, le jeune Verdi amorce une sĂ©rie dâouvrages nerveux, aux rĂ©fĂ©rences clairement patriotes dont lâardeur juvĂ©nile adaptĂ©e au sujet de conquĂȘte et dâamours Ă©prouvĂ©s, galvanise lâenthousiasme des spectateurs. Ce sont ses fameuses annĂ©es de galĂšre, apportant succĂšs et aussi travail forcenĂ© en particulier avec le librettiste Francesco Maria Piave, complice pour une dizaine dâopus lyriques. Verdi, gĂ©nie de la mĂ©lodie partage avec Piave un sens trĂšs affĂ»tĂ© du drame : il recherche avant tout des situations habilement brossĂ©es qui approfondit toujours la psychologie de ses personnages.
Horreur tragique dâaprĂšs HugoâŠ
Au centre de lâintrigue, Elvira est le sujet du dĂ©sir de trois hommes : Ernani (tĂ©nor), le Roi dâEspagne Carlo (baryton), son oncle Silva (basse), vieillard abusif (prĂ©figuration de Luna du TrouvĂšre amoureux de la jeune Leonora). Dâailleurs Ă partir du trio Elvira, Ernani, Silva soit la trinitĂ© verdienne soprano tĂ©nor / baryton / basse, se prĂ©cise peu Ă peu une typologie dramatique que le compositeur affinera peu Ă peu Ă travers ses opĂ©ras suivants : toujours la soprano et le tĂ©nor sont Ă©troitement attirĂ©s lâun par lâautre, une fusion remise / contrariĂ© par la prĂ©sence du baryton, soit que ce dernier soit le tuteur ou le pĂšre de la jeune femme (Rigoletto, Boccanegra, AĂŻda, La TraviataâŠ) soit quâil soit comme ici le rival grisonnant du jeune tĂ©nor (Le TrouvĂšre, Don CarloâŠ).