mardi 16 avril 2024

Blandine Verlet joue François Couperin (2011) 2 cd Aparté. Coup de coeur de la Rédaction cd de classiquenews

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cd, compte rendu, critique
François Couperin par Blandine Verlet

cd coup de coeur de la rédaction cd de classiquenews.com (mai 2012)

Gravité, solennité voire lenteur discursive, jamais sèche ni strictement explicative, mais toujours articulée et superbement aérée; Blandine Verlet maîtrise tout ce qui fait la singularité inouïe de François Couperin, égal d’un Bach, monstre vénéré du clavier royal. En enregistrant à nouveau son cher Couperin, frère, maître, modèle, la claveciniste française rend un nouvel hommage (novembre 2011), tissé dans l’étoffe la plus investie, d’une évidente profondeur, dévoilant de non moins indiscutables affinités, d’autant plus exacerbées, colorées, riches, troublantes qu’il s’agit aussi, à ce temps de la « carrière », ou plutôt, en cet instant de l’expérience, d’un nouveau témoignage remarquablement abouti: offrande élective mais également maestrià dans l’art de toucher un instrument, certes des plus enivrants.


l’âme de Couperin, révélée

Ce Henri Hemsch de 1751 est une pure merveille de sonorités cristallines et lunaires, chaudes et rondes… un rêve de facture réconciliant baroque, classicisme, romantisme: dans la plénitude de son spectre sonore, le message de François Couperin nous paraît plus moderne et actuel que jamais; pas au piano, mais au clavecin sur lequel les doigts enchantés de la claveciniste fait jaillir la langue souple, fluide, allusive dont la vérité nous touche tant.
Blandine Verlet sélectionne les Septième et Huitième Ordres du Deuxième Livre de 1716-1717, auxquels elle ajoute, les 25è,26è et 27è ordres du Quatrième Livre de 1730.
A la clarté architecturée des 8 sections du Septième Ordre, où se distingue ce toucher caressant, enfantin des Petits Ages, le jeu tout en nuances de la magicienne, fait couler le miel traversé d’équilibre et de visions apolliniennes du Huitième Ordre: onirisme scintillant des danses successives (nostalgie sans apprêts des Courantes, de la Gavotte, Gigue, Passacaille… une délicatesse bienheureuse et apaisée… à la Watteau).
Même accomplissement délectable et irrésistible dans le Quatrième Livre de 1730: la nostalgie se nourrit encore de références et correspondances tissées dans ce même voile pudique des hommages et des secrètes filiations; tour à tour tout au long des 14 épisodes choisis extraits du Quatrième Livre, c’est le coeur et l’âme de Couperin que la claveciniste fait paraître, au carrefour d’une sensibilité allusive qui sait détecter les multiples plis et replis d’une écriture ciselée dans l’intimité et l’intériorité, la nostalgie mais jamais le regret; dès La Visionnaire, le jeu de Blandine Verlet palpite au diapason d’un art de l’évocation vivant, superbement animé, présent. Cet acte de présence, cette promesse faite à la vie, dépasse tout ce que nous avions écouté jusque là au clavecin: merci à vous, chère Blandine Verlet de rétablir le lien si ténu et toujours si rare, entre art et vérité. En d’autres termes comment demeurer insensible ou étranger à ces Ombres errantes? A l’espoir qui naît et grandit peu à peu dans l’esprit de La Convalescente? Et toujours, à chaque commencement, s’entend votre respiration, élan intime pour que prenne vie et mouvement la langue de l’immense Couperin. Que de finesse et de profondeur dans Les Pavots, où se précisent souvent comme ailleurs, la révérence au XVIIè siècle… Couperin, trop sensible? Votre jeu nous le rend si proche et si juste.

Le double coffret est traversé par la grâce d’une interprète admirable. Coup de coeur de la rédaction cd de classiquenews.com (mai 2012).

NB: ne pas se fier au visuel de la pochette. Certes on comprend que la claveciniste ait choisi un portrait peint qu’elle affectionne probablement… mais cette touche lourde, terreuse voire pâteuse , ce chromatisme rougeoyant et saturé, dessinant un profil hyperréaliste guère idéalisé n’est pas l’argument le plus attractif pour un disque de cette hauteur de vue et si fulgurant par sa subtilité. Le choix de ce portrait ne laisse pas de nous interroger: grossière erreur marketing qui en rebutera plus d’un… et de surcroît bien mal cadré !

François Couperin (1668-1733): Septième et Huitième Ordres du Deuxième Livre de 1716-1717; 25è,26è et 27è ordres du Quatrième Livre de 1730. Blandine Verlet, clavecin Hemsch 1751. 2 cd Aparté. Enregistrement réalisé en novembre 2011 en Belgique. Réf.: AP036. CD1: 1h. CD2: 56mn.

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