Poitiers, TAP. Concert symphonique : Mendelssohn, Beethoven. Mardi 25 novembre 2014, 19h30.  AprĂšs lâOrchestre national de Bordeaux Aquitaine (programme Rachmaninov du 16 novembre 2014), voici un nouveau jalon symphonique lui aussi de la saison musicale 2014-2015 au TAP de Poitiers : place Ă lâorchestre en rĂ©sidence in Loco : Orchestre Poitou-Charentes sous la direction de son chef et directeur musical, Jean-François Heisser. Programme romantique sâil en est comptant Mendelssohn, Schumann et Beethoven dont lâadmirable Concerto pour violoncelle de Schumann opus 129. Le Songe dâune nuit dâĂ©tĂ© de Shakespeare a suscitĂ© au moins trois chefs-dâĆuvre de nature diffĂ©rente. La Fairy Queen de Purcell et lâopĂ©ra de Benjamin Britten, Ă©crits des siĂšcles plus tard, durent sâadapter aux conventions dramatiques de leurs Ă©poques respectives. Mendelssohn Ă©crivit, lui, une musique de scĂšne pour Ă©mailler la piĂšce de moments absolument féériques. ComposĂ© Ă peine plus tard, le Concerto pour violoncelle de Schumann est une Ćuvre tourmentĂ©e, passionnĂ©e, dont Marc Coppey a souvent dĂ©fendu les sombres mĂ©andres. Avec la 7e Symphonie, voici un Beethoven rayonnant et optimiste. LâĂ©nergie qui dĂ©borde de cette piĂšce ne se laisse jamais freiner, pas mĂȘme par le cĂ©lĂ©brissime Allegretto du deuxiĂšme mouvement. Pour la crĂ©ation en 1813, Beethoven Ă©tait Ă la baguette et parmi les musiciens de lâorchestre figuraient les compositeurs Meyerbeer, Salieri, Hummel et Spohr !
Concerto pour violoncelle de Schumann
A lâinvitation de lâOrchestre Poitou Charentes et du TAP, le soliste Marc Coppey joue le Concerto pour violoncelle de Schumann. Le Concerto en la mineur est composĂ© en octobre 1850, juste avant la Symphonie n°3 RhĂ©nane, dans une sĂ©quence dâexaltation et de pleine conscience dont le destin gratifia cependant Schumann (alors ĂągĂ© de 40 ans) pourtant trĂšs affectĂ© par des crises psychiques Ă rĂ©pĂ©tition. Les 3 parties du Concerto se succĂšdent sans pause aucune, en une continuitĂ© organique exaltante : lâivresse qui porte le dĂ©veloppement du premier mouvement Allegro alterne sĂ©rĂ©nitĂ© et Ă©nergie syncopĂ©e ; puis câest la pleine introspection distanciĂ©e mais tendre et sincĂšre de lâadagio indiquĂ© langsam, construit comme un lied (cantabile ample du violoncelle). Le Finale, Vivace synthĂ©tise la construction globale du doute et de lâombre vers lâĂ©blouissante lumiĂšre, du rĂ© mineur au la mineur. Jamais Schumann ne fut aussi franc dans cette oeuvre irrĂ©sistible qui porte en elle la clĂ© de sa nature double, frappĂ© par lâhumoresque spĂ©cifiquement germanique et la tragĂ©die lentement destructrice car il est rongĂ© de lâintĂ©rieur par un mal qui lâemportera en 1856 : optimisme Ă tout craint mais aussi sa face tĂ©nĂ©breuse, aspiration Ă la mort et anĂ©antissement irrĂ©versible.
Mendelssohn, Schumann, Beethoven
Orchestre Poitou-Charentes
Jean-François Heisser, direction
Marc Coppey, violoncelle
> Felix Mendelssohn : Le Songe dâune nuit dâĂ©tĂ© (Extraits)
> Robert Schumann : Concerto pour violoncelle en la mineur op. 129
> Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur op. 92